Syrie : ces obstacles qui compromettent tout espoir d'une solution politique<!-- --> | Atlantico.fr
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Un officiel iranien a confirmé ce week-end que Bachar el-Assad se présenterait aux élections présidentielles prévues par le régime en 2014.
Un officiel iranien a confirmé ce week-end que Bachar el-Assad se présenterait aux élections présidentielles prévues par le régime en 2014.
©DR

On oublie tout... ?

La rébellion, malgré une série de revers militaires, semble décidée à continuer la lutte contre le régime de Bachar Al Assad. En dépit des timides tentatives de négociations initiées par les deux camps, la Syrie semble ainsi condamnée a poursuivre sa descente aux enfers.

François Burgat

François Burgat

François Burgat est politologue et directeur de recherche au CNRS (IREMAM). Il a été directeur de l'Ifpo (Institut français du Proche-Orient) de 2008 à 2013. 

Son dernier ouvrage est Pas de printemps pour la Syrie (co édité avec Bruno Paoli) aux éditions La Découverte (2013). 

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Atlantico : Un officiel iranien a confirmé ce week-end que Bachar el-Assad se présenterait aux élections présidentielles prévues par le régime en 2014. Une solution politique est-elle toujours possible ou s'agit-il d'un bluff de la part du régime ?

François Burgat : Il n’y a rien de bien nouveau dans cette ligne de communication du régime ou de ses soutiens étrangers. L’Iran comme la Russie ont depuis le tout début de la révolte évoqué l’horizon des présidentielles de 2014 comme une possible porte "digne" de sortie de crise, dans le respect de la continuité institutionnelle.

Les rebelles ont multiplié les appels à l'aide en direction des puissances occidentales, demandant une nouvelle fois l'envoi d'armes conventionnelles. Peut-on dire que leur situation sur le terrain, de plus en plus fragilisée, peut les amener à négocier ?

Même si les progrès de l’opposition sur le terrain armé ne sont pas décisifs, il me paraît difficile pour autant de la décrire comme particulièrement fragilisée. Il est exact en revanche que le caractère inégal des soutiens extérieurs mobilisés par les deux camps s’est irrésistiblement explicité, au bénéfice du régime,  au cours de ces 24 premiers mois d’affrontements. Le soutien qu’apportent au régime la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais au pouvoir est d’emblée sorti du seul registre diplomatique et il s’est clairement affermi en se concentrant sur l’essentiel, c’est-à-dire le terrain militaire. A l’inverse, le soutien occidental s’est longtemps cantonné à l’opposition politique en exil et, à l’intérieur, à l’action humanitaire et aux sanctions contre le régime. Mais il a tardé jusqu’à ce jour à porter sur le terrain essentiel de l’armement,  domaine où les financements ponctuels de certains pays du Golfe sont loin d’avoir rétabli l’équilibre. En menaçant de boycotter les négociations internationales, l’opposition en exil a voulu surtout signifier son découragement devant ces atermoiements qui prolongent une situation qui est paradoxalement propice à cette radicalisation sectaire dont l’Occident entend se prémunir. C’est en effet la tonalité religieuse qui a, indiscutablement,  pris le pas au sein de l’opposition armée,  très majoritairement sunnite, qui est manifestement à l’origine de ces hésitations européennes et "états-uniennes"  à soutenir un camp dont elles craignent de le voir échapper ensuite à leur sphère d’influence.

Les puissances extra-régionales impliquées (Russie, États-Unis, Union européenne) sont-elles favorables à une telle issue ? Sous quelles conditions ?

La Russie  ne s’est jamais arc-boutée sur le maintien au pouvoir de la personne de Bachar el-Assad mais bien sur le principe d’une transition négociée laissant quelques ressources au camp du président et à sa communauté. Les Occidentaux ont, au contraire, fait depuis longtemps, à tort ou à raison, du départ sans condition du clan Bachar le préalable obligé de toute sortie de crise. Toutefois, les deux camps ont manifestement des "états d’âme" devant le pourrissement de la situation et on ne peut complètement exclure que l’un ou l’autre assouplisse sa position.

La partie non alignée de la population peut-elle influer sur un éventuel processus de paix ?

Tout en espérant sincèrement me tromper je crains que non. Pour l’heure et pour encore pas mal de temps, il semblerait que l’initiative politique appartienne prioritairement à ceux qui portent les armes. Une solution "à la Yéménite" (l’appareil d’État se divisant entre les deux camps) serait la moins invraisemblable. Mais même celle-là paraît très peu probable vu l’ampleur de la violence que l’artillerie lourde et l’aviation du régime ont déversée sur la population, dans des proportions incommensurablement plus importantes que celle qu’a déployée l’opposition armée pour le combattre. Dans tous les cas, c’est du régime que devrait venir une réelle initiative de paix, tellement il est clair que, depuis le premier discours du président, toutes ses offres et autres promesses précédentes sont demeurées dénuées de toute retombée pratique.

Propos recueillis par Théophile Sourdille

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