UMP : la stratégie Wauquiez 2014<!-- --> | Atlantico.fr
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Laurent Wauquiez entame ce dimanche 17 août l'ascension du Mont Mézenc.
Laurent Wauquiez entame ce dimanche 17 août l'ascension du Mont Mézenc.
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Gravir la montagne

Laurent Wauquiez entame ce dimanche 17 août l'ascension du Mont Mézenc. Si la portée est symbolique, à la veille de la bataille pour la présidence de l'UMP, il reste encore à prouver que sa stratégie de positionnement en faveur des idées de la Droite forte fera bien écho auprès des sympathisants, d'autant que ce terrain est déjà balisé par celui qu'il soutien à demi-mot : Nicolas Sarkozy.

David Valence

David Valence

David Valence enseigne l'histoire contemporaine à Sciences-Po Paris depuis 2005. 
Ses recherches portent sur l'histoire de la France depuis 1945, en particulier sous l'angle des rapports entre haute fonction publique et pouvoir politique. 
Témoin engagé de la vie politique de notre pays, il travaille régulièrement avec la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) et a notamment créé, en 2011, le blog Trop Libre, avec l'historien Christophe de Voogd.

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Atlantico : Laurent Wauquiez ouvre le bal de la rentrée politique en entamant dimanche 17 août l'ascension du Mont Mezenc. Le programme de cette journée a pour objectif de s'entretenir avec les militants sur les "principales questions d'actualité". Quelle est aujourd'hui la situation de la Droite Sociale, le courant qu'il a créé en 2012 ?

David Valence : Comme pour les autres courants, c'est assez difficile à savoir. Les plus dynamiques sont sans doute la Boîte à idées d'une part et la Droite forte, d'autre part. Dans les deux cas, il s'agit de courants organisés autour de personnalités qui n'ont pas encore de mandats nationaux, qui se battent sur le terrain des idées et à qui leur courant permet de s'affirmer comme des leaders potentiels. Laurent Wauquiez est évidemment dans une position très différente. Ancien ministre, il avait organisé autour de lui un courant, la Droite sociale, comptant de nombreux élus, un réseau moins "militant" aussi peut-être. Mais il semble surtout, aujourd'hui assez proche des thèses de la Droite forte. 

Ses positions eurosceptiques sur le plan économique, et anti-mariage homosexuel sur le plan social ont-elles vraiment une chance de séduire l'électorat au sein du parti ? A quel point une "Droite de Rupture" comme il le souhaite s'impose-t-elle ?

Laurent Wauquiez fait visiblement le pari que, pour contenir le Front national et revenir aux affaires, l'UMP doit incarner un discours clairement à droite, compréhensible de tous, et qui ne soit surtout pas trop timoré. Son raisonnement se fonde bien sûr sur une réalité, qui est que l'opinion publique française a rarement été aussi "à droite" qu'aujourd'hui sur des questions comme l'immigration ou la politique de solidarité par exemple. Une autre analyse est celle d'Alain Juppé, de Bruno Le Maire et de la Boîte à idées par exemple, qui voit notre pays comme un malade qui a certes besoin d'un traitement de choc, mais aussi de rassemblement, loin des automatismes droite-gauche de la Droite forte par exemple. Dans les deux cas, il s'agit de stratégies politiques articulées à une certaine analyse de l'état de la société française. Celle-ci a certes besoin d'espérance et de clarté, mais aussi de continuité et de rassemblement, loin des coups d'esbroufe médiatiques. 

Sur quelles avantages Laurent Wauquiez  peut-il compter pour se démarquer de ses concurrents comme Bruno Le Maire, ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet ?

Il pourrait peut-être mettre plus en avant son action de maire du Puy-en-Velay. Le mandat de maire est celui auquel les Français sont les plus attachés. Tout le monde connait son maire! C'est une figure familière, de proximité. Dans ce mandat-là, on passe son temps à résoudre des problèmes pratiques et à préparer l'avenir en même temps. C'est très formateur et aussi très porteur médiatiquement. Politiquement, Jean-François Copé l'avait bien compris, et il évoquait fréquemment son action à Meaux. Or, Laurent Wauquiez a été réélu triomphalement au Puy-en-Velay le 23 mars : c'est donc qu'il y réussit ! Il est également Président de l'association des élus de la montagne (ANEM). Qui le rappelle! Cela nuancerait son image et en ferait peut-être, aux yeux des autres Français, un élu plus proche de leur quotidien, de la vie concrète. 

Sur quel réseau d'élus, et sur quels alliés politiques peut-il s'appuyer aujourd'hui ?

C'est, je le répète, très difficile à dire. Mais j'ai le sentiment que sa situation n'est en réalité pas très différente, même s'il dispose d'un courant en bonne et due forme, de celles d'un Xavier Bertrand ou d'un Bruno Le Maire. Ils comptent des troupes, certes, mais rien qui se puisse comparer pour le moment aux réseaux d'un Jean-François Copé ou d'un François Fillon par exemple. 

Que présager d'une future relation avec Nicolas Sarkozy ? Quels seront les éléments déterminants de cette relation ?

Laurent Wauquiez parie sur le retour de Nicolas Sarkozy en politique. C'est du moins le sentiment qu'il donne, en droitisant son discours depuis quelques mois. Pour autant, Nicolas Sarkozy aura surtout besoin, s'il revient, d'hommes et de femmes qui "élargissent" et mobilisent des troupes que lui-même ne peut que difficilement mobiliser. L'attitude d'un François Baroin sera ainsi très significative de la capacité de Nicolas Sarkozy à inscrire son retour dans la durée et dans la perspective d'une possible victoire en 2017.

En quoi la position adoptée par Laurent Wauquiez aujourd'hui laisse-t-elle davantage percevoir une stratégie de soutien à Nicolas Sarkozy dans l'espoir de prendre à terme la présidence du parti ? Quelles sont ses réelles ambitions ?

Il est normal d'être ambitieux quand on s'engage en politique. On souhaite défendre des idées et des méthodes, on pense être le plus à même de les incarner. Je pense en tout cas que Laurent Wauquiez se cherche une base militante, un socle populaire au sein de l'UMP. Il ne veut pas du costume de gendre idéal, compétent et rassembleur, que certains ont revêtu depuis longtemps. Reste à savoir si son pari, qui est de peser d'abord à l'UMP et sur une ligne proche de la Droite forte, lui permettra de se jeter définitivement aux orties le costume du premier de la classe, pour revêtir celui du "politique" respecté, voire craint pour son influence, son poids..

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