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Venezuela : vers un face à face tendu dans la nouvelle guerre froide entre Chine et Etats-Unis
©Yuri CORTEZ

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Juan Guaido, à la tête du Parlement vénézuélien contrôlé par l’opposition, s’est autoproclamé mercredi « président » plongeant ainsi le pays dans l'incertitude.

Jean-Jacques  Kourliandsky

Jean-Jacques Kourliandsky

Jean-Jacques Kourliandsky est chercheur à l’IRIS sur les questions ibériques (Amérique latine et Espagne). Consultant sur les situations relatives à ces régions auprès de l’administration publique et des entreprises, il intervient également auprès des Fondations Friedrich Ebert et Jean Jaurès en Amérique Latine. Membre du Comité de rédaction de La Revue internationale et stratégique, éditorialiste dans les publications mensuelles, Espaces Latinos et Revista Latina, il publie régulièrement dans Universalia, les Annales d’Amérique latine et des Caraïbes, et de façon occasionnelle dans divers ouvrages : Croissance, Réussir à l’étranger, Le Moci, Ramses…Jean-Jacques Kourliandsky est diplomé en sciences politiques et docteur en histoire.

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Atlantico :  En septembre dernier, Nicolas Maduro avait obtenu cinq milliards de dollars de la part de la Chine dans le cadre de plusieurs accords économiques. Dans quelle mesure le Venezuela peut-il devenir le théâtre d'une opposition, à l'odeur de guerre froide, entre Chine et Etats-Unis? 


Jean-Jacques Kourliandsky : La Chine est présente partout, elle est le partenaire principal du Brésil et du Pérou par exemple. Elle a aussi accordé un crédit à l'Argentine. Nous sommes en dehors de l'idéologie, la Chine est la deuxième puissance économique mondiale, elle rentre frontalement en concurrence avec les USA sur tous les terrains. Que ce soit l'Afrique, l'Asie, ou bien l'Amérique du Sud, les relations sont désidéologisées, là ou Pékin peut développer son influence, il le fait ! Après l'élection de Jair Bolsonaro au Brésil, les Chinois ont tout de suite fait savoir que cela ne changera strictement rien aux relations qu'ils entretiennent avec le pays. Depuis plusieurs dizaines d'années, il y a un "livre blanc" chinois pour l'Amérique Latine, le pays avec sa puissance financière est de plus en plus sollicité, autant qu'en Afrique d'ailleurs.

Dans le cas d'une confirmation de la prise de pouvoir de Juan Guaido, quelle réaction peut-on attendre de Pékin ?


Cela me parait improbable pour plusieurs raisons. La première, c'est que la situation est un coup d'état institutionnel, Guaido a beau sortir dans la rue, il n'a pas été élu. Sa seule légitimité est la reconnaissance qui lui a été accordée par les Etats-Unis. En outre Henrique Capriles (opposant à Maduro) a signalé, en parlant de Guaido, que ce n'était pas une "initiative institutionnellement acceptable". Mais cette crise est le reflet de la détérioration du respect des institutions au Venezuela, de la part de l'opposition comme de la part du gouvernement. Mais dans le cas où, effectivement, Guaido prendrait le pouvoir, la Chine ne modifierait pas sa ligne diplomatique vis-à-vis du pays, le commerce passe avant la politique. De plus, ce dernier a envoyé des messages à toutes les ambassades pour préciser que, s'il destituait Maduro, aucun changement ne seraient apportés aux accords déjà en place.


Inversement, quels sont les avantages que pourraient retirer les Etats-Unis de voir le Venezuela se "rapprocher" de Washington ? 


Il y a une bataille larvée entre la Chine et les Etats Unis dans le monde entier, cependant jusqu'à présent l'Amérique Latine était la chasse gardée des USA, c'est en train de changer. Les Américains voient leur influence reculer de plus en plus, ils sont concurrencés par de riches investisseurs chinois. Le Venezuela a le potentiel de devenir le plus gros producteur de pétrole au monde dans les prochaines années, l'enjeu est fondamental ! Cela dit le pays, même avec Chávez à sa tête, n'a jamais cherché à rompre totalement avec les Etats-Unis, qui sont le principal acheteur du pétrole vénézuélien. Si un rapprochement était opéré, il y aurait sans doute un rajustement des traités pétroliers. Hugo Chávez, malgré son antiaméricanisme de parole, n'a jamais fermé le robinet du pétrole pour l'Oncle Sam. La société pétrolière nationale (PDVSA) dispose de raffineries sur le sol américain, c'est la vache à lait de l'économie vénézuélienne, pour cette raison, il faut bien distinguer le discours politique des actes économico-commerciaux. 

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