Ukraine : les armes occidentales sont-elles en train de marquer la différence dans le Donbass et à Kherson ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L’armée ukrainienne mise sur l'atout des armes occidentales face aux troupes russes.
L’armée ukrainienne mise sur l'atout des armes occidentales face aux troupes russes.
©Genya SAVILOV / AFP

Atouts décisifs

L’armée ukrainienne mise sur l’armement occidental afin de compenser son déficit de puissance de feu. Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, les pays occidentaux se sont mobilisés pour soutenir Kiev avec des livraisons d’armes et de munitions.

Jérôme Pellistrandi

Jérôme Pellistrandi

Le Général Jérôme Pellistrandi est Rédacteur en chef de la Revue Défense nationale.

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Atlantico : Quelle est la situation actuelle du conflit ? 

Jérôme Pellistrandi : Actuellement trois batailles se mènent simultanément. Au Nord-Est de l’Ukraine se déroule la bataille de Kharkiv. Dans cette zone, les Russes veulent faire payer à Kharkiv le fait d’avoir résisté et l’armée procède à des bombardements réguliers dans les faubourgs de la ville, ce qui représente une menace permanente. 

Nous avons ensuite la bataille du Donbass. Les Russes progressent doucement sans pour autant arriver à faire des percées spectaculaires. L’objectif ukrainien est de retarder toute progression russe dans le Donbass. 

Une troisième bataille semble être la priorité de l’Ukraine, il s’agit de celle sur le flanc Sud, du côté de Kherson. Ils veulent reconquérir la rive Sud du Dniepr et donc Kherson pour empêcher la mainmise russe sur le Sud du territoire Ukrainien. 

Quel rôle jouent les armes occidentales aujourd’hui ?

Lorsque l’on parle d’armes occidentales, il s’agit des lance-roquettes HIMARS et des canons Caesar ainsi que d’autres canons d’artillerie de modèles occidentaux. Ils permettent de frapper en profondeur et de cibler des dépôts et postes de commandement russes. Cela fragilise le système de commandement ennemi et amène d’importantes pertes en termes de munitions et de carburant. Cela oblige les Russes à réorganiser leur logistique. De ce point de vue, on voit qu’il y a une légère progression ukrainienne sur le terrain côté Sud. 

Les HIMARS peuvent tirer à 80 kilomètres de profondeur et les canons Caesar à 40 kilomètres. Ils attaquent à partir de positions hors de portée des moyens russes, à l’exception de l’aviation. D’autres part, les Ukrainiens bénéficient de l’appui du renseignement occidental ce qui leur permet de cibler très précisément les postes de commandement. Du côté russe, les frappes sont beaucoup moins précises, ils utilisent plutôt la quantité en tirant beaucoup, mais sans précision. 

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Avec les missiles Javelin, les Occidentaux avaient-ils déjà fortement aidé les Ukrainiens lors de la première phase du conflit ?

Il s’agissait de missiles anti-chars utiles pour le combat défensif à courte distance. Aujourd’hui, la problématique est différente pour les Ukrainiens car ils ont besoin de reconquérir le Sud grâce à une force blindée suffisamment importante pour utiliser à la fois l’infanterie et un appui feu. Dans les semaines qui vont suivre, on va découvrir quelle va être la capacité ukrainienne à pouvoir progresser sur ce flanc Sud pour reconquérir le terrain perdu dès le début de la guerre. 

Les Occidentaux ont-ils été présents à chaque phase de la guerre ? 

Dans un premier temps, on devait permettre aux Ukrainiens de se défendre et de poursuivre les combats tout en leur permettant de reconquérir du terrain. Cette stratégie a un principe qui est de ne pas entrer en guerre avec la Russie. Nous aidons un État souverain, mais l’objectif n’est pas de donner l'opportunité à l’Ukraine de rentrer en Russie. 

L’aide fournie par l’OTAN et l’Union européenne doit répondre au besoin d’appui sur le terrain d’où une analyse permanente des nécessités ukrainiennes. Mais il y a une difficulté à ces livraisons car plus elles sont importantes plus les chaînes logistiques deviennent compliquées. Il faut qu’elles s’inscrivent dans la durée car les problématiques de consommation de munitions vont vite arriver ainsi que celles d’entretien de matériel. Un char doit être régulièrement révisé et réparé et le potentiel doit être régénéré en permanence. Le matériel doit être retiré de la ligne de front, qu’il soit mis suffisamment à l’arrière pour qu’il soit remis en condition et renvoyé. Cette organisation complexe ne pouvait pas être mise en place immédiatement. 

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Et si le secret de la résistance ukrainienne était la doctrine de combat occidentale ?

Après plus de 150  jours de guerre, les mécanismes se mettent en place. Cette guerre s’inscrit dans la durée et ce qui est valable pour les Ukrainiens, l’est aussi pour les Russes. 

Les Ukrainiens soulignent encore le manque d'armes, que leur faudrait-il pour gagner la guerre ?

Il leur faut davantage de chars et un appui aérien. Il leur manque des avions de combat ainsi que des hélicoptères. Leur flotte n’est pas suffisante pour avoir un résultat décisif. C’est l’un des handicaps de l’armée ukrainienne face à la Russie qui conserve une capacité aérienne non négligeable. 

Des formateurs seraient-ils nécessaires ? 

Depuis le début du conflit, et même précédemment, les Ukrainiens bénéficient de formation par les pays de l’OTAN. Nous avons transmis nos connaissances aux artilleurs ukrainiens qui utilisent des canons Caesar. La difficulté est de former le personnel ukrainien, en Pologne ou en Roumanie, sans entrer en conflit ouvert avec la Russie. L’équilibre est compliqué à trouver. 

Sans l’appui occidental à quoi aurait pu ressembler le conflit ukrainien ? 

Les Ukrainiens seraient en grande difficulté face à l’armée Russe. On aurait eu des lignes enfoncées et les Russes seraient entrés plus profondément à l’intérieur du territoire ukrainien. Le conflit aurait été différent avec des formes de guérillas alors qu’aujourd’hui nous sommes dans un conflit de haute-intensité stabilisé sur des lignes de front. 

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