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Steve Jobs vs Dexia : 
self-made man à l'américaine contre noblesse d'État française
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Choc des conceptions

Qu'ont en commun l'emblématique patron d'Apple et les patrons de Dexia, actuellement au cœur de la tourmente ? A priori, pas grand chose. Une comparaison permet pourtant de dégager des différences entre les sociétés française et américaine...

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Alors que les yeux des Français et des Belges sont braqués sur l’avenir de Dexia - mais aussi ceux du reste du monde vu les risques de chute de dominos que créerait certainement la faillite de cet établissement bancaire comme l’a remarquablement expliqué Philippe Herlin - nous avons appris avec tristesse la disparition de Steve Jobs à l’âge de 56 ans. Bien que ces deux évènements n’aient aucun rapport, il est intéressant de les rapprocher pour voir non pas le fossé mais le gouffre qui sépare le capitalisme français du capitalisme américain.

Steve Jobs : symbole du "self made man" à l'américaine

Commençons par les États-Unis, avec en particulier le cas de Steve Jobs et des pionniers de l’informatique pour tous. Apple, Microsoft, Google, Facebook, bref tous ces noms créés par des génies partis de rien alors qu’ils étaient âgés d’une vingtaine d’années. Steve Jobs était un enfant adopté qui, la « High school graduation » en poche, l’équivalent du Bac, fit un semestre d’université avant d’arrêter ses études pour commencer comme technicien chez Atari (les personnes de ma génération ont toutes connu les fameuses consoles Atari) puis de monter sa boite avec Steve Wozniack dans le garage de la famille Jobs (heureusement qu’ils ne l’ont pas fait en France en cas de visite de l’inspection du travail). Il avait alors 21 ans.

Ce mercredi, au moment de sa disparition, le garage était loin puisque Steve Jobs était considéré comme la 34ème fortune américaine et la 110ème fortune mondiale, la preuve que le rêve américain existe et que le terme « self made man » est bien une expression américaine. 

Dexia : la noblesse d'État aux manettes

Continuons avec la cas Dexia, aujourd’hui sur la même pente que le Crédit Lyonnais il y a une vingtaine d’années, après avoir pourtant été sauvée de la faillite par les contribuables français et belges il y a trois ans qui en furent pour 6,4 milliards d’euro de leurs poches. Dexia a été menée à sa situation de faillite en 2008, tout comme le Crédit Lyonnais dans les années 1990, en ayant à sa tête un membre de ce qu’il faut bien appeler la noblesse d’État, c'est-à-dire les anciens élèves des grandes écoles : X-Ponts et chaussées pour Pierre Richard, ENA-Inspection des finances pour Jean-Yves Haberer.

Dans les deux cas aucun des deux n’a crée sa boite, aucun des deux n’a pris le moindre risque sauf avec l’argent du contribuable ce qui est toujours plus facile qu’avec le sien. Les deux ont mené une politique d’expansion mégalomaniaque qui a conduit les entreprises qu’ils dirigeaient à la catastrophe, les pots cassés ayant été payés par les Français pour le Crédit Lyonnais, par les Français et les Belges pour Dexia (ce qui est loin d’être terminé dans ce cas). On pourrait citer également le cas de Jean-Marie Messier (X-ENA-Inspection des finances) à la tête de Vivendi mais, comme le contribuable n’a pas été sollicité dans ce second cas, on en fera abstraction.

Les entreprises du CAC 40 sont dirigées dans leur écrasante majorité par les personnes issues de cette noblesse d’État, contrairement aux entreprises américaines du NASDAQ qui n’employaient pour certaines que deux ou trois personnes il y a 35 ans (Apple) pour en employer des milliers aujourd’hui. Où sont les Apple, Google, Microsoft, Facebook français ? Où est la méritocratie qui permet à un « self made man » de connaître une réussite fulgurante au niveau mondial ? Où sont les milliers d’emplois que ces Jobs, Gates ou Zuckerberg français auraient crées ? C’est bien là que se situe la grande fracture entre le capitalisme américain et le capitalisme français.

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