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Usain Bolt, ce champion qui était fainéant : "plus jeune, je faisais tout mon possible pour éviter l'entraînement"
©Reuters

Bonnes feuilles

L'athlète revient sur son parcours sportif et sur son destin extraordinaire. Sextuple champion olympique, quintuple champion du monde et détenteur de trois records du monde au sprint, il témoigne des coulisses des grandes compétitions internationales. Extrait de "Usain Bolt, plus rapide que l'éclair" (2/2).

Usain Bolt

Usain Bolt

Usain Bolt est le plus illustre représentant de l'école jamaïquaine du sprint. En 2008, âgé d'à peine 22 ans il a été désigné comme l'homme le plus rapide du monde.

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Malgré l’éducation stricte de mon père, j’étais fainéant. Je n’étais pas enthousiaste pour  m’entraîner. Je ne me suis jamais fait violence. Je m’appuyais sur mon talent pour effectuer mes séances d’entraînement sans forcer. Prendre le départ et courir suffisait pour que je gagne un championnat scolaire, mais mon manque d’effort signifiait que je ne progressais pas. Les trophées et les distinctions dissimulaient de sérieux points faibles. Avec mon cou mollasson et mes genoux qui montaient trop haut, je ne ressemblais vraiment pas à un sprinteur.

Malgré mes victoires, je n’étais toujours pas capable d’encaisser les heures d’entraînement, surtout sur 400 mètres. Le travail pour le 200 mètres était difficile, mais pas tuant. J’avais seulement à faire des séries de 300 et 350 mètres. Ces exercices pénibles d’endurance qu’effectue tout athlète qui prépare la saison à venir s’appellent « entraînement foncier ». Cela procure la force et la condition physique pour courir plus longtemps à des vitesses élevées lors d’une course. Ça assure aussi un bon niveau de forme de base, et, si l’on se blesse durant la saison, on ne repart pas de zéro à la reprise.

Pour le 400 mètres, le foncier était complètement différent. Je devais répéter des séries de 500, 600 et 700 mètres. Ça me paraissait impossible, et je vomissais souvent sur la piste après les séances. Je suppliais le coach de me laisser évacuer cette souffrance. J’avais aussi des exercices de musculation très difficiles pour développer la puissance de mes jambes. Un de mes coachs les plus exigeants était une sorte d’adjudant du nom de M. Barnett. Un type vraiment épouvantable. Il nous faisait faire sept cents abdominaux par jour. Sept cents ! Le pire, c’était que tous les athlètes devaient les faire en même temps et que, si l’un d’entre nous flanchait, il nous faisait tous recommencer à zéro.

« Laisse tomber, m’étais-je dit. Je ne peux pas supporter ça. »

Dès lors, je faisais tout mon possible pour éviter l’entraînement, surtout les séances de foncier ou les séances de torture de M. Barnett.

À vrai dire, je considérais la course à pied comme un jeu plutôt que comme la raison de mon entrée à William-Knibb. À douze ans, je séchais les entraînements du soir à l’école pour aller à Falmouth, tout près, jouer avec des copains aux jeux vidéo dans une galerie commerciale. Le propriétaire des lieux s’appelait Floyd, et son installation était modeste : quatre Nintendo, soixante-quatre consoles de jeu et quatre télévisions. Jouer coûtait un dollar jamaïcain la minute, et l’argent que j’y consacrais était celui que ma mère me donnait pour le déjeuner. Super Mario Kart et Mortal Combat étaient mes jeux préférés ; j’y passais tout mon temps, et le soir j’avais mal aux mains d’avoir tenu trop longtemps la manette.

Mes bêtises m’ont rapidement valu des problèmes. Quand ma mère ou mon père me demandait comment s’était passé l’entraînement, je ne leur disais jamais que j’avais séché. Je haussais les épaules et faisais comme si j’avais travaillé très dur – un bâillement ou deux donnaient généralement le change. Mais la rigolade s’est vite arrêtée quand une cousine a cafté. Elle venait de s’installer dans un quartier proche de la salle de jeux et savait que mon père ne voulait pas que j’y traîne. À peine m’avait-elle repéré y entrant qu’elle s’est précipitée pour le rapporter à mes parents, et mon père m’a infligé une sacrée raclée au martinet. J’étais fou de rage. J’ai été privé de galerie, et l’entraîneur en chef – un ancien sprinteur olympique nommé Pablo McNeil – a essayé de m’expliquer l’importance de l’entraînement.

« Tu réussis des chronos phénoménaux, Bolt, m’a-t-il dit. Si tu t’y mets sérieusement, imagine ceux que tu pourrais établir ! »

Extrait de "Usain Bolt, plus rapide que l'éclair", par Usain Bolt, (Arthaud éditions), 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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