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Une récession planétaire s’annonce. Que faire pour s’en protéger en France ?
©©Reuters

Choc à venir

Avec une économie qui dépend principalement des exportations et les effets de la guerre en Ukraine, l'Union Européenne pourrait être particulièrement touchée par cette récession

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue est professeur d'économie à l'université de Lille. Il est le co-auteur avec Stéphane Ménia des livres Nos phobies économiques et Sexe, drogue... et économie : pas de sujet tabou pour les économistes (parus chez Pearson). Son site : econoclaste.net

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Atlantico : Certains économistes anticipent une récession globale dans les semaines ou mois à venir. Quels sont les indices de cela ?

Alexandre Delaigue : Il y a une série de facteurs qui, de fait, ont provoqué un appauvrissement de nombreuses personnes à travers le monde. On subit un choc durant lequel de nombreux produits deviennent plus chers, ce qui appauvrit les gens. Cela entraîne une évolution des comportements qui se manifeste par une récession. L’appauvrissement vient d’abord de la fin des soutiens économiques de la période Covid. S'ensuit toute une série de blocages dans divers domaines avec de nombreuses chaînes de valeurs mondiales qui ont du mal à redémarrer, ce qui fait augmenter les prix. A cela s’ajoute un énorme coup supplémentaire avec la guerre en Ukraine à la fois dans ses conséquences directes mais aussi à cause des sanctions. Les prix de l’énergie, de l'alimentation de base augmentent, etc. Et le choc d’appauvrissement passe par une récession. 

Y a-t-il des choses à faire pour limiter la récession ou du moins ses dégâts ? Notamment en France ? 

Les mécanismes macroéconomiques que l’on connaît sont limités face à ce genre de choses. Soit les gouvernements créent du déficit, leur propre demande, afin de compenser la réduction des dépenses des ménages. C’est par exemple ce que fait le gouvernement français avec des subventions directes aux ménages pour compenser la hausse des prix du carburants. Le problème, c’est que les gouvernements sont dans une situation où ils ont beaucoup soutenu l’économie et s’apprêtaient plutôt à de la consolidation budgétaire. Donc cela réduit les possibilités d’action. L’inflation peut donner un peu d’espace budgétaire à l’Etat, à condition qu’il ne prenne pas trop de mesures derrière.

L’autre moyen est la voie monétaire. Mais les banques centrales sont paralysées par l’inflation. Dans un contexte inflationniste, elles doivent plutôt essayer de lutter contre l’inflation, avec une politique monétaire restrictive. Certains disent qu’une économie plus administrée serait une solution, mais c’est assez peu crédible.

Est-ce que maintenir les taux d’intérêts de la BCE à leur niveau actuel pourrait permettre d’éviter d’aggraver la situation, si ce n’est l’améliorer ?

C’est difficile pour un banquier central. Dans cette situation, il prend le risque d’avoir une inflation qui devient enracinée, qui rentre dans les anticipations et qui requiert par la suite une politique restrictive bien plus forte plus tard. La configuration est relativement similaire à celle des années 1970 où les banques centrales voyaient de l’inflation mais ne voyaient pas de possibilité pour agir, ce qui a entraîné des politiques très restrictives à partir de 1981, avec un coût économique et social élevé. Dire qu’il suffit de ne rien faire n’est pas si simple. Même si la BCE n’a pas augmenté ses taux, il y a un impact, pour les prêts immobiliers par exemple. 

La France peut-elle faire quelque chose pour limiter les effets du phénomène dans l’hexagone ? Au niveau étatique ou individuel ?

L’un des avantages de la France, c’est sa moindre dépendance au commerce extérieur. Donc le budget de l’Etat, avec un déficit élevé, pourrait avoir une chance d’amoindrir l’impact d’une réception. C’est beaucoup plus dur pour les pays dépendants des hydrocarbures et produits énergétiques russes, comme l’Allemagne.

A titre individuel, les Français ne peuvent pas faire grand-chose si ce n’est moins utiliser leur voiture pour réduire l’impact sur leurs revenus. Ils peuvent aussi négocier leurs salaires, peut-être y aura-t-il une hausse générale pour répondre à la situation, mais cela reste très hypothétique. Ceux qui auront le plus la capacité de faire passer la charge sur d’autres s’en sortiront mieux.

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