« Simone » de Léa Chauvel-Levy : « Des caresses de Breton aux œuvres de Mondrian »<!-- --> | Atlantico.fr
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Léa Chauvel-Lévy s'apprête à publier "Simone" (Editions de l'Observatoire) lors de la rentrée littéraire.
Léa Chauvel-Lévy s'apprête à publier "Simone" (Editions de l'Observatoire) lors de la rentrée littéraire.
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Atlantico Litterati

« Nous avons eu, dès la première scène, un immense coup de cœur pour Simone  à la fois bouleversante de mélancolie et étrangement proche. Quand nous avons reçu Simone – texte que Léa Chauvel-Levy nous a adressé via son agente, Ariane Geffard – cela faisait longtemps que nous recherchions, Dana Burlac (directrice littéraire « fiction » aux éditions de l’Observatoire, ndlr ) et moi (éditrice fiction, ndlr) une nouvelle voix et une telle capacité à se fondre entièrement dans un personnage, une époque, une histoire ».

Annick Geille

Annick Geille

Annick GEILLE est journaliste-écrivain et critique littéraire. Elle a publié onze romans et obtenu entre autres le Prix du Premier Roman et le prix Alfred Née de l’académie française (voir Google). Elle fonda et dirigea vingt années durant divers hebdomadaires et mensuels pour le groupe « Hachette- Filipacchi- Media » - tels Playboy-France, Pariscope et « F Magazine, » - mensuel féministe (racheté au groupe Servan-Schreiber par Daniel Filipacchi) qu’Annick Geille baptisa « Femme » et reformula, aux côtés de Robert Doisneau, qui réalisait toutes les photos d'écrivains. Après avoir travaillé trois ans au Figaro- Littéraire aux côtés d’Angelo Rinaldi, de l’Académie Française, AG dirigea "La Sélection des meilleurs livres de la période" pour le « Magazine des Livres », tout en rédigeant chaque mois pendant dix ans une chronique litt. pour le mensuel "Service Littéraire". Annick Geille remet depuis sept ans à Atlantico une chronique vouée à la littérature et à ceux qui la font : « Atlantico-Litterati ».

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« L’aisance avec laquelle Léa Chauvel-Levy capture le lecteur et l’invite à entrer dans la vie de Simone, comme par une porte dérobée, est saisissante. A mon sens, c’est un véritable voyage littéraire qui nous transporte bien au-delà de nous-mêmes, et qui éveille tous nos sens : les premiers frissons de Simone, les caresses d’André Breton, les émotions à « en devenir fou » face aux œuvres de Mondrian, la fièvre de la foule devant les discours de Tzara, mais aussi cette douleur intense de Simone. Ces corps qui s’éveillent, le désir (..). Comme si nous ne faisions qu’un avec Simone.C’est finalement aussi simple, ou presque, que cela ».

(Propos recueillis par Annick Geille)

Il gagnait toujours

«Sur le quai, André Breton avançait avec son bagage léger, un livre sous le bras. Simone fut terrassée par son apparition. Chacun des mots qu’il avait eus à son égard lui revinrent à l’esprit. De savoir tout ce qu’il lui avait confié la gêna. Elle eut honte pour lui. Il lui baisa la main et la retint longuement dans ses paumes. Ses mains étaient chaudes et larges. Une patte d’ours inoffensif. La honte de Simone se transforma en peine pour ce jeune homme qui se tenait devant elle, si vulnérable, entièrement soumis à son assentiment. Tout suspendu à ce qu’elle pourrait lui offrir. Il était, de fait, dans une position d’infériorité d’avoir montré tant d’empressement. L’avait-elle invité pour lui faire plaisir ? Au fond, elle ne savait plus penser pour elle-même et endossait une responsabilité trop grande pour son esprit profondément confus. L’être qui déclare son amour s’impose une violence sans nom. Il se jette dans le vide sans savoir s’il perdra pied. Rien ne peut le retenir, rien ne l’arrête.  Et dans ce piège qu’elle avait l’impression de lui avoir tendu, il attendait, victime innocente, à la merci d’une sentence. Quatre jours à ses côtés. Elle disposait, en somme, de lui. Elle s’était fait l’affront de s’imposer un temps long face à un prétendant et se voyait maintenant otage d’une situation qu’elle avait elle-même programmée. Elle se sentait égoïste et presque perverse d’avoir manigancé pareil plan. Le regard de Breton semblait triste, à moins que cela ne fût qu’une  pure projection. Laissant Denise avancer, André prit Simone par le bras.

- Vous me manquez alors que vous êtes en face à moi.

Prise au dépourvu, elle fut bouleversée par ces mots. Décontenancée face à ce personnage qui avait tant de ressources, le don de la formule et semblait déjà, il fallait l’admettre, la connaître par cœur. Elle se sentit rosir et eut peur de balbutier. Elle se tut, la bouche sèche, puis prononça le nom de Denise. Elle baissa la tête, se concentrant sur les pavés qui la déséquilibraient. Tant bien que mal, elle tentait de retrouver un peu d’aplomb. Mais il gagnait toujours. Il allait l’avoir, se dit-elle. En quelques minutes à peine, il avait réussi à retourner la situation, il était redevenu son égal. »

Copyright Léa Chauvel-Levy / « Simone »/ Editions de l’Observatoire/179 pages/18 euros(non disponible à la vente avant le 20/08/2021)

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