Une sonde de la NASA pénètre pour la première fois l’atmosphère du Soleil et voilà ce que nous pourrions apprendre <!-- --> | Atlantico.fr
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L'astrophysicien de l'Université de Chicago, le Dr Eugene Parker, écoute les responsables de la NASA sur le projet de sonde solaire, le 31 mai 2017.
L'astrophysicien de l'Université de Chicago, le Dr Eugene Parker, écoute les responsables de la NASA sur le projet de sonde solaire, le 31 mai 2017.
©SCOTT OLSON / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / GETTY IMAGES VIA AFP

Prouesse technique

La sonde Parker est entrée pour la première fois dans l’atmosphère extérieure du Soleil. La sonde va pouvoir observer des phénomènes que d’autres télescopes et engins ne peuvent pas bien percevoir.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : Envoyée par la NASA il y a trois ans, la sonde solaire Parker est entrée à plusieurs reprises dans la couronne solaire s’approchant de plus en plus de notre étoile pour en percer les mystères. Quelle est la mission de cette sonde ? Comment une telle prouesse technique est-elle possible ?

Olivier Sanguy : Pour être exact, la NASA estime que c’est lors de son huitième passage proche du Soleil, le 28 avril 2021, que la sonde Parker est pour la première fois entrée dans la couronne solaire considérée comme la haute atmosphère de notre étoile. Elle était alors à seulement 10,4 millions de kilomètres de la surface de Soleil (la photosphère qu’on observe en lumière visible, mais attention uniquement avec les précautions adéquates comme des instruments spécifiques équipés de puissants filtres, le risque étant sinon de perdre la vue). L’analyse des données récoltées a permis de confirmer cette grande première. L’engin continue de passer ainsi au plus près environ tous les 5 mois et sa trajectoire a été étudiée pour à l’avenir réduire encore cette distance. À titre de comparaison, la Terre est à 150 millions de kilomètres du Soleil, donc Parker Solar Probe était le 28 avril dernier 15 fois plus près de l’astre du jour que nous ! Cette proximité est justement au cœur de la mission de la sonde puisque l’idée est d’effectuer ainsi des mesures impossibles à accomplir en étant plus éloigné. Comment y parvient-on ? Pour le principal en protégeant la sonde avec un bouclier thermique en composite de carbone de 11,4 cm d’épaisseur. La face tournée vers le Soleil subit jusqu’à 1370°C alors que, derrière, les différents équipements de la sonde ne dépassent pas une trentaine de degrés. Les panneaux solaires, en revanche et au regard de leur position latérale, peuvent monter à 130°C mais ont été conçus pour supporter cette température.

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Quelles ont été les découvertes majeures de cette sonde ? Au-delà du soleil, ses analyses nous permettent-elles de mieux comprendre notre système ?

Parker Solar Probe avait déjà signé une découverte importante en ce qui concerne le vent solaire. Il s’agit d’un flux de plasma, très chaud, composé d’ions et d’électrons au sein duquel les champs magnétiques jouent un rôle primordial. Ceci était connu, mais la sonde Parker a mis en évidence des fluctuations importantes et soudaines de la direction du champ magnétique appelées switchbacks en anglais, soit reculs. En effet, le champ magnétique semble se replier au point de pointer à l’inverse en direction du Soleil. Ces événements peuvent durer de quelques secondes à plusieurs minutes. À plus long terme, grâce aux données de la sonde Parker, les scientifiques espèrent aussi comprendre pourquoi la couronne est bien plus chaude que la surface du Soleil. La température de la photosphère comme on l’appelle est environ de 6000°C, alors que celle de la couronne solaire atteint 1 à 2 millions de degrés ! Tout notre Système solaire est soumis à l’activité de notre étoile, donc la comprendre, c’est aussi saisir dans quel environnement baignent les planètes, les astéroïdes, les comètes, etc.

Pourquoi mieux comprendre l’évolution du soleil et son fonctionnement peut-il nous aider à prévenir son impact sur la planète Terre ?

Il s’agit là de la notion de météo spatiale ou Space Weather en anglais. Notre planète, comme toutes les autres, baigne dans le vent solaire. Surtout, lorsque notre étoile connaît des sursauts d’activités, elle émet des éruptions, voire des éjections de masse coronale. Ces particules chargées peuvent atteindre la Terre avec des conséquences plus ou moins fortes en dépit du champ magnétique terrestre qui nous protège. La plupart du temps, ce sont les satellites qui en font les frais et leurs opérateurs prennent des mesures (mise en veille partielle et temporaire par exemple) afin de minimiser les pannes. Parfois pour les événements les plus violents, les effets se font ressentir au sol avec des perturbations des réseaux électriques. On cite souvent la panne du réseau québécois de 1989 qui priva d’électricité 6 millions de personnes pendant plusieurs heures. Cette panne a pour origine une surcharge du réseau en raison d’une tempête solaire de grande ampleur. Les scientifiques ont démontré à plusieurs reprises que notre infrastructure technologique, que ce soit pour la distribution d’électricité ou les réseaux de communication et informatiques, était fragile face aux éruptions solaires importantes. Ils furent assez peu écoutés jusqu’au jour où la facture de telles perturbations fit l’objet d’évaluations. On parle de plusieurs dizaines à centaines de milliards de dollars, voire plus, en raison des effets en cascade induits. Parker Solar Probe n’a cependant pas pour but de surveiller le Soleil et nous prévenir d’une éruption importante. En revanche, les tempêtes solaires mettent plusieurs jours à nous parvenir et c’est là que la mission de cette sonde va nous aider. Les données récoltées permettront aux spécialistes du Soleil de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre et ainsi de mettre sur pied des modèles prédictifs plus performants. Dit plus simplement, la météo spatiale sera plus exacte, nous donnant l’opportunité de voir venir plus à l’avance les colères de notre étoile afin que les procédures de protection des satellites et des réseaux au sol soient mises en œuvre à temps. Il est à noter que l’effort est international et que les agences spatiales se partagent les données et avancées en la matière. Par exemple, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) mène la mission Solar Orbiter et il est prévu de combiner les mesures obtenues avec celles de Parker.

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