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Traquer les expressions de votre visage via webcam : ces inquiétants brevets discrètement déposés par Facebook
©Reuters

Big Brother

Facebook a déposé plusieurs brevets pour améliorer l'expérience utilisateur et la suggestion de contenus. Petit bémol cependant : la firme pourra accéder à votre webcam, appareil photo pour analyser vos émotions. Le tout sans forcément vous en informer.

Frédéric Mouffle

Frédéric Mouffle

Directeur général associé du groupe ASK’M / KER-MEUR. Expert en cyber sécurité. Conférencier sur les menaces émergentes, spécialisé dans la sensibilisation auprès des entreprises.

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Atlantico : Ces nouveaux brevets sont-ils de nature à poser des questions de respect de la vie privée ? Comment pourrait faire la firme pour éviter cet écueil et que pourrait faire l'utilisateur pour se prémunir d'une telle technologie si elle entrait en fonction ?

Frédéric Mouffle : Il est probable qu’une autorisation sera demandée aux utilisateurs, et ceci, avant d’activer la caméra lors du démarrage de l’application que nous évoquons. Mais comme souvent avec ce type de modèle économique, vous serez surement obligé « d’agréer » pour utiliser ces services. Cibler le jeune public est très judicieuse car ce sont aussi les futurs clients. Quand nous parlons de vie privée, n’oublions pas que chacun de nous « accepte » le plus souvent aussi les conditions d’utilisation qui sont proposés par les opérateurs. Ces questions suscitent un intérêt croissant chez tous les utilisateurs qui n’ont pas pour autant le recul analytique nécessaire pour appréhender ces questions. N’oublions pas aussi que depuis de nombreuses années, nous mettons – peu ou prou – à disposition gratuitement nos données personnelles, sur les principales plateformes, à l’image de Gmail, Yahoo, Youtube, etc… Il n’existe pas de solution miracle, si ce n’est de ne pas utiliser tous ces services proposés. Mettre un scotch sur la caméra de son Smartphone est une solution alternative qui reste toujours très efficace. 

Ce n'est pas la première fois que Facebook inquiète ses utilisateurs avec des idées à mi chemin entre Orwell et Huxley, quels sont les précédents ? 

Les utilisateurs « lambda » sont évidemment inquiets, mais d’autres – qui disposent d’un profil plus « technophile » – sont enthousiastes à l’idée d’utiliser cette nouvelle fonctionnalité. Facebook avait pour sa part décidé en 2009 – alors que la multinationale comptait à l’époque plus de 300 millions d’utilisateurs – de changer les conditions d’utilisation de son site. Expliquant à qui voulait l’entendre que toutes les données personnelles que chacun pouvait afficher sur le site,  appartenaient désormais au géant américain. En lisant les conditions d’utilisation, on s’aperçoit aussi que Facebook s'autorise à retirer discrétionnairement des contenus ou informations publiées par ses utilisateurs, à modifier ses conditions d’utilisation sans préavis, à résilier son service de paiement sans en informer l’utilisateur…

Outre les actions et la grogne des utilisateurs, n'est-il pas temps de poser des questions au niveau étatique et d'imposer des limites claires aux grandes entreprises de la tech ?

Les instances étatiques ont tout intérêt à ne pas laisser se développer ces technologies sans contrôle, et être garantes de la vie privée de ses concitoyens. La CNIL et le DGCCRF ont déjà mis en demeure Facebook sur ces problématiques de clauses abusives. Mais les montants des amendes sont bien trop faibles pour être persuasive. Des procédures juridiques sont déjà en cours aux Etats-Unis sur ces sujets d’intérêt majeur pour les populations que sont les problématiques liées à la « vie privée ». Il me paraît compliqué de contraindre le géant californien à se mettre en règle avec la loi française, mais aussi européenne. En Belgique, Facebook a été condamné en 2015 à ne plus « tracer l’activité de ses internautes », avec une astreinte de 250 000 euros par jour. Ce dossier concernait notamment les boutons « j’aime » et « partager » pour les utilisateurs non enregistrés sur le réseau, et donc n’ayant signé aucune condition d’utilisation au préalable. Facebook avait à l’époque annoncé qu’il ferait appel, dans l’objectif évident de gagner plusieurs années quant à la décision prise par le tribunal...

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