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Des groupes de jeunes lors du déconfinement.
Des groupes de jeunes lors du déconfinement.
©FRANCOIS GUILLOT / AFP

Maturité

D'après les études de nombreux psychologues, psycholinguistes et neuroscientifiques de l'East Carolina University et de l'Université de Calgary, les adolescents qui utilisent le sarcasme auraient une forme d’intelligence supérieure à la moyenne.

Nawal Abboub

Nawal Abboub

Nawal Abboub est une scientifique et une entrepreneure. Elle a obtenu un master en neurosciences et un doctorat en sciences cognitives de Sorbonne Paris Cité, à cheval entre les neurosciences, la linguistique et la psychologie, et est actuellement directrice d'une U.E à l'Ecole Normale Supérieure. Après ses découvertes scientifiques sur le développement du cerveau et son fonctionnement, Nawal Abboub a co-fondé Rising Up, une startup qui déploie des solutions technologiques et pédagogiques pour des enjeux sociaux concrets : développement des compétences, innovation pédagogique, etc

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Atlantico : Selon les travaux et les études de nombreux psychologues, psycholinguistes et neuroscientifiques de l'East Carolina University et de l'Université de Calgary et d'après la BBC, les individus et plus particulièrement les adolescents qui utilisent le sarcasme auraient une forme d’intelligence supérieure à la moyenne. Comment l’expliquer ? Peut-on également y voir une preuve de maturité ? 

Nawal Abboub : La définition de l’intelligence correspond à la capacité d’un individu à s’adapter à son environnement. Cela amène à des capacités de réflexion accrues qui permettent de réfléchir plus vite, déployer des stratégies… L’intelligence correspond donc à un ensemble de facteurs. Le sarcasme peut en faire partie, mais c’est simplement une forme d’intelligence parmi d’autres. 

De plus, le sarcasme est une faculté assez particulière. Cela demande à comprendre des formes abstraites de langage et à avoir des raisonnements en « double boucle », c’est à dire qui permettent de comprendre à la fois le sens littéral et figuré d’une certaine phrase. Il faut également savoir que le sarcasme c’est souvent se moquer d’autrui. Cela amène donc à générer chez l'autre des émotions assez négatives. En neurosciences, on réalise que les individus qui ont une intelligence supérieure à la moyenne sont généralement à l’inverse de ce principe. 

Savoir comment les enfants utilisent et expriment leurs émotions est très important. Contrairement à ce que l'on pense, c'est une compétence dite de très haute complexité cognitive ! Certaines recherches montrent qu'elle se développe tout au long de la vie (même après 20, 35 ou 40 ans) et s'entraîne au quotidien. Si on voit que certains enfants ou adolescents arrivent à poser des mots sur leurs émotions pour les exprimer avec fluidité et confort, on peut effectivement dire qu’ils sont en avance par rapport à la moyenne. 

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A quel point l’environnement familial de l’enfant peut-il influencer sa compréhension et son utilisation du sarcasme ? Comment réagir face à un enfant qui l’utilise ? 

On sait aujourd’hui avec certitude que le cerveau apprend généralement à partir de son environnement. Si les parents utilisent le sarcasme régulièrement, l’enfant sera familier avec ce type de langage et il est très probable qu'il l'utilisera également. Le sarcasme étant un comportement très particulier, il peut être blessant et engendrer des émotions négatives ! On ne peut pas l'utiliser au quotidien pour n'importe quoi et envers n'importe qui. Les enfants qui grandissent dans des environnements où ils sont rabaissés et où on se moque d'eux, aura des conséquences sur leur développement et leur comportement. Des recherches ont même montré que ces enfants ont plus de probabilité d'avoir plus tard des épisodes de dépression ou des troubles anxieux. A l’heure actuelle et avec la crise que nous traversons, nous avons besoin de solidarité, d'altruisme et d'émotions positives. Je pense qu’il faut chérir ce type de comportement, plutôt que d’utiliser un langage qui peut blesser autrui. 

Comment expliquer que le sarcasme soit si difficile à manier pendant la petite enfance et qu’il se développe à l’adolescence ? Sa complexité le rend-il trop compliqué à manier pour une jeune enfant ?

Quand les enfants commencent à manier le langage, ils vont d’abord décoder les sons, apprendre le sens des mots … avant de produire les premières phrases. Ensuite seulement, ils commencent à comprendre ce que les phrases veulent dire. Ils pourront commencer à manier leur sens caché, ce qui fait appel à un haut niveau de raisonnement linguistique. 

Quels peuvent être, pour un adolescent, les avantages à savoir manier le sarcasme ? Peut-on y voir un atout pour sa réussite scolaire ?

Selon moi, l’utilisation du sarcasme permet dans un sens de développer son avis critique. Cela permet d'exprimer ses opinions, notamment des accords ou des désaccords potentiels. Le sarcasme amène également à développer plusieurs niveaux de raisonnement. C'est en cela que cela peut être un avantage !  A l'âge de l'adolescence, c'est très important de pouvoir exprimer ses opinions, exprimer et justifier ses choix ! On peut être en désaccord, mais sans blesser l'autre. Et tout cela s'apprend et ce sera forcément très utile dans leur vie ou pour leur scolarité de manière générale. 

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