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Un autre 11 Septembre
est-il possible ?
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Bis repetita ?

Célébrations ce week-end des 10 ans de la chute du World Trade Center le 11 Septembre 2001. Un drame comparable semble peu probable, mais les terroristes pourraient frapper différemment...

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe

François-Bernard Huyghe, docteur d’État, hdr., est directeur de recherche à l’IRIS, spécialisé dans la communication, la cyberstratégie et l’intelligence économique, derniers livres : « L’art de la guerre idéologique » (le Cerf 2021) et  « Fake news Manip, infox et infodémie en 2021 » (VA éditeurs 2020).

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Un second 11 Septembre ? Peu de gens soutiennent cette thèse en Europe. Sans même rappeler que les États-Unis ont déclenché deux guerres, dont une très visiblement absurde, pour prévenir cette éventualité, ou que jamais dans l'Histoire autant de pays n'ont déployé tant de moyens pour se protéger de quelques milliers d'hommes, ou que Ben Laden est mort (lui qui visiblement ne commandait plus grand chose), les raisons de se rassurer ne manquent pas.


Des terroristes aux moyens techniques limités, mais...

Nous avons déjà évoqué la plus évidente sur Atlantico : l'incapacité dans laquelle s'est trouvée la structure centrale d'al Qaïda d'organiser (ou de se voir attribuer) après 2005 (Londres) des attentats qui tuent beaucoup d'Américains ou d'Européens chez eux. D'où sa propension parallèle à revendiquer les attentats ratés qu'elle apprenait par les journaux.

Précisons bien "chez eux", car un soldat, un membre d'ONG ou un journaliste occidental court toujours des risques évidents en Irak, au Pakistan, au Yemen, etc..

Que "techniquement" la structure centrale d'al Qaïda ne soit plus capable de commanditer et d'organiser pendant des mois quelque chose d'aussi énorme que leur "exploit" de 2001, et que l'efficacité des services de police et de renseignement occidentaux ne soit pas nulle, cela semble logique. Il y a peu de chances que des organisations comme AQMI, qui a pourtant souvent menacé la France, aient jamais eu le "personnel compétent" ou le loisir pour accomplir une telle mission si loin de leurs bases.

En vertu du principe de précaution et en logique pure, nul ne peut certes exclure qu'il ne se prépare depuis des années un coup effroyable à Paris, Berlin ou Houston, à base par exemple d'armes radiologiques, biologiques ou chimiques introduites depuis longtemps. Mais, même si le principe dit du "cygne noir" veut que les événements les plus imprévus soient souvent ceux qui ont le plus de poids, peut ont croire à deux cygnes ? Nous ne doutons pas que des milliers de jihadistes ne rêvent d'une réédition spectaculaire, nous doutons qu'ils sachent, au vu de l'expérience des six dernières années.



11 septembre, connais pas

En revanche, une récente enquête d'al Jazira a montré que la moitié des New Yorkais craignait une répétition de l'attaque, ce à quoi ils sont encouragés par des déclaration sporadiques de leurs politiciens sur "second nine eleven", et par les niveaux d'alerte qui se relèvent plus souvent que la Bourse. Preuve, pour ceux qui en doutaient, que notre perception du danger est subjective.

À rapprocher des autres enquêtes selon lesquelles les Afghans ignorent pour la plupart ce que fut le 11 Septembre 2001, eux qui supportent depuis une présence militaire étrangère censée éviter la répétition de l'effroyable. La conjonction du renouvellement démographique et de la faible couverture médiatique du pays aboutit à ce paradoxe : nous les envahissons en vertu du principe "plus jamais ça", un "ça" ils ignorent souvent le quoi et le quand.

Enfin et surtout, posez vous la question : si j'étais un haut responsable jihadiste où mettrais-je la priorité ? Rééditer en mode mineur un "exploit" qui a déjà amené les Occidentaux en Irak et en Afghanistan et qui est indirectement à l'origine de la mort de peut-être 250.000 personnes ? Ou profiter de nouvelles opportunités du chaos libyen, de la chute des autocraties qui réprimaient l'islamisme en Tunisie et Égypte, et autres désordres ?

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