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Shutdown à durée illimitée : Donald Trump s’illusionne-t-il sur ses chances de remporter son bras de fer avec les Démocrates ?
©SAUL LOEB / AFP

Chambre des représentants

La rentrée politique de janvier s'annonce chargée pour Donald Trump face aux Démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants.

Corentin  Sellin

Corentin Sellin

Professeur agrégé d'histoire CPGE. Spécialiste de politique américaine. Il est le co-auteur des EtatsUnis et le monde (1823-1945) aux Editions Atlande (2018).

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Atlantico : Selon un éditorial du Washington Post, "Donald Trump ne comprend pas que son influence a disparu", mais est-ce vraiment le cas, notamment vis à vis du Congrès? 

Corentin Sellin : La réalité est plus complexe. Donald Trump, il faut le rappeler, n'a aucune expérience élective ou de gouvernement avant sa présidence. Et il n'est pas réputé pour sa connaissance fine des institutions. Il avait commencé son mandat en janvier 2017 dans une situation simple, celle de deux chambres du Congrès (Chambre des représentants et Sénat) où il possédait une majorité. Et pourtant, il a déjà eu du mal à faire voter son agenda législatif, qu'on se rappelle de l'abrogation impossible d'Obamacare. Ce que le président Trump ne comprend visiblement pas, c'est qu'avec une chambre des représentants à forte majorité démocrate, il ne peut plus fonctionner par coup de menton ou tweet incendiaire. Il doit procéder par négociations longues et difficiles, en personne, avec la nouvelle speaker de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi. Et il a visiblement du mal à se faire à cette nouvelle donne. Cependant, n'oublions pas qu'il se targue d'être le meilleur des négociateurs et d'être ainsi sorti de ses faillites financières et immobilières sans coup férir. A lui de le prouver donc.

Comment mesurer plus froidement la réalité des rapports de force actuels entre trumpistes et démocrates? 

Là aussi, une situation complexe. Trump a pris une "dérouillée" électorale incontestable lors du seul scrutin sur tout le territoire national en novembre 2018, celui pour la chambre des représentants. Les démocrates ont gagné 42 sièges, avec 10 millions de voix d'avance (sur environ 112 millions exprimées) sur les républicains. Il commence donc 2019 en position relative de faiblesse, les démocrates ayant une légitimité populaire plus récente. Mais, et c'est un grand mais, comme le Sénat n'était renouvelé que par tiers en 2018, Trump a élargi sa majorité (de 51 à 53 sièges) dans cette chambre haute, bien plus importante qu'en France, et il pourra continuer par exemple d'y faire valider ses nominations. Par ailleurs, en cas d'impeachment lancé par la chambre des représentants, le Sénat se transforme en tribunal pour juger le président, avec une majorité des deux tiers requise pour la condamnation. Imagine-t-on vingt sénateurs républicains voter le renvoi de Trump? Enfin, la position historique de Trump n'est pas si mauvaise: Clinton (1994) et Obama (2010) avaient subi des déroutes électorales similaires puis une cohabitation forcée et furent réélus aisément deux ans plus tard. 


Comment envisager le rôle de l'opposition à plus long terme?

Les démocrates ont une double tâche en 2019-2020. A la Chambre des représentants, d'une part, ils doivent avec Pelosi démontrer qu'ils sont capables de légiférer et de gouverner, en passant des compromis avec le Sénat et le président, dans un esprit bipartisan. Le Congrès, en tant qu'institution, est extrêmement impopulaire aux Etats-Unis pour son blocage partisan et son impuissance à voter des lois, c'est un premier défi pour les démocrates. D'autre part, et ça pourra être contradictoire, les démocrates entament en 2019 le processus de désignation d'un nominé présidentiel en primaires pour affronter Trump auprès d'une base chauffée à blanc contre le président actuel. Entre opposition systématique à Trump et nécessité de compromis, on voit bien que le chemin de réussite est étroit.

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