Une alliance économique franco-allemande pour sauver la croissance en Europe<!-- --> | Atlantico.fr
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"Sans l’Allemagne, l’économie française serait dans une dépression plus profonde" selon Auton Börner.
"Sans l’Allemagne, l’économie française serait dans une dépression plus profonde" selon Auton Börner.
©Reuters

Tribune

"Sans l’Allemagne l’économie française serait dans une dépression plus profonde" selon Auton Börner, leader du Patronat allemand, cité par le Figaro du 23 Septembre.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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"Sans l’Allemagne l’économie française serait dans une dépression plus profonde" selon Auton Börner, leader du Patronat allemand, cité par le Figaro du 23 Septembre. Cette observation en appelle une autre. Sans une résurrection de la relation franco-allemande, organisant un parallélisme des réformes ou mesures à mettre en œuvre dans chacun de nos pays, une relance de la croissance et une baisse du chômage dans la zone euro et la Communauté européenne apparaissent comme incertaines.


Jamais depuis la fondation de la Communauté, le binôme franco-allemand n’a connu une telle utilité économique. En l’absence d’un redressement significatif, l’aversion pour une Europe ne répondant plus aux besoins matériels de ses populations, risque de devenir irréversible. Dans le contexte existant, l’inertie réformatrice de la France, en décevant les attentes suscitées par sa position de seconde puissance économique européenne, en fait le premier sujet d’inquiétude, l’endettement approchant de 100% du PIB et ne cessant de croitre. Ce constat a, déjà, provoqué les observations d’une agence de notation. Or toute augmentation du cout, extrêmement compétitif du refinancement de cette dette en accroissant son déficit excessif ébranlerait la position de seconde monnaie de réserve, après le dollar, de l’euro. Un contexte pervers serait créé mettant fin à tout espoir d’une relance, palpable, de la croissance.
Cette perspective, inacceptable, devrait conduire le Chef du Gouvernement à vouloir ressusciter une alliance franco-allemande, dès lors que l’avenir économique immédiat de l’Europe et le notre en dépendent. Madame Merkel sait que l’Allemagne se trouve dans une passe où sa croissance s’essouffle.
Manuel Valls connait la défiance croissante des français envers son Gouvernement, le Président de la République y a fait allusion au cours de sa Conférence de Presse du 18 Septembre.


Pour l’Allemagne, comme pour la France, un renversement de cette situation passe par une reprise de l’investissement. Chez nos voisins d’Outre-Rhin, la vétusté des infrastructures l’impose, mais la Chancelière s’y refuse. En France, la défiance des investisseurs ne peut être gommée que par un choc de confiance dont la mise en œuvre, à très brève échéance i.e., d’ici le 31 Décembre prochain, ferait oublier les réformes toujours annoncées mais jamais réalisées. Ces constats montrent que les éléments d’un compromis existent, les mesures à décider d’un côté pouvant être politiquement justifiées par celles annoncées par l’autre. Une justification plus large d’un tel processus découle de la conclusion qu’en l’absence d’une étroite coopération franco-allemande, au plan économique, l’Europe risque, comme cela a été le cas au Japon, de connaitre une longue stagnation économique. L’effort principal relève de la France, dont le secteur privé n’investira que si le Pouvoir émet un signal fort mettant en branle ce que le grand économiste anglais, Keynes, a qualifié "d’esprits animaux". La confiance est par essence un esprit animal, un intangible décisif.

Point n’est besoin d’aller chercher loin la décision capable de produire un tel choc, elle est déjà en discussion : le projet de modification des seuils sociaux.
Il suffirait, au Premier Ministre, d’annoncer qu’il est décidé à le faire aboutir et en assurer la mise en œuvre d’ici la fin de l’année. Ce coup de fouet donné à sa politique économique secouerait la France et l’Europe d’une manière susceptible de changer la donne. Notre pays apparaitrait comme un leader, dans le combat pour la relance de la croissance et la baisse du chômage, constat qui mettrait un terme à l’atmosphère décliniste chez nous et pessimiste ailleurs. Si, ce qui me semble hautement improbable, le Président et son Chef de Gouvernement étaient prêts à un tel retournement de leur politique économique et pensaient pouvoir, de cette façon, obtenir de Madame Merkel les investissements en Allemagne que la France souhaite, le problème deviendrait celui d’assurer le secret des négociations. Cet échange de bons procédés permettrait au Chef du Gouvernement de prétendre qu’il a obtenu de Madame Merkel une concession au niveau de l’investissement en Allemagne. A l’inverse, la Chancelière pourrait dire qu’elle a obtenu de la France un rééquilibrage de sa relation économique avec l’Allemagne et des reformes de structures mettant fin aux risques de déflation. L’avenir de la croissance en Europe serait assuré et de ce fait celui de l’Europe dans son cadre actuel.

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