Si la France et l'Allemagne préparaient des retrouvailles, ça changerait tout<!-- --> | Atlantico.fr
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La France en a fini de se plaindre des exigences allemandes sur la nécessité des réformes structurelles.
La France en a fini de se plaindre des exigences allemandes sur la nécessité des réformes structurelles.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

François hollande et Angela Merkel n’en sont pas encore à s’embrasser sur la bouche, mais les entourages préparent des retrouvailles officielles. La France n’a pas regagné la confiance de l’Allemagne mais elle en a pris le chemin.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le conseil économique Franco-allemand qui s’est tenu en début de semaine a été marqué par un changement de climat très spectaculaire. Le ton a changé de part et d’autres. On se parle et pas pour se dire des méchancetés. La France en a fini de se plaindre des exigences allemandes sur la nécessité des réformes structurelles. Pierre  Moscovici qui conduit traditionnellement la négociation avec son collègue Wolfgang Schäuble a pris garde de ne froisser en rien nos  partenaires auxquels il a expliqué en long et en large ce que signifiait le pacte de responsabilité. 

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En bref, "une politique de compétitivité des entreprises essentiellement financée par des économies de dépenses publiques". Voilà pour les objectif de réformes structurelles. Mais les Allemands ont été aussi sensibles aux ambitions européennes dévoilées par le ministre français de l’Économie : une politique de croissance concertée et un effort d’harmonisation fiscale et budgétaire.  Sinon, on s’est félicité bien sûr de la négociation qui porte sur la future union bancaire et du lancement prochain d’une  taxe Tobin sur les transactions financières revue et corrigée à la sauce franco-allemande.

Le ministre allemand  Wolfgang Schäuble qui, en général, grogne assez facilement pour signifier son désaccord ou son agacement, n’a rien trouvé à redire. Il aurait même été surpris de tant d’harmonie. En revenant sur les engagements du président de la République française, c’est tout juste si le ministre allemand a demandé des précisions sur les modalités pratiques et sur le calendrier. La compétitivité, oui mais comment et de combien ? La baisse des dépenses publiques et sociales, oui, mais de combien ? Normalement, de telles interrogations auraient pollué la relation entre les conjoints pour un bon trimestre. Aujourd hui, les Allemands ont décidé de montrer qu'ils faisaient crédit à  la parole française. Ils sont tellement enthousiastes qu’ils en ont provoqué le premier couac.

Parmi les décisions les plus sensibles qui devaient être actées à ce conseil économique, il devait y avoir la nomination de Peter Hartz, l’ancien conseiller de Gerard Schröder, comme conseiller à l’Elysée auprès de François Hollande. Peter Hartz est considéré comme un des pères des grandes réformes allemandes. Il devait à l’Élysée  accompagner le président français dans la mise en place de réformes identiques en France. Cette nomination n’avait pas de caractère officiel et la gouvernance française comme toujours aurait préféré que ça reste discret. Malheureusement, les Allemands l’ont ébruitée, et la presse économique allemande l’a utilisée comme gage du sérieux français. Du coup, la France a dû démentir l’information par peur d’effrayer la majorité de Gauche à qui on a appris depuis dix-huit mois que le diable devait se loger en Allemagne. Après cela, difficile de lui tendre la main. Ça passera comme tout.

Pour les Allemands, l’essentiel est que la France se remette sur les rails pour redevenir un partenaire européen de puissance. Le seul point sur lequel les Allemands ont attiré l’attention de l’équipe française est évidemment le chômage. Les allemands ont une peur bleue et du chômage et de l’inflation. Souvenirs de l’avant-guerre évidemment. Le taux de chômage français (double du taux allemand) a atteint pour Berlin un niveau insupportable et dangereux pour l’équilibre d’une démocratie. Le ministre de l’Économie allemand espère seulement que les mesures projetées seront rapidement mises en œuvre et efficaces.

En attendant, l’équipe de Bercy a réussi son opération de séduction. La nouvelle attitude de  l’Allemagne a trois avantages.

D’abord, elle signifie que l’Allemagne continuera à garantir les financements français à bas prix. En gros, elle nous prête son triple A que nous avons perdu. 

Ensuite, l’Allemagne fait dire qu’elle pourra continuer d’aider la zone euro en cas de coup de tabac si les engagements français de retour à l’équilibre sont tenus.

Enfin, cette satisfaction allemande est un signal fort à la Banque centrale européenne pour qu'elle puisse reprendre sa politique d’émission de liquidités auprès de banques européennes si elles en ont besoin  et même si les banques françaises et allemandes ne sont pas parmi les plus gourmandes.

Au passage, la France serait en meilleure posture pour négocier auprès de la Commission européenne de nouveaux délias afin d’atteindre l’équilibre budgétaire.

Cela dit, tout ne tient la route que si, et seulement si, les engagements de la France sont respectés. 

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