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Eléments de compréhension ludique de la crise de la dette
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Le monde des sims va-t-il disparaître ?

Souvenez-vous de Sim City, ce jeu vidéo où l'on doit gérer une ville tout en faisant attention à juguler les déficits et en ménageant l'humeur de ses administrés. Et si ces simples règles du jeu avaient des choses à nous enseigner sur la crise ?

Aurélien Fouillet

Aurélien Fouillet

Aurélien Fouillet est chercheur au Centre d’Etudes sur l’Actuel et le Quotidien (Université Paris V René Descartes). Il est docteur en Sociologie. Sa thèse s’intitule : "L’esprit du jeu dans les sociétés post-modernes. Anomies et socialités : Bovarysme, mémoire et aventure." Il a également collaboré à l’ouvrage dirigé par Michel Maffesoli et Brice Perrier : L’homme postmoderne.

Ses thématiques de recherche sont : le jeu, le risque, la morale, les nouvelles technologies, la science fiction et la bande dessinée.

Il est membre de la rédaction des Cahiers Européens de l’Imaginaire et l’un des trois fondateurs de La Tête qui manque.

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C’est l’histoire d’un mec qui se lève un matin, va à la Fnac et voit un nouveau jeu qui vient de sortir : Sim City.

Le principe en est assez simple, vous venez d’être élu maire d’une ville qui n’existe pas et votre mission est de la créer et de la faire prospérer. Seule restriction, si votre budget dépasse un certain déficit, vous avez perdu. Si des émeutes éclatent, les gens quittent votre ville, donc plus d’impôts, les dettes augmentent, le déficit aussi et hop, vous avez perdu. Si une catastrophe naturelle – ou une attaque extra-terrestre – détruit toutes vos infrastructures énergétiques et de gestion des ressources en eau potable et que vous ne réagissez pas assez vite, ou si vous n’avez déjà plus les moyens de reconstruire, l’industrie s’en va, donc plus de cotisations industrielles, le chômage augmente, le déficit aussi et, comme vous l’avez compris, vous avez perdu car le déficit se creuse.

Dans ce jeu, vous êtes plus ou moins omnipotent. Vous choisissez quel type de surface vous voulez allouer : commerciale, industrielle, agricole, d’habitation. Vous pouvez régler les niveaux d’imposition de ces différentes zones et attirer ainsi telle ou telle catégorie sociale, telle ou telle industrie, telle ou telle entreprise de service, etc. Vous pouvez même provoquer vous-mêmes des catastrophes naturelles, si l’ennui vous gagne ou si vous voulez effacer une erreur de jeu… Vous pouvez même régler la vitesse du jeu.


De Sim City à Sin City ?

Bref, ce type achète le jeu, rentre chez lui et crée une super ville. La population afflue. L’industrie prospère. Le commerce se développe. L’éducation a un niveau élevé, tout comme la santé. Les réseaux de transports fonctionnent pour le mieux. « Pognon » (c’est le nom de la ville, le type ne savait pas comment l’appeler) est une ville fleurissante, riche et capable d’investir dans les dernières technologies énergétiques.

Soudain, les associations de protection de l’environnement attirent l’attention du type – le maire donc –  sur la vétusté des installations nucléaires. Il vérifie, encore 10 ans d’espérance de vie. « Elles tiendront bien encore un peu, je suis en train de finaliser la dernière ligne de métro. » Et puis, tout dérape. Un raz de marée et un tremblement de terre font exploser sa centrale nucléaire. Toute sa zone industrielle est inhabitable. La crise énergétique commence. L’industrie s’en va, le chômage augmente, les rentrées d’argent baissent. Le type fait un prêt. Il rachète une centrale nucléaire. Il n’a plus les moyens d’investir dans des panneaux solaires trop coûteux. Puis il fait un deuxième prêt pour réhabiliter les zones contaminées. Ces voisins – oui il y a d’autres villes avec qui on peut faire du commerce – lui proposent leur aide. Retraitement des déchets, vente d’électricité, vente d’eau potable, prison de haute sécurité. Le type accepte tout. Il faut bien qu’il relance son économie. Il augmente les impôts et diminue les avantages sociaux qu’il avait accordés lorsque « Pognon » était prospère. Il réduit le nombre de policier, de pompiers, d’enseignants et de médecins. La dette se résorbe alors petit à petit. « Ouf !  Se dit-il. J’ai évité la catastrophe. »

Soudain, des émeutes éclatent un peu partout dans sa ville. Mais plus assez de policiers. Les émeutiers allument alors des incendies. Mais plus assez de pompiers. Des quartiers partent en flamme. Le maire veut encore faire un emprunt pour pouvoir assurer les dépenses courantes de la ville, mais il est trop tard, la dette est trop abyssale : GAME OVER.  Vos sims en ont marre, vous êtes virés par le conseil municipal.


Don’t be sad. It’s just a game.

Mais tout cela n’est qu’un jeu. Il n’y a que dans les mondes virtuels qu’une ville prospère puis s’écroule en raison d’une gestion douteuse. Car il s’agit bien de cela. L’argent rentrait dans les caisses, les gens travaillaient et produisaient de la richesse, les finances de la ville étaient prospères. Et puis le type a fait n’importe quoi. Il n’y a que dans les jeux vidéo que le maire se fait virer ! Alors rassurez vous. (et en Irlande peut-être ?)

Alors bonne partie à tous.

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