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Toutes les raisons pour lesquelles Hillary Clinton n’a pas encore gagné sa place à la Maison-Blanche
©CBS News

Show must go on

Les primaires touchent à leur fin, et sauf surprise, on devrait voir un duel Trump-Clinton. Si tout le monde voit le magnat échouer, il semblerait que la partie soit plus compliquée que prévu pour l'ex-Première dame.

Anne Deysine

Anne Deysine

Anne Deysine est juriste (Paris II) et américaniste. Spécialiste des questions politiques et juridiques aux Etats-Unis, elle est professeur à l'université Paris-Ouest Nanterre. Enseignant aussi à l'étranger, elle intervient régulièrement sur les ondes d'Europe 1, RFI, France 24, LCI... Auteur de plusieurs ouvrages, dont "La Cour suprême des Etats-Unis" aux éditions Dalloz, ses travaux sont consultables sur son site Internet : deysine.com.

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La participation électorale est toujours un facteur important et son taux très élevé en 2008 parmi les Africains-Américains, les Hispaniques et les jeunes a permis au candidat Obama de l'emporter avec un record de 19,5 millions d’électeurs allant voter. Cette année du côté démocrate, Bernie Sanders l'emporte lorsque la participation est élevée et il le sait. Avant la primaire de l'Indiana, il l’a répété dans toutes ses réunions électorales. Et il l'a effectivement emporté sur son adversaire démocrate Hillary Clinton par 52 % des voix contre 48 %, ce qui, avec le système de répartition à la proportionnelle, ne lui apporte pas beaucoup plus de délégués que son adversaire ; et ne change donc pas le fait que Hillary Clinton peut se considérer comme la candidate présumée. Du côté républicain, la participation électorale lors des primaires a été la plus élevée jamais recensée. Alors qu'il reste encore quelques primaires et en particulier la Californie le 7 juin, on recense déjà 17, 3 millions d’électeurs, soit beaucoup plus qu’en 2008 (11 M) et 2012 (9,8M).  Aujourd’hui, le vote populaire (+11% dans le vote populaire) et les chiffres de délégués parlent. Clinton a 2217 délégués et son adversaire seulement 1443. Du côté républicain, Trump en a 1053 et il n'y a plus d'adversaire puisque les règles régissant  à l’heure actuelle la convention républicaine exigent qu’un candidat pour figurer au deuxième ou troisième tour de scrutin, ait remporté huit Etats, ce qui n'était pas le cas du survivant Kasich, qui n’a remporté qu’un seul Etat, l’Ohio et qui a aussi suspendu sa campagne. Il est donc plus que probable, sauf mise en accusation de la première, que l'élection générale sera entre Hillary Clinton et Donald Trump.

Comme d'habitude, l'élection se jouera dans un certain nombre d'Etats pivots  qui vont au dernier moment basculer d'un côté ou de l'autre en fonction du vote des indépendants et de la participation électorale.  En principe, la démographie favorise les démocrates pour la présidentielle. Mais il est possible que la liste des Etats pivots, et donc le suspense, soient plus longs qu'habituellement, car la ligne de partage entre Trump et Clinton est loin d’être aussi claire qu’entre Obama et Romney par exemple. En effet, et c'est ce qui était reproché à Trump par son adversaire Cruz, les positions de celui-ci, quand il a des positions, ne seraient pas assez conservatrices et dans certains domaines peuvent sembler assez proches de celles des démocrates : ainsi l’hostilité aux accords de libre-échange. En politique étrangère, Hillary est un "faucon" sans doute plus proche d’un McCain que d’un Obama.

Les deux candidats visent les cols bleus, la classe moyenne peu éduquée ainsi que cela apparaît dans les sondages et à la sortie des urnes.  Outre ceux-ci, ce sont les autres catégories d'électeurs qui feront la différence. Dans quelle proportion les Africains Américains et les Hispaniques qui avaient voté pour Obama respectivement à 95% et 67% iront-ils voter? Quid des jeunes qui sont derrière Bernie Sanders ? Pour qui se prononceront-t-ils ? On peut penser que les femmes, les Africains Américains et les Hispaniques, qui ont été la cible des attaques du candidat républicain, ne se précipiteront pas pour voter pour lui : mais ce n'est pas aussi simple que cela. Des sondages montrent qu’une large section des Hispaniques s'intéresse plus à la création d'emplois qu'à la politique de l'immigration. Tout le monde a encore en tête les attaques sexistes contre la journaliste de Fox News et les nombreuses déclarations sexistes du candidat républicain. Pourtant en face du magnat, la candidate démocrate est loin de faire l'unanimité parmi les femmes et en particulier chez les jeunes femmes. Les sondages montrent que seules les femmes âgées de plus 50 ans votent pour elle en nombre. De surcroît, la campagne des primaires a montré que Trump semble à l'abri des conséquences de ses déclarations au point d'être surnommé "le candidat téflon". Du côté des Africains Américains, il y a la longue histoire d'amour entre eux et les Clinton ; Bill avait été surnommé le premier président noir en raison de cette proximité. Mais prendront-ils la peine d'aller voter pour Hillary Clinton dans les mêmes proportions qu’en 2008? Rien n'est moins sur.

Amener les électeurs aux urnes le 8 novembre est donc le défi auquel les deux candidats sont confrontés. Trump va-t-il utiliser l'attaque contre son adversaire démocrate pour mobiliser les électeurs ? Si oui, il ne manque pas d'armes et arguments car Hillary est une candidate qui ne suscite pas l'enthousiasme même parmi les démocrates et en particulier les jeunes. Et surtout elle est toujours sous le coup du risque d'une mise en accusation pour l'affaire de son serveur de courriers électroniques qui aurait mis en danger la sécurité des Etats-Unis. Et les républicains n’ont pas renoncé, malgré 13 heures d'audition au Congrès, à rechercher sa responsabilité dans l'attaque qui coûta la vie à l'ambassadeur Stevens à Benghazi. Il reste le rôle de l'argent et des grandes banques. Dans la seconde partie de la campagne pour les primaires, Bernie n'a plus retenu ses coups et a attaqué régulièrement et systématiquement la candidate pour ses discours à Wall Street (payés plus de 600 000 $) et pour les 150 millions de dollars collectées par elle et son époux à l'occasion de discours prononcés souvent en secret dans des enceintes étrangères et américaines. Cela étant, le candidat républicain est un homme d'affaires qui a versé des contributions électorales à droite comme à gauche (car c'est ainsi que fonctionne le système) et qui a fait faillite quatre fois acculant ses employés au chômage. Au plan financier la candidat démocrate dispose  de davantage d'argent mais Trump a jusqu’ici bénéficié d’une couverture médiatique gratuite alimentée par ses excès. La campagne Clinton et le super Pac qui la soutient auront ils recours aux publicités négatives ? Cela n’a réussi ni à Marco Rubio ni à Ted Cruz. Non seulement Trump semble être le seul à avoir le droit de recourir impunément aux insultes mais il est difficile à déstabiliser.

Et s’il y a avalanche de publicités négatives dans les Etats pivots, celles-ci ne risquent t-elles pas  d’être contre-productives, amenant les électeurs à rester chez eux ? C’est toujours le danger mais le risque est encore plus grand en 2016 car les deux candidats ont des chiffres record d’opinions négatives, y compris dans leur propre camp, entre 62 et 70% pour Trump selon les instituts de sondages et autour de 55% pour Clinton et plus de 60% pour les deux chez les indépendants.

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