Sarkozy et sa nouvelle stratégie face aux primaires<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy prépare le terrain pour 2017
Nicolas Sarkozy prépare le terrain pour 2017
©Reuters

Revirement

Longtemps réticent à l'organisation de primaire au sein de l'UMP, Nicolas Sarkozy y est aujourd'hui de plus en plus favorable. Un changement d'état d'esprit vis-à-vis du mode de sélection du prochain candidat aux présidentielles qui témoigne de sa confiance grandissante.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico :  Il y a six mois, Nicolas Sarkozy revenait dans la partie et comptait bien s'imposer comme candidat en 2017 sans passer par la case primaire. Il y est maintenant plus favorable, se déplaçant de plus en plus sur le terrain. Pourquoi ce revirement ?

Bruno Jeudy : Il faut plutôt parler d'un revirement mûri sur la durée qu'un changement brusque. Avant le 21 septembre, jour de son retour à la télévision, il confie le manque d'intérêt pour une primaire et sa volonté de ne pas y participer. Mais ses proches ont voulu le convaincre qu'il avait tort d'avoir cette position, et lui dirent que la victoire à la présidence de l'UMP était important. Il ne fallait pas non plus braquer Alain Juppé et François Fillon. Donc, pendant la campagne interne, Sarkozy a fait un pas vers l'acceptation du principe des primaires. Le lendemain de son élection, il confirma qu'il y aurait bien une primaire, et qu'il s'y soumettra. Il y a donc une vraie évolution progressive de son opinion sur la stratégie à adopter.

Selon vous, a-t-il globalement plus de chances de remporter les primaires en étant président de l'UMP ? Pense-t-il qu'il ne peut pas perdre la place, s'il souhaite la briguer en 2017 ?

Maintenant qu'il a été élu avec un score moins élevé que ce que les sarkozystes pouvaient espérer, la question se pose en effet. Je pense cepenant que dans le cadre d'une primaire restrictive à la seule UMP, et pas très ouverte comme l'a fait le PS en 2011, Nicolas Sarkozy est sûr de gagner. Il a une avance confortable sur le noyau pur et dur des adhérents. Mais dès que l'on élargi au centre-droit, ou à d'autres composantes de la majorité, on voit qu'un résultat favorable, notamment face à Alain Juppé, est beaucoup plus incertain. Même s'il apparaît favori, la victoire n'est pas acquise à tous les coups. Et un an et demi avant une primaire (dont on ignore encore la date exacte), c'est d'autant plus difficile de le dire. 

Sarkozy voulait d'abord des primaires fermées, avant d'accepter l'idée de primaires ouvertes. Les autres composantes de la droite peuvent-ils vraiment lui faire de l'ombre ? Pourquoi pouvait-il être réticent au début ?

En dehors de l'UMP, peu de candidats peuvent lui faire de l'ombre. Je ne vois pas Jean-Christophe Lagarde ou Hervé Morin pouvoir le concurrencer. François Bayrou a déjà laissé entendre qu'il ne serait pas candidat et qu'il serait plutôt en faveur d'un soutien à Alain Juppé. La seule vraie concurrence qui peut donc venir le bousculer, selon moi, ne peut venir que de l'intérieur de l'UMP.

Les changements de stratégie de Nicolas Sarkozy envoient-ils à ces adversaires le signal qu'il a perçu sa victoire comme acquise, pour accepter de la sorte un scénario qui lui paraissait peu favorable au début ?

Alain Juppé, comme François Fillon, cherchent à s'assurer que la primaire va bien avoir lieu. Une commission dirigée par Thierry Solère, proche de Bruno Le Maire, s'est mise en place pour son organisation. Tout le monde est convaincu qu'une primaire va arriver, mais ce dispositif n'est pas quelque chose de naturel à droite (cela l'était déjà difficilement pour la gauche en 2011). Les sépculations  que l'on peut faire aujourd'hui à partir des uns et des autres seront peut-être rebattues selon l'évolution des sondages aussi. Tous les outsiders sont donc confiants, mais restent prudents, voire méfiants, en surveillant l'avancement de l'organisation d'une primaire qui pourrait réunir, je le rappelle, plus de 2 millions de personnes. Cela avait pris 18 mois au PS. On verra sans doute que les candidats auront du mal à se mettre d'accord sur une charte commune, sur les modalités du scrutin, voire le prix à faire payer aux participants. Cela peut créer des tensions entre les candidats. En tout cas, s'il y avait une primaire ouverte à la fin de l'année 2015, Nicolas Sarkozy serait peut-être le favori, mais il peut aussi y avoir des alliances entre candidats battus et opposants au second tour. Tout est possible.

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