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Trump et Sanders ne sont pas les seuls : le monde entier déteste les élites
©Reuters

THE DAILY BEAST

L'exaspération de l'Amérique face à ses élites politiques l’emporte sur la loyauté envers les grands partis. Et maintenant, ce phénomène prend des proportions mondiales.

Yuri Vanetik

Yuri Vanetik

Yuri Vanetik est chercheur associé à l'Institut Claremont et siège au Conseil national de Gen Next et de la fondation Gen Next. 

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Copyright The Daily Beast - par Yuri Vanetik

A l'heure actuelle, c’est indéniable : l'exaspération de l'Amérique face à ses élites politiques l’emporte sur la loyauté envers les grands partis. Et maintenant, ce phénomène prend des proportions mondiales.

Selon un récent sondage, près de la moitié des partisans de Bernie Sanders ne voteront pas pour Hillary Clinton, alors que 22 pour cent soutiendraient Donald Trump. ''Je suis un démocrate enregistré," explique une personne interrogée, "mais je ne peux pas me résoudre à voter pour un politicien de l’establishment comme Hillary."

Si l’on en croit les médias, il semblerait que ce dégoût est un phénomène interne aux Etats-Unis. Mais qu’il s’agisse du Brexit, ou de mouvements politiques en France ou en Italie, ou même en Géorgie, les électeurs s’élèvent partout contre les élites technocratiques.

Dans chacun des cas, les observateurs politiques ont réagi avec des prédictions apocalyptiques. Voter contre l’establishment, prétendent-ils, va conduire à l’effondrement de nos plus précieuses institutions. Certes, le mouvement anti-establishment n’est pas sans risques, mais quand le statu quo est un échec, il faut le remettre en question. Considérer ces mouvements de protestation comme des occasions de déclencher des réformes est la seule méthode adaptée à nos institutions.

Quelles que soient leurs différences, les mouvements anti-establishment véhiculent un message très cohérent. Nos institutions favorisent trop souvent une petite classe privilégiée, au détriment de la majorité des citoyens.

Pour les Américains, c’est évident dans le cas de la nomination de Trump comme candidat du parti républicain. Son programme rejette les positions de cet establishment sur la croissance, le commerce et sur l’immigration.

De même, le succès de Bernie Sanders s’explique principalement par sa reconnaissance des insuffisances de notre modèle économique actuel.

Leurs deux campagnes se sont appuyées sur la colère de la classe moyenne américaine qui n’a pas vu croitre son revenu familial depuis 20 ans.

Regardez ailleurs, et vous voyez les citoyens européens se plaindre de la même manière. La décision de la Grande Bretagne de quitter l’Union européenne est l’expression la plus récente de ce mouvement anti-establishment.

Le vote en faveur du Brexit reflète les mêmes préoccupations économiques. Selon deux économistes du Parti travailliste, le sentiment anti-Union européenne dominait dans les régions qui n’ont pas vu d’augmentations récentes de salaires.

Comme Nigel Farage, ancien chef de l’UKIP, l‘a dit, les supporters du Brexit, "ont rejeté les multinationales, ils ont rejeté les banques d'affaires, ils ont rejeté les grands partis et ils ont dit, en fait, nous voulons récupérer notre pays, nous voulons le retour de nos zones de pêche et de nos frontières"

En fin de compte, plus de 53% des Britanniques ont voté pour quitter l'UE. Et ils l'ont fait en dépit des appels venus du monde entier, du président Obama au Chancelier de l'Echiquier George Osborne, en passant par le Premier ministre David Cameron, qui prévenaient que cela détruirait l'establishment politique.

En France, la progression constante de Marine Le Pen, leader du parti Front national, reflète la même impatience croissante face à la situation politique. Capitalisant sur un taux de chômage qui dépasse 9% depuis les années 1980, les Le Pen ont longtemps fait campagne contre l’Europe et pour un contrôle plus strict de l’immigration. Marine Le Pen a pris la tête au cours de ces dernières semaines des sondages sur l'élection présidentielle prévue en 2017.

Le parti anti-establishment italien, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S), a également beaucoup progressé. Lancé par le comédien Beppe Grillo, le parti s’oppose à la fois à la mondialisation et à l’adhésion à l'UE. Selon plusieurs sondages, ce M5S est maintenant le parti politique le plus populaire de l'Italie.

Et dans le lointain Caucase, la république de Géorgie, où près de 70% de la population se dit sans emploi, un célèbre chanteur d'opéra, Paata Burchuladze, fait campagne pour être le prochain Premier ministre du pays. Avec le soutien des États-Unis, son nouveau parti veut "changer complètement le paradigme des relations entre le peuple et l'Etat." Selon lui, la classe politique géorgienne n’a pas su défendre les intérêts des gens ordinaires.

Il a su bousculer un pouvoir accusé d’emprisonner ses adversaires politiques, et qui a essayé de libérer des prisonniers impliqués dans des actes de terrorisme.

Si les propositions politiques de chacun de ces mouvements peuvent varier de manière significative, les raisons qui motivent leurs campagnes sont très proches. Les électeurs sont bien décidés à rejeter l’élite dirigeante en faveur d’outsiders politiques vus comme plus sensibles aux préoccupations des citoyens ordinaires.

Loin d'être une menace pour l'ordre néo-libéral, ces révoltes peuvent être la clé qui permettra de protéger l'intégrité de nos systèmes politiques.

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