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SOS parents en crise : comment éduquer ses enfants dans un monde de plus en plus complexe ? La science a des réponses pour vous
©Reuters

Chérie, j'ai rétréci les gosses

Pour Alison Gopnik professeur à l'université de Californie, élever ses enfants doit plus être similaire au jardinage, c'est-à-dire un processus long et peu exact. Découverte du monde, apprentissage, accompagnement : voila ce qu'il faut vraiment faire pour aider au développement du cerveau de nos enfants.

Alain Sotto

Alain Sotto

Alain Sotto est psychopédagogue. II s'est spécialisé dans les stratégies d'apprentissage pour enfants et adultes. Il a co-écrit, avec Varinia Oberto, "Le beau métier de parent" aux éditions Hugo Doc.

 

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Atlantico : Pour des professeurs de l’université de Californie, élever ses enfants est similaire au jardinage, c’est-à-dire un processus long et peu exact. Pensez-vous que cette métaphore est réaliste ? 

Alain SottoDire que cultiver le cerveau d’un enfant s’apparente plus au travail du jardinier qu’à celui du menuisier est une métaphore intéressante. La plante est en étroite relation avec son environnement et elle va se développer en fonction des soins qu’on va lui porter et des conditions particulières du milieu. Le menuisier doit mesurer plusieurs fois et couper une fois. D’un côté un processus lent et aléatoire, de l’autre côté une action mécanique sur la matière. Là s’arrête la métaphore.

L’être humain est à la fois de nature biologique, psychologique et social et c’est l’interaction entre ces trois éléments qui va donner un être absolument unique car il n’y a pas deux cerveaux semblables dans tout l’univers. Si les processus de développement sont les mêmes pour tout le monde, si l’architecture du cerveau est identique chez chacun d’entre nous, ce que nous allons mémoriser et coder émotionnellement, est absolument unique.

D’après ces professeurs le cerveau des enfants se forme par étape. Pour vous quelles sont ces différentes étapes ?

La formation du cerveau se fait par poussées et par paliers et  dépend des stimulations du monde extérieur. Le développement des synapses et du réseau neuronal est intense avant 3 ans et plus ou moins rapidement jusqu'à 10 ans environ .Cependant, les connexions continuent à se faire et se défaire en fonctions des expériences vécues et des connaissances mémorisées. Les lobes frontaux termineront leur complète maturation vers 30 ans. La découverte de la plasticité cérébrale qui implique un cerveau en perpétuelle reconfiguration, a mis à mal l’idée que tout se jouait avant 6 ans. Tous les possibles sont ouverts en permanence. Chaque situation vécue va initier un nouvel arrangement neuronal qui devra faire sa place dans le réseau. Si ce nouveau circuit est régulièrement  sollicité et produit toujours du plaisir, il va constituer le socle de tous les apprentissages. Donc au lieu d’attendre des étapes définies à l’avance et de culpabiliser si on croit en manquer une du fait de l’éducation donnée, il est plus essentiel de suivre paisiblement l’évolution de son enfant et lui permettre ainsi d’explorer le monde avec la plus grande des libertés. Et nourrir son immense curiosité.

D'après vous, en quoi ces enseignements sont-ils à prendre en compte pour les parents ? Qu'est-ce que ces enseignements pourraient changer dans l'éducation donnée actuellement aux enfants ?

Ce que les parents doivent prendre en compte, c’est  que le cerveau de l’enfant est un univers en expansion qui est génétiquement programmé pour apprendre. En explorant et en manipulant tout ce qui est à sa portée, l’enfant mémorise le résultat de ses actions et le plaisir qu’il en a retiré. Il va alors chercher à reproduire l’action réussie grâce à ce plaisir ressenti. Si l’action n’a pas été efficace, l’enfant plus grand, aidé par ses parents, va analyser les erreurs afin d’améliorer ses futurs essais. La construction des intelligences se fait par essais et erreurs. Et à ce stade là, il n’y a jamais échec. Il faut bien avoir à l’esprit que notre cerveau, en utilisant la pensée, est bâti pour l’action.

Si l’enfant bénéficie d’un attachement sécurisant et qu’on lui fait confiance, si des mots sont mis sur les émotions, celles de l’enfant et celle des parents, si enfin, on partage avec lui un présent de qualité, alors le voilà prêt pour toutes les conquêtes.

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