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SNCF : les 3 détonateurs qui pourraient faire dérailler le gouvernement
©FRED DUFOUR / AFP

Danger

Les quatre syndicats représentatifs de la SNCF menacent le gouvernement d'un conflit social "majeur" s'il décide de passer en force son projet de réforme du secteur ferroviaire.

Matthieu Chaigne

Matthieu Chaigne

Matthieu Chaigne est directeur associé chez BVA. Il est aussi co-fondateur de l'observatoire des sondages et tendances émergentes Délits d'Opinion, chargé de cours à l'INSEEC et à la Sorbonne-CELSA.

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Le Gouvernement peut-il se fracasser sur la réforme de la SNCF ?

Le rapport Spinetta, base de discussions à venir, envisage le bing bang : changer le statut des nouveaux cheminots embauchés, modifier la structure juridique de l’entreprise, réduire son aire de compétences. Le Gouvernement veut aller très vite pour éviter un bras de fer qui s’annonce pourtant inévitable.

A première vue, les signaux sont au vert

Sur le papier, le Gouvernement a un boulevard devant lui. D’abord, il bénéficie d’une exaspération croissante des Français envers la SNCF : pannes à répétition, forte médiatisation des bugs monumentaux gare Montparnasse… entre les Français et leur service public, le divorce semble consommé : les chiffres mensuels sur la satisfaction fournis par Ipsos témoignent d’ailleurs d’une baisse très forte sur deux items clés : la réputation et l’expérience client.

Ensuite, le Gouvernement peut tirer pleinement partie de la fenêtre de tir politique.  Le mandat donné aux Français à Emmanuel Macron est clair : les Français ne veulent plus du statut quo. C’est la raison principale pour laquelle l’opposition est inaudible. Et même si la popularité d'Emmanuel Macron (-5) est en forte baisse en janvier et repasse en dessous de la barre des 50%, selon un sondage BVA, ce dernier continue de bénéficier d’un alignement des planètes.

En toile de fond, les tabous historiques sont en train de tomber. Ainsi, le statut de la fonction publique, et parapublique, est aujourd’hui battu en brèche. Mi-février, une étude révélait que ni les Français ni les fonctionnaires n’étaient opposés à la fin du statut de fonctionnaire à vie.

Forte insatisfaction vis-à-vis de la SNCF, fin des tabous concernant la fonction publique, injonction aux changements : qu’est-ce qui pourrait freiner la grande transformation de la SNCF ?

Un train peut en cacher un autre

Il y a les réformes, et ce qu’elles symbolisent. La révolte des bonnets rouges n’avait plus grand-chose à voir avec le projet des  portiques Ecotaxes. De même, la grogne contre le projet  CPE traduisait au-delà des modalités de ce contrat, une angoisse plus profonde d’une génération qui peinait à trouver sa place.

Souvent cela explose quand la réforme vient télescoper une inquiétude plus grande qu’elle. La SNCF pourrait jouer un rôle de  détonateur. Trois terreaux sont particulièrement explosifs :

La révolte des territoires d’abord : dès la sortie du rapport Spinetta, les syndicats se sont insurgés contre la possible remise en cause de leur statut. S’ils en restent là, leur mouvement demeurera catégoriel. Une bombe à fragmentation autrement plus mobilisatrice réside pourtant dans les conclusions : il est indiqué ainsi que 2% de la population ne pourrait préempter près de 2 milliards de moyens. Entre les lignes, une affirmation est posée : le service public doit intégrer une logique de rentabilité. Une hypothèse insupportable pour des territoires qui ont déjà le sentiment d’être mis à la marge et qui voient chaque jour leur moyens réduits.

Le front commun des fonctionnaires et des retraités.  C’est un secret de polichinelle : les grèves massives de la fonction publique sont souvent le fruit d’une mobilisation forte des retraités qui viennent prêter « voix forte » aux côtes des actifs. Or, la séquence qui s’ouvre pourrait créer un pot commun inédit des revendications et offrir une caisse de résonnance aux retraités touchés par la hausse de la CSG. Car l’insatisfaction est grande. La catégorie des retraités est selon BVA celle qui est la plus convaincue – à 82% - que ses revenus ont baissé cette année.

L’ombre du libéralisme à tout crin: derrière toute réforme, c’est la philosophie de l’exécutif qui est questionnée. La rhétorique du Gouvernement actuel vise précisément à éviter cet écueil : le seul critère affiché tient en deux mots, efficacité et pragmatisme. Une posture qui nécessiterait de reléguer au second rang la question de l’endettement de la SNCF. Si la question financière devenait le seul argument audible, alors elle alignerait la politique du Gouvernement sur des seules logiques comptables dont les Français se moquent. Le défi des réformistes est autre : donner aujourd’hui à voir ce que la réforme changera dans leur quotidien demain. Faute de quoi entre le statut quo reprendrait ses droits en France.

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