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Toujours en avance : comment les Américains ont profité de la crise pour renouveler leur économie
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Yes we can !

Avec des exportations tournées davantage vers les pays émergents et une compétitivité accrue des produits américains, la première économie du monde s'est réinventée en profondeur.

Alexandra Estiot

Alexandra Estiot

Alexandra Estiot est économiste, spécialiste des Etats-Unis chez BNP Paribas.

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La récession de 2008-2009 a marqué un renouveau de l’économie américaine, illustrée par un retour en force du secteur manufacturier et une moindre dépendance de la croissance aux dépenses des ménages, les deux facteurs se conjuguant en une réduction des déficits extérieurs.

La balance commerciale américaine s’est nettement améliorée au cours des cinq dernières années, et ce malgré le niveau élevé des prix du brut (qui renchérit le coût des importations pétrolières, ces dernières représentant environ 20% des importations totales). Ainsi, la balance commerciale hors pétrole a enregistré une amélioration sensible, se limitant actuellement à 1,7% du PIB, alors que la balance des services reste confortablement excédentaire (1,1% du PIB).

Le redressement des exportations américaines a été général, mais aussi marqué par une réorientation depuis les autres pays développés vers les grands pays émergents. Les Etats-Unis exportent désormais autant vers la Chine que vers l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis, et autant vers le Brésil que vers l’AllemagneLa part de la zone euro et du Japon dans les exportations américaines a perdu environ 4 points, gagnés par les BRIC. Si la montée en puissance de ces derniers devait se poursuivre au même rythme, à l’horizon 2016, les exportations américaines vers les BRIC dépasseraient les exportations à destination de la zone euro et du Japon réunis.

Le rebond des exportations des Etats-Unis reflète la compétitivité accrue des produits américains. Il faut y voir les effets de la sous-évaluation du dollar, mais pas seulement. Depuis que le pays est sorti de la récession au second trimestre 2009, les coûts unitaires de production ont chuté grâce à l’effet conjugué de l’accroissement de la productivité et de la modération salariale. Cette tendance a été particulièrement marquée dans le secteur manufacturier, et principalement dans l’industrie des biens durables (de tous les secteurs de l’économie américaine, celui le plus tourné vers l’exportation), la baisse des coûts unitaires du travail y étant spectaculaire, à plus de 16%. D’après le BLS, seul Taïwan a enregistré une baisse plus forte de ses coûts unitaires du travail dans le secteur manufacturier entre 2002 et 2010. Par rapport aux principaux concurrents des Etats-Unis, à savoir l’Allemagne et le Japon, la compétitivité américaine s’est fortement améliorée.

Il faut dire que le secteur manufacturier américain bénéficie actuellement d’une conjoncture idéale : les coûts unitaires du travail baissent aux Etats-Unis et augmentent à l’étranger, tendance exacerbée par la sous-évaluation du dollar ; la flambée des cours du pétrole renchérit le coût du transport ; les nouvelles techniques d’extraction du gaz ont permis de réduire les coûts de l’énergie au niveau national. Conclusion : dans certains secteurs, on peut désormais raisonnablement envisager de rapatrier la production aux Etats-Unis après l’avoir délocalisée dans les pays en développement.

Au début des années 2000, le besoin de financement extérieur des Etats-Unis était imputable aux dépenses débridées des ménages. L’éclatement de la bulle immobilière les a contraints à assainir leurs bilans, et ils dégagent désormais une capacité de financement. Depuis le milieu de 2008, son montant cumulé est de plus de 2 000 milliards de dollars, soit 14 points de PIB. L’endettement des ménages avait atteint un pic au premier trimestre 2008 et a reculé de 6,5% depuis, soit une baisse de 20 points de revenu disponible. Le taux d’endettement est ainsi revenu sous 110% ; au plus bas depuis 2003.

Le modèle de croissance américain a été modifié en profondeur. Les ménages n’en sont plus le moteur principal. C’est de bon augure dans un contexte d’atonie des créations d’emplois. Mais la récession européenne affecte peu à peu les pays émergents, et les perspectives pour le commerce extérieur américain s’assombrissent. Grâce au changement de modèle, l’économie américaine aura été de celles résistant le plus longtemps aux affres européennes. Mais le découplage n’existe pas et à son tour, l’indice ISM est passé sous la barre des 50 points en juin…

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