Tour d'Europe des campagnes pour les Européennes : direction le Royaume-Uni<!-- --> | Atlantico.fr
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Le symbole du UK Independence Party.
Le symbole du UK Independence Party.
©Reuters

Et chez vous, comment ça va ?

Troisième étape de notre tour d'Europe des campagnes pour les élections européennes : le Royaume-Uni, où l'euroscepticisme gagne du terrain à travers le parti souverainiste de Nigel Farage, le UK Independence Party, qui prône le retrait du pays de l'Union européenne.

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn

Sophie Loussouarn est spécialiste de l’histoire politique et économique du Royaume-Uni et proche du monde politique anglo-saxon.

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>>> Premier épisode à lire sur Atlantico : Tour d’Europe des campagnes pour les Européennes : direction l’Allemagne

>>> Deuxième épisode à lire sur Atlantico : Tour d’Europe des campagnes pour les Européennes : direction l’Italie

Atlantico : A l'approche des élections européennes, quels sont les principaux thèmes qui occupent les débats au Royaume-Uni ? Par quels partis sont-ils portés, et sont-ils focalisés sur l'Europe en elle-même, ou bien les préoccupations d'ordre national prévalent-elles ?

Sophie Loussouarn : Les trois grands thèmes qui occupent le débat politique à la veille du scrutin européen du 22 mai 2014 sont la renégociation des relations entre l’Europe et le Royaume-Uni, l’immigration et la reprise économique. Le parti conservateur connaît une poussée de l’euroscepticisme depuis octobre 2011, lorsque 81 députés conservateurs ont demandé au Premier Ministre David Cameron d’organiser un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union Européenne. Après un refus net, le Premier Ministre a évolué face à la percée du parti souverainiste de Nigel Farage, le UK Independence Party qui souhaite un retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne. Les préoccupations d’ordre national prévalent face à l’accroissement des minorités ethniques qui représentent 14% de la population britannique (soit 8 millions de personnes) et face aux problèmes de la dette publique (75% du  PIB en 2013) et du déficit public (6,8% du PIB en 2013).

David Cameron a récemment déclaré qu'il démissionnerait s'il n'arrivait pas à organiser un référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Quelle est l'importance de cette question dans les débats actuels ?

En janvier 2013, le Premier Ministre David Cameron a fait un discours remarqué clarifiant ses positions sur l’Europe et annonçant l’organisation d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne en 2017. David Cameron souhaite défendre les intérêts britanniques et notamment la flexibilité du marché du travail qui a permis une baisse spectaculaire du chômage à 6,9% (soit 2,24 millions de demandeurs d’emploi) en avril 2014, selon l’Office for National Statistics. Le Royaume-Uni n’a pas eu de référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne depuis 1975. L’Europe constitue un enjeu crucial pour l’économie britannique puisque la moitié des échanges commerciaux se font avec les pays membres de l’Union Européenne, que 3 millions d’emplois dépendent de l’UE et que les investissements au Royaume-Uni dépendent de l’appartenance à l’UE. Un retrait du Royaume-Uni de l’Europe l’isolerait et remettrait en question le rôle prédominant de la place financière de Londres.

Quelles sont les forces en présence, et à quels résultats s'attend-on ?

Pour la première fois dans l’histoire politique britannique, le UK Independence Party devrait arriver en tête du scrutin européen du 22 mai avec 29% des voix et doubler son nombre de sièges au Parlement de Strasbourg, selon un sondage de You Gov réalisé le 1 mai 2014. Le parti travailliste devrait arriver en deuxième position avec 26% et le parti conservateur avec 23% des voix. Enfin, les Libéraux Démocrates pourtant très europhiles n’obtiendraient que 10% des voix. Le scrutin proportionnel aux élections européennes permet la percée de partis qui ne parviennent pas à remporter de sièges au Parlement britannique du fait du scrutin majoritaire uninominal à un tour pour les élections législatives.

Qu'en est-il des partis dits "eurosceptiques" comme Ukip ? Pourraient-ils, comme cela devrait-être le cas en France, effectuer une percée ? Pour quelles raisons ?

Face à la montée de l’euroscepticisme au Royaume-Uni et grâce au charisme de son chef Nigel Farage, le UK Independence Party marquera une victoire décisive le 22 mai. Créé en 1993, ce parti politique rassemble tous les Britanniques mécontents et essentiellement les cols bleus qui sont préoccupés par leurs salaires plus que par l’Europe. 52% des électeurs du UKIP appartiennent aux catégories professionnelles inférieures, à la différence du parti travailliste (46%), du parti conservateur (43%) et des Libéraux-Démocrates (32%). Le UKIP représente les intérêts de l’homme de la rue contre une élite politique de plus en plus contestée. La percée du UKIP est un phénomène culturel. Ce parti souverainiste est le parti de protestation qui attire tous les électeurs déçus des partis traditionnels. Le chef du UKIP, Nigel Farage, est député européen depuis 1999. Il a assisté dernièrement à une réunion politique de Débout La République en France le 17 avril 2014, mais il refuse toute alliance avec le Front National qu’il qualifie de raciste et d’antisémite.

A quel niveau de mobilisation s'attend-on ? Qu'est-ce qui incite (ou au contraire décourage) les électeurs britanniques à se mobiliser ?

Ces élections européennes se déroulent à un tournant dans l’histoire des relations entre le Royaume-Uni et l’Europe et dans un contexte de mécontentement grandissant face aux turbulences de l’économie européenne. Le taux de participation aux élections européennes n’a cessé de baisser depuis 1979. Une participation de 50% serait honorable. Les Britanniques pourraient se mobiliser davantage en 2014, mais leur vote sera avant tout un vote de protestation contre l’Union Européenne, ses institutions et sa bureaucratie.

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