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Tournant scientifique : la découverte de micro particules dans des échantillons de cerveau ouvre la voie à une meilleure compréhension de l'impact de la pollution atmosphérique sur notre santé
©Reuters

Dans l'air du temps

Une étude de l'Université de Lancaster a permis d'identifier la présence de dépôts liés à la pollution atmosphérique dans le cerveau de personnes ayant vécu dans des zones fortement polluées. Ce qui n'est pas sans conséquence pour la santé d'individus confrontés à la pollution car cela favoriserait l'apparition de démences et d'autres problèmes, aussi bien sur le long que sur le court terme.

Isabella Annesi-Maesano

Isabella Annesi-Maesano

Directeur de Recherche INSERM / INSERM. Research Director FERS Directeur Equipe EPAR: EPidémiologie des maladies Allergiques et Respiratoires / Head: EPid Allergic Resp Dis Department (www.epar.fr). IPLESP INSERM et UPMC.

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Atlantico : Des recherches menées par l'université de Lancaster ont analysé des échantillons de cerveau de personnes ayant vécu dans des endroits fortement pollués (29 provenant de Mexico et 8 de Manchester) et ont décelé la présence de multiples dépôts liés à la pollution atmosphérique comme la magnétite. Que savait-on des dégâts de la pollution sur le cerveau avant cette étude ? Qu'est-ce que cela change ?

Isabella Annesi-Maesano :Les effets de la pollution atmosphérique sur le cerveau sont établis depuis une dizaine d'années. La pollution atmosphérique affecte le fonctionnement du cerveau, les capacités cognitives et augmente les risques de troubles mentaux et psychiatriques. 

L'étude de l'université de Lancaster est importante car elle fournit pour la première fois des données objectives à partir de prélèvements de cerveau de sujets issus de la population qui permettent de contribuer à l'identification des mécanismes d'action impliqués dans les effets des polluants sur le cerveau. Les chercheurs de l'université de Lancaster ont trouvé des particules toxiques de magnétite exogènes (différentes de celles endogènes qui se trouvent au niveau du cerveau). Tout comme d'autres polluants, cette substance peut créer des espèces réactives de l'oxygène appelées radicaux libres. Le stress oxydatif est l'une des caractéristiques de la maladie d'Alzheimer.

Quelles conséquences peut avoir la présence de dépôts liés à la pollution dans notre cerveau (accélération des démences, etc.) ? Quels types de maladies ou d'effets néfastes sur l'organisme peuvent-ils causer ?

La majorité des polluants atmosphériques sont neurotoxiques (ayant une action néfaste sur le système nerveux) comme montré par les études expérimentales in vitro (sur les cellules, les médiateurs...) et in vivo (chez les animaux). Au niveau de la population générale, l'exposition à la pollution atmosphérique est à l'origine d'effets de type neuropsychologiques (réduction des performances lors de tests psychologiques) et neurodégénératifs (maladie de Parkinson, Alzheimer...) ainsi qu'aux troubles du neurodéveloppement et du comportement (autisme). C'est le résultat d'études réalisées dans des échantillons très importants dans plusieurs parties du monde. Il s'agit d'effets à la suite d'expositions à long terme à des doses parfois considérées comme non dangereuses.

Sachant que les effets de la pollution sur l'organisme s'estompent au bout d'un certain temps, lorsque l'on s'éloigne d'une zone polluée, que sait-on de la durée de ces effets sur le cerveau ? Y-a t-il un risque que la présence de ces dépôts de pollutions sur le cerveau ne s'estompent pas ?  

Les données disponibles ne nous permettent pas de répondre à cette question car il faut disposer de données de suivi des sujets. On peut imaginer que les effets varient en fonction de la durée d'exposition et de la période de la vie à laquelle l'exposition se produit.

Quel est le degré d'exposition nécessaire pour que ces particules de pollutions s'infiltrent dans le cerveau ?

Dans le cas de la pollution atmosphérique, il a été observé qu'il n'existe pas de seuil au-delà duquel l'effet commence. La relation entre pollution atmosphérique et santé est de type linéaire. La concentration à laquelle l'effet commence dépend de l'individu. On parle d'individus plus fragiles aux effets de la pollution atmosphérique, car chez eux les effets peuvent être vus à des doses très faibles. Ce sont les enfants, les personnes âgées, les personnes malades...

Quelles autres partie du corps la pollution atmosphérique peut-elle affecter ?

Toutes les parties du corps sans exclusion. Le poumon, le coeur, les reins, le sang, le cerveau... La pollution atmosphérique est à l'origine d'effets à court terme (crises d'asthme et exacerbations de BPCO ou de PID (pneumopathies interstitielles diffuses), à la suite de pics de pollution, ainsi que d'effets à long terme (la pollution est une cause d'asthme, de BPCO chez les non fumeurs, de cancer du poumon).

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