Trump, Johnson, Bolsonaro … le populisme recule partout devant le mur des réalités économiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Lula de retour à la tête du Brésil
Lula de retour à la tête du Brésil
©Jose CABEZAS / AFP

Économie

Le retour de Lula au Brésil, après l’échec de Donald Trump ou de Boris Johnson, ne sonne sans doute pas la fin du populisme dans le monde, mais marque un recul relatif. Le populisme n’a pas de réponse évidente aux réalités de l’économie.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Jean-Marc Sylvestre : Les grands acteurs du monde économique et financier n’y croyaient pas. La meilleure preuve, c’est que les marchés boursiers n’ont jamais paniqué depuis la grande crise financière de 2009.

Après une montée des mouvements populistes depuis plus de dix ans dans la plupart des pays du monde, on assiste peut-être actuellement à un retournement du cycle. Donald Trump aux États-Unis n’a pas réussi à convaincre son électorat de le reconduire pour un second mandat. En Grande Bretagne, aucun gouvernement n’a réussi à se dépêtrer des problèmes crées par le Brexit jusqu’à Boris Johnson et Liz Truss qui ont sombré dans le chaos économique et politique. Dans les pays scandinaves, les peuples se sont choisis des dirigeants plus responsables, comme en Israël. Le retour de Lula au Brésil a donné un coup d’arrêt aux débordements de Jair Bolsonaro.

Alors, le recul est évident mais il n’est pas spectaculaire. Les résultats aux élections sont très étroits. La distance est de l’ordre de la marge d’erreur ou de la fraude, diront certains. En bref, le recul des populismes n’a rien d’un raz de marée à l’envers. Ces résultats indiquent qu’il existe dans chaque grande démocratie un poids du populisme qu’il faut savoir mesurer.

Et cette mesure s’explique :

Ce que l’on constate dans l’échec des gouvernements populistes, c’est leur incapacité à tenir les promesses qu’ils avaient faites en se présentant aux électeurs, leur méfiance des données scientifiques et du pouvoir qu’elles donnent.

Les mouvements populistes se sont développés parce que depuis une vingtaine d’années, les inégalités se sont creusées dans la plupart des grands pays. Partout en Amérique et en Europe, les pauvres sont devenus de plus en plus nombreux et les riches de plus en plus riches.

Les gouvernements libéraux ou socio-démocrates n’ont pas su réduire ces inégalités, ni réguler et garantir des phénomènes de croissance. La mondialisation a depuis les années 2000 déshabillé les grands pays occidentaux de leurs structures industrielles en laissant de côté des milliers de gens sans travail, sans formation, sans perspective. Avec un sentiment d’abandon. Le Brexit a été voté pour ces raisons-là, Donald Trump a été élu par les millions de victimes des subprimes qui ont perdu leur maison, leur job et souvent leur famille.

Le problème des mouvements populistes est qu'ils n’ont pas su apporter des réponses à cette situation. Les leaders populistes ont d’ailleurs rendu plus de services aux élites financières américaine, britannique ou brésilienne qu’aux classes moyennes qui les avaient portés au pouvoir. L’exemple le plus caricatural est l’exemple anglais où la majorité conservatrice en est arrivée à mettre au pouvoir un des hommes les plus riches du Royaume-uni. Un banquier qui avait soutenu le Brexit avec beaucoup de détermination parce qu’il n’y voyait que des avantages pour la classe de financiers dont il fait partie que pour venir en aide aux plus déshérités de la Grande Bretagne. Ce Pays est aujourd’hui en plein chaos. La réalité économique et sociale aurait nécessité de la part des gouvernements beaucoup plus de responsabilités et de rigueur dans la mise en place de la politique économique. Il leur aurait fallu s’appuyer sur les chefs d’entreprises qui sont les seuls à détenir les clefs de la prospérité économique. Par démagogie, ils ne l’ont pas fait.

Cela dit, tous les évènements qui agitent la planète aujourd’hui vont sans doute conduire à amortir et même vider les moteurs les plus puissants du populisme.

La mondialisation ne va pas disparaitre mais elle va évoluer dans son impact et ses modalités d’organisation. Les chaines de valeur, comme disent les chefs d’entreprises, seront sans doute plus courtes et plus simples. Ce qui signifie que l’industrie va se relocaliser près des centres de consommation. Le mouvement s’est déjà amorcé. Plus de proximité dans la fonction de production, c’est aussi plus de pouvoirs décentralisés.

La mutation écologique consécutive à la lutte contre le réchauffement climatique va s’imposer. Qu’on le veuille ou non, les courants populistes ont souvent été récupérés par les radicaux mais ils n’ont jamais proposé des programmes et de réforme. Or, la lutte pour le climat va mécaniquement accroitre les inégalités et les difficultés, du moins à court terme. Les populistes préfèrent défendre la fin du mois que de se battre contre la fin du monde.

Tout ce qui se passe dans les pays autoritaires, en Russie comme en Chine, oblige les peuples occidentaux à réfléchir sur les valeurs que l’on peut partager et celles qu’il faudra nécessairement combattre. Les grandes démocraties ont été très surprises par la guerre en Ukraine ou le durcissement du régime de Pékin. Mais les mouvements populistes ont été tout autant surpris avec le sentiment parfois d’avoir été manipulé par les dirigeant autocrates. Avant la guerre, de nombreux dirigeants occidentaux ne cachaient pas des rapports de plus ou moins grande proximité avec Vladimir Poutine. Après la guerre, ils auront plus de mal à les assumer.

Dans beaucoup de pays, les courants populistes se retrouvent obligés de choisir entre la logique démocratique et participent à une gouvernance responsable, ou une logique plus extrémiste c’est-à-dire révolutionnaires qui voisine souvent avec des régimes autoritaires.

Tout cela redonne de l’espace politique aux démocrates attachées aux valeurs universelles des droits de l’Homme fondées sur la liberté individuelle. Cela dit, ne soyons pas naïfs …les faits et les chiffres sont têtus. Cet espace qui revient aux démocrates est très fragile.

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