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Sécurité routière : 
la somnolence, l'ennemi numéro 1
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Mort au tournant

Marche arrière pour Claude Guéant. Après avoir embrayé sur le tout répressif à l'issue du dernier comité interministériel de sécurité routière, le ministre de l'Intérieur suspend la suppression des panneaux signalant les radars, après la bronca d'une petite centaine de députés. La vitesse n'est pas le problème pour Laurent Hecquet, le délégué général de "40 millions de consommateurs", mais la somnolence et les infrastructures routières.

Laurent Hecquet

Laurent Hecquet

Laurent Hecquet est Délégué Général de l'association "40 millions d'automobilistes".

 

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Les mesures prises par le Comité interministériel sur la Sécurité Routière (CISR) ont été prises dans la plus grande précipitation et sans concertation. Ces mesures vont à l’encontre totale de l’opinion publique, par l’intermédiaire de ses parlementaires. Le gouvernement et particulièrement le ministère de l’Intérieur est obligé de faire un pas en arrière après le pas en avant qu’il a fait dans la direction de la répression, mesures qui ne sont pas acceptées et ne répondent pas aux grands enjeux de sécurité routière.

Les parlementaires, en se mobilisant, ont joué leur jeu, considérant que dans une république,  le législatif est là pour surveiller l’exécutif quand il va trop loin. Les automobilistes, en mobilisant leurs parlementaires, ont réussi a faire reculer le gouvernement qui est allé trop loin, sans connaissance des chiffres, sans analyse préalable de la situation réelle de la Sécurité Routière.

On dit que les résultats 2011 ne sont pas bons, mais par rapport à 2010, dont les six premiers mois de l’année étaient anormalement bons, et ce principalement à cause des conditions météorologiques. Il a fait très beau temps depuis le début de l’année 2011, les gens ont beaucoup plus roulé que l’année passée c’est aussi simple.

La vitesse n'est pas le vrai problème

Par ailleurs, en voulant réprimer la vitesse, le gouvernement s’est trompé. Nous avons créé un institut d’étude des accidents qui révèle que 72 % des accidents mortels ont lieu en rase campagne, dont 30 % de perte de contrôle en virage. Cela peut venir d’une vitesse excessive, ou mal contrôlée. Bien souvent, c’est le virage qui est mal signalé, et s’il y a un endroit ou mettre des radars pédagogiques en place, c’est bien là !

Par ailleurs, 35 % des accidents mortels ont lieu en ligne droite : sorties de route incompréhensibles, collisions frontales, changements de direction inopinés. Pourquoi ? Il faut ramener cela au 20 à 25 % de tués certainement dus à la somnolence au volant dont personne ne parle. La somnolence au volant est devenu le fléau le plus important en France aujourd’hui, contre lequel toute répression et réglementation est inutile. 

Par ailleurs, alcool et drogue restent d’autres fléaux majeurs. Curieusement, dans le dernier CISR, on n’a pas parlé de contrôles massifs ou de campagnes d’information sur le sujet ! Si on s’attaque aux pertes de contrôle dans les courbes et aux accidents en ligne droite, c’est un enjeu de 1500 à 1600 tués par an. C’est là qu’il faut concentrer vraiment les efforts.

Ajoutons que le réseau routier doit être entretenu, et l’on sait que le réseau se dégrade, à cause d’un désengagement de l’Etat, mais aussi des collectivités locales, qui réduisent de manière drastique leur budget d’entretien des routes, alors que l’infrastructure est un enjeu fondamental de sécurité routière.

Quand l’on mets tout cela en perspective avec les mesures annoncées par Claude Guéant, on voit bien qu’il y a un fossé. Quand les mesures ne sont pas en phase avec les enjeux, la population le ressent et le fait savoir.

Nous partageons l’objectif de passer sous la barre des 3000 morts par an, mais pas la méthode du gouvernement. Autant il était facile de gagner 1000 vies sur 17 000 tués, autant gagner 1000 vies sur 4000 est extrêmement compliqué et nécessite une connaissance précise, sans faire dans l’émotion et la communication, mais en restant dans le rationnel.

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