Tour d’Europe des campagnes pour les Européennes : direction la Pologne <!-- --> | Atlantico.fr
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La Pologne est traditionnellement europhile.
La Pologne est traditionnellement europhile.
©Reuters

Et chez vous, comment ça va ?

Cinquième étape de notre tour d'Europe des campagnes pour les élections européennes : la Pologne. L'idée d'une Europe unie et solidaire y est fortement ancrée mais se trouve ternie par un sentiment d'abandon sur le dossier ukrainien, sentiment qui ne devrait pas mobiliser les foules le 25 mai.

Eryk  Mistewicz

Eryk Mistewicz

Eryk Mistewicz est polonais francophone, consultant politique et conseiller en communication institutionnelle et politique en Europe de l’Est.

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Atlantico : A l'approche des élections européennes, quels sont les principaux thèmes qui occupent les débats en Pologne ? Par quels partis sont-ils portés, et sont-ils focalisés sur l'Europe en elle-même, ou bien les préoccupations d'ordre national prévalent-elles ?

Eryk Mistewicz : Les élections européennes en Pologne sont dominées par les événements en Ukraine. L'opinion se demande pourquoi l’Union européenne ne peut pas réagir plus efficacement. Au plus fort de la crise, quand on tirait sur des gens dans les rues de Kiev, les responsables de l’UE se préparaient à partir en week-end. Donc, sommes-nous toujours une Union européenne, ou uniquement des pays avec des intérêts propres ? Faut-il améliorer la gestion des affaires de l'UE, ou à l'inverse renforcer les États-membres, et donc décomposer l’UE ?

Vous le voyez, la guerre en Ukraine, l’intervention de l’armée russe contre un pays souverain dans un processus de rapprochement avec l’UE, est le premier sujet qui occupe les esprits.

Et, bien sûr, on retrouve les thèmes de campagne habituels en Pologne : les questions internes, les bagarres entre le parti libéral-conservateur "Plateforme Civique" de Donald Tusk et le social-conservateur "Droit et Justice" de Jaroslaw Kaczynski. Ils s'écharpent par exemple au sujet de la bonne utilisation des fonds européens dans le développement du réseau autoroutier. Le gouvernement gère-t-il efficacement les fonds européens ? Tel est le deuxième axe de cette campagne, après l'Ukraine.

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Quelles sont les forces en présence, et à quels résultats s'attend-on ?

Le taux de participation aux européennes devrait se situer autour de 20%. Les Polonais ne sont pas convaincus que les élections au Parlement européen sont vraiment les plus importantes pour eux. Ils n'identifient pas la corrélation “vote-résultat”. De plus, beaucoup de Polonais perçoivent cette campagne comme une simple installation des candidats à Bruxelles, très bien rémunérés. S’ils se décident à voter, c’est plutôt en cas de referendum contre ou pour le gouvernement de Donald Tusk.

Avec un taux de participation aussi bas, les partis extrémistes rencontrent un certain succès, notamment les ultralibéraux de Janusz Korwin-Mikke. Après des années de monopolisation de la scène publique par la guerre Tusk-Kaczynski, beaucoup de Polonais se sont mis en quête d'alternatives. A cet égard, les élections européennes sont utilisées en ce moment comme “élément de  vérification et de comptage des forces”.

Mais au bout du compte, ce sont les deux partis, PiS de Kaczynski, et PO de Tusk, qui gagneront, à peu près ex æquo. On peut raisonnablement prévoir que le PO de Tusk perdra quelques sièges.

Qu'en est-il des partis dits eurosceptiques ? Pourraient-ils, comme cela devrait-être le cas en France, effectuer une percée ?

Les événements en Ukraine et la réponse timide de la part de l’UE ont donné des arguments aux eurosceptiques, mais on ne peut pas comparer les forces des nationalistes en Autriche ou en France avec les nationalistes en Pologne, presque absents de la scène publique. Si en Pologne nous avons pu construire un réseau autoroutier et considérablement améliorer notre niveau de vie, c'est grâce aux fonds de développement européen. Et cela, les eurosceptiques peuvent difficilement lutter contre.

Qu'est-ce qui explique que l'optimisme l'emporte sur le pessimisme ? Quelles améliorations les Polonais espèrent-ils ?

Les Polonais espèrent un changement d'attitude à l'égard de l'Ukraine. L’Europe unifiée, pour la plupart des Polonais, doit être construite sur des idées, et pas seulement sur des  questions d'argent. Les Polonais seront plus optimistes quand l’Europe saura être plus efficace dans la résolution de problèmes aussi graves que la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine.

Les Polonais appartiennent depuis toujours à l'Europe. Ils votent pour une Europe unifiée, efficace et solidaire. Si le taux de participation des Polonais est évalué à 20%, c’est parce qu’ils ne voient pas cette solidarité européenne à l’œuvre en ce moment.

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