Statu quo ou dynamiques surprises ? Voilà à quoi pourrait ressembler une Assemblée nationale post dissolution <!-- --> | Atlantico.fr
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Que peut risquer le président de la République s’il y a une dissolution ?
Que peut risquer le président de la République s’il y a une dissolution ?
©EMMANUEL DUNAND / AFP

Impact du 49.3

Que peut risquer Emmanuel Macron en cas de dissolution de l'Assemblée nationale ? Des élections législatives anticipées peuvent-elles changer drastiquement la répartition des sièges à l'Assemblée ?

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy est politiologue, spécialiste de l'opinion. Il s'exprime sous pseudonyme.

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Atlantico : Un sondage de l’institut Harris Interactive pour Challenge(s) permet d’en savoir plus sur la composition de l’Assemblée nationale en cas d’élections législatives anticipées suite à une dissolution en 2023. Que doit-on en conclure ?

Xavier Dupuy : On observe par rapport à juin 2022 une dynamique pour le Rassemblement national (+ 3 points), tandis que l’on reste sur des variations assez faibles pour les autres formations. Notons une légère baisse de la Nupes avec une poussée des partis divers gauche et un bloc droite/divers droite qui reste stable. Le RN doit engranger un vote de protestation mais un vote assez éparpillé. 

Concernant la Nupes, on constate une baisse de plus d’un point, pareil pour la majorité présidentielle, ce qui veut dire que les deux principales forces du mois de juin dernier resteraient en tête. Mais les dynamiques ne sont pas les mêmes : on avait une répartition avec un RN assez loin derrière (à 19% contre 25,5 pour les deux autres) alors qu’on aurait un RN à 22% maintenant et les deux autres (Nupes et Renaissance) seraient à 24%. 

Pour les LR, c’est un statu quo. Ils ont environ 55 circonscriptions dans lesquelles ils n’ont rien à craindre, avec des personnes très implantées au niveau local. 

Mais cela ne tient pas compte de la redistribution des qualifications de second tour, ce qui peut avoir un impact non négligeable sur le nombre de sièges obtenus. A titre d’exemple, un candidat Renaissance face à un candidat Nupes dans une circonscription rurale, qui a été élu en juin dernier, pourrait être battu s’il fait face maintenant à un candidat RN. 

S’il n’y a pas de dynamique particulière excepté pour le RN, il n’y a pas non plus d’effondrement de différents partis. 

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Ces sondages sont faits par projection nationale et non par circonscription. Cela biaise le résultat final ?

Vu les résultats observés, on peut penser que pour la gauche, l’électeur qui vote divers gauche (DG) répond par rapport à la propre connaissance qu’il a sur son territoire. Ce qui veut dire que les candidats DG seraient probablement réélus assez facilement. 

En réalité, ceux qui répondent à la question réfléchissent par rapport à la connaissance du territoire en question. Par exemple, dans les circonscriptions où vous avez un sortant LR ou un sortant classé divers droite (LDVD), vous avez probablement un sondé qui réagit par rapport à la connaissance qu’il a de son territoire et cela propulse immédiatement le candidat DD ou le candidat LR assez haut. De manière plus générale, dans environ 15% des circonscriptions, un sondé va répondre en fonction de la connaissance d’un sortant qu’il a en mémoire. 

Peut-on imaginer une repolitisation des Français ou au contraire une abstention encore plus forte ?

On peut avoir une reproduction du même taux de participation du mois de juin 2022, mais pas forcément avec les mêmes électeurs. On peut avoir plus d'électeurs d’opposition au pouvoir qui viennent voter et moins d’électeurs favorables au pouvoir en place. Les soutiens à la majorité présidentielle seront peut-être moins motivés pour se déplacer aux urnes et apporter une nouvelle fois leur soutien à Emmanuel Macron. Mais on reste avant tout sur un mode de scrutin qui est très sensible.

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Que peut risquer le président de la République s’il y a une dissolution ?

Ils perdront des sièges, car dans le climat actuel, même si les mêmes candidats se qualifient au second tour, il y aurait des reports de voix qui leur seraient encore plus défavorables. 

Au lieu d’avoir 250 députés, il peut se retrouver avec 225 députés, ce qui donnerait une Assemblée nationale ingérable. Jusqu’à maintenant, la majorité présidentielle tentait de faire voter un texte avec la gauche ou la droite. S’il a maintenant 225 députés, cela deviendra très difficile d’obtenir des accords avec d’autres groupes.

C’est pourquoi une dissolution apparaît peu probable. En 1997, avant que Jacques Chirac annonce la dissolution, les sondages lui donnaient une majorité absolue. Lorsqu’il annonce la dissolution, tout bascule. C’est pourquoi on peut se demander quelle dynamique pourrait se créer au moment où Emmanuel Macron annoncerait la dissolution. Certains pourraient avoir peur de voir le chaos s’installer dans le pays et tout de même se mobiliser pour le chef de l’Etat. Le climat actuel est tellement tendu que faire des projections à l’instant où je vous parle reste difficile. 

Que peut-on en dire avant les prochaines élections européennes de 2024 ?

On aura probablement un RN qui sortira en tête, d’autant qu’il n’y aura pas de liste d’union à gauche. La majorité présidentielle devrait arriver deuxième, mais à quel niveau. Si elle a 23% ou 19%, ce ne sera pas du tout la même chose même si elle arrive deuxième derrière le RN. 

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