Une nouvelle étude britannique confirme que l’usage des réseaux sociaux chez les adolescents mène à une moindre satisfaction dans la vie<!-- --> | Atlantico.fr
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D'après une étude britannique, plus les filles âgées de 11 à 13 ans passent de temps sur les réseaux sociaux, moins elles sont susceptibles d'être satisfaites de leur vie un an plus tard.
D'après une étude britannique, plus les filles âgées de 11 à 13 ans passent de temps sur les réseaux sociaux, moins elles sont susceptibles d'être satisfaites de leur vie un an plus tard.
©OLIVIER DOULIERY / AFP

Bien-être

D’après une enquête menée au Royaume-Uni et publiée dans Nature Communications, plus les filles âgées de 11 à 13 ans passent de temps sur les réseaux sociaux, moins elles sont susceptibles d'être satisfaites de leur vie un an plus tard. Le constat est similaire pour les garçons âgés de de 14 à 15 ans.

Michael Stora

Michael Stora

Michael Stora est l'auteur de "Réseaux (a)sociaux ! Découvrez le côté obscur des algorithmes" (2021) aux éditions Larousse. 

Il est psychologue clinicien pour enfants et adolescents au CMP de Pantin. Il y dirige un atelier jeu vidéo dont il est le créateur et travaille actuellement sur un livre concernant les femmes et le virtuel.

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Atlantico : Selon une étude britannique publiée dans Nature Communications, plus les filles âgées de 11 à 13 ans passent de temps sur les réseaux sociaux, moins elles sont susceptibles d'être satisfaites de leur vie un an plus tard. Le constat est le même pour les garçons âgés de de 14 à 15 ans. Quelle est la nature du lien entre utilisation des réseaux sociaux et bien-être ?

Michael Stora : Il faut déjà savoir pourquoi un adolescent passe autant de temps sur les réseaux sociaux. C’est souvent lié à une stratégie d’évitement de pensées négatives. Cela peut être fait dans le but d’éviter l’ennui ou certaines tensions dans sa vie. C’est assez typique de cette période qu’est l’adolescence, qui est une période de fragilité narcissique puisque l’adolescent est en pleine construction de son image de soi. C’est une période où on quitte le regard parental pour se tourner vers le regard de ses pairs. Les réseaux sociaux appuient bien souvent sur la fragilité narcissique des individus, surtout chez les jeunes filles puisque nous sommes dans une société où les idéaux contribuent à envoyer une mauvaise image d’eux-mêmes aux adolescents. 

Comment expliquer cette différence de vulnérabilité vis-à-vis des réseaux sociaux à des âges différents en fonction du sexe ?

Cette problématique est liée à l’entrée dans l’âge de la puberté, qui est un processus physiologique, lié à un processus neurologique. Tous ces points sont déterminés par les hormones, qui sont dirigées par le circuit hypothalamique, donc le cerveau. L’âge d’entrée dans la puberté est plus précoce chez les filles que chez les garçons. Au collège, les filles veulent souvent correspondre à un modèle et suivre des effets de mode. Les garçons rentrent dans cette logique plus tard. Nous sommes encore dans une sorte d’injustice qui montre que la construction de soi passe très souvent à travers l’image de soi. 

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L’adolescence reste une période de fragilité. C’est une pathologie tout à fait normale. Évidemment, ils ne sont pas tous dans des problématiques de souffrance narcissique mais certains le sont plus que d’autres. Les réseaux sociaux donnent souvent aux plus jeunes une mauvaise image d’eux-mêmes. Les garçons sont plus souvent épargnés, puisque leur bonheur passe souvent par d’autres intérêts. Ils sont donc moins enclins à être focalisés sur une sorte d’anxiété sur leur apparence, même si ce phénomène est de plus en plus visible. Par exemple, les garçons vont de plus en plus tôt dans des salles de musculation. Les jeunes cherchent des repères et doivent se rassurer en fonction de leur centre d’intérêt. 

C’est un long mouvement, mais seule une certaine résistance qui vient de l’intérieur de ces réseaux pourra changer la donne. Si je disais aux adolescents de prendre du recul sur leur utilisation des réseaux sociaux, cela n’aurait pas de sens car leur construction identitaire passe par là. En revanche, on voit de plus en plus des influenceurs remettre en question le principe même de cette forme de tyrannie. Il faut bien rappeler qu’on s’épanouit en fonction de nos actes et non de notre apparence. Les adolescents utilisent beaucoup le second degré, qui est aussi une critique envers cet idéal mis en avant sur les réseaux sociaux.

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