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Un tiers des salariés français a peur d’être remplacé par des robots dans les 15 prochaines années
©John MACDOUGALL / AFP

Anticipation

La peur du robot est bien réelle dans le monde du travail, chez les jeunes de moins de 35 ans d’abord, puisque près de la moitié sont convaincus qu’ils risquent d’être supplantés par des robots.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Selon une étude réalisée auprès de 10.500 salariés à travers l’Europe, plus de 35% de salariés français pensent que leur emploi sera automatisé et qu’on aura plus besoin d’eux dans les 15 prochaines années.

Les plus jeunes sont les plus inquiets (49%), ceux qui travaillent dans les services financiers sont encore plus nombreux à être inquiets. A noter que la comparaison de la situation dans les différents pays de l’Union Européenne est lourde d’enseignement puisque c’est en Grande Bretagne où les salariés sont massivement les plus inquiets d’être condamnés par l’invasion des robots.

Cette étude a été commandée et publiée par Workforce View in Europe 2019 qui s’est spécialisée dans les comportements et l’état d’esprit des salariés face au monde du travail et leur attente vis à vis de leur environnement de travail. Les recherche terrain se sont déroulées en octobre 2018 dans huit pays de l’Union européenne : France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne, Suisse et Royaume-Uni.

Sur la France, l’inquiétude est partagée par 35 % des salariés, c’est énorme, d’autant que ceux qui ont perdu leurs emplois ne sont pas interrogés. Cela dit, la plupart de ceux qui ont répondu à l’enquête prennent les choses avec philosophie : à peine 6 % d’entre eux pensent que l’automatisation de leur emploi interviendra d’ici deux ans, et 14 % dans les 6 à 10 prochaines années. 

Les inquiétudes sont les plus fortes parmi les plus jeunes, avec 50 % des 16 à 34 ans redoutant de voir leur emploi automatisé au cours de la prochaine décennie, et 35 % des 35 et 44 ans qui partagent le même sentiment. Forcément moins concernés en raison de l’avancement dans leur carrière, seulement 21 % des personnes de plus de 55 ans appréhendent une automatisation au cours des dix prochaines années.

Alors l’état d’esprit est très diffèrent selon le secteur d’activité : les plus pessimistes sont les salariés des services financiers. 51 % des employés de banques ou d’assurances craignent de voir leur emploi remplacé au cours de la décennie à venir, tout comme 45 % des salariés de l’informatique et des télécommunications, ainsi que 45% de ceux évoluant dans les secteurs du marketing et des médias. Le contraste par rapport à d’autres secteurs est saisissant. Dans l’éducation par exemple ou la santé, on ne craint pas la révolution digitale ni même les robots. Les personnels de ces secteurs ne s’attendent pas à une automatisation de leurs métiers.

De tous les Etats européens qui ont été analysés, c’est en Angleterre où le niveau d’inquiétude de méfiance à l’égard des robots est le plus grand.

Le pourcentage de salariés qui pensent que leur travail sera automatisé et remplacé par un robot dans le futur est le suivant :

Royaume-Uni : 40%
France : 35%
Italie : 34%
Espagne : 28%
Pologne : 26%
Allemagne : 25%
Suisse : 24%

Si la Grande Bretagne arrive en tête te de ce triste hit parade, c’est sans doute parce que c’est le pays en Europe où la part des services financiers pèsent le plus lourd dans l’activité. Mais ça n’est pas la seule explication, la Grande Bretagne est aussi un des pays le plus fragile socialement et un des pays où l’industrie a été la plus touchée par la mondialisation et par les délocalisations. D’où sans doutele succès des courants populistes et protectionnistes. D’où aussi la pression pour le Brexit.

Le cabinet ADP, (Automatic Data Processing) qui a réalisé l’étude terrain pour Workforce view, et qui conçoit des meilleurs modes de travail grâce à des solutions fondées sur des services haut de gamme et des expériences propres à explorer au mieux le potentiel des collaborateurs de l’entreprise, considère selon son président en France Carlos Fontelas de Carvalho, que « la perspective de l’automatisation permet de réduire les tâches chronophages. Que « Les salariés sont certes conscients des nombreuses innovations qui transforment le monde du travail et de la multiplication aujourd’hui de métiers qui n’existaient pas il y a 10 ans... »

Mais, mais « en dépit de cette prise de conscience et du fait que de nouvelles tâches sont appelées à être automatisées, on ne peut pas ignorer que les niveaux d’optimisme et surtout la confiance des salariés en leurs compétences augmentent partout sur le continent. »

Si le pessimisme sur l’avenir du travail commande évidemment un énorme effort de la part des entreprises. Beaucoup consentent cet effort en terme d’organisation du travail, de mise en place de la RSE, la responsabilité sociale et environnementale, mais au-delà, étant donné que le problème touche l'ensemble des pays européens ; l’Union européenne n'échappera pas à une analyse globale de l'impact de l'automatisation progressive.

Si on répond au problème de la délocalisation des industries par une automatisation du travail, on n’aura fait que déplacer les difficultés. On aura toujours une partie des salariés qui se sentiront déclassés et abandonnés. L’envahissement des robots les exclura du monde du travail.

L’enjeu est considérable. Il touche à l’emploi, à la qualité de l’emploi. Par conséquent à la formation et à l’organisation du travail. Mais ce n’est pas tout, la robotisation impactera très vite la fiscalité et le financement du modèle social (santé, retraite, chômage ). Actuellement, le modèle social en Europe est financé par le travail (les cotisations), c’est sa grandeur et sa fragilité. Si demain le travail des hommes est remplacé par celui des robots, il faudra que les robots cotisent aux régimes sociaux. Quels changements !

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