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Angela Merkel briguera peut-être un troisième mandat cette année.
Angela Merkel briguera peut-être un troisième mandat cette année.
©REUTERS/Claudio Reyes

Les dessous de l'économie

Les élections sont des périodes de tension en Europe depuis le début de la crise de l'euro : c'est encore plus vrai cette année.

Cécile  Chevré

Cécile Chevré

Cécile Chevré est titulaire d’un DEA d’histoire de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et d’un DESS d’ingénierie documentaire de l’Institut national des techniques de documentation (INTD). Elle rédige chaque jour la Quotidienne d'Agora, un éclairage lucide et concis sur tous les domaines de la finance.

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L'Europe s'est enfoncée dans une douce léthargie depuis juillet dernier, moment où Mario Draghi, le président de la BCE, annonçait qu'il était “prêt à tout pour sauver l'euro”. Prêt à tout qui devrait prendre la forme de rachats d'obligations souveraines de manière illimitée. Les marchés ont été pris d'un mouvement de panique : quelle allait être la réaction de l'Allemagne ? Les partisans de l'exception allemande, les chantres de la “rigueur allemande” en ont été pour leurs frais, la politique de réalisme a pris le dessus et, par la voix d'Angela Merkel, l'Allemagne a semblé mettre un mouchoir sur ses demandes et accepter la solution proposée par la BCE.

Depuis, c'est donc le calme presque plat sur le front européen. Il faut dire qu'entre temps, ce brave oncle d'Amérique a fait un peu parler de lui avec son fiscal cliff – un peu de répit pour l'Europe. La plupart des gouvernements européens se sont engagés dans des politiques de réduction de dépenses… Les rendements obligataires sont en baisse… Les marchés actions européens en hausse… L'aide financière est régulièrement versée… L'union bancaire est plus ou moins en marche…

Deux évènements pourraient cependant faire exploser cette belle harmonie : des élections à haut risque

Depuis le début de la crise de l'euro, les élections ont toujours été des périodes de tensions en Europe. Nombre de gouvernements (espagnol, grec, italien…) ont fait les frais du mécontentement populaire qui se saisit de l'occasion pour protester, pour les pays du sud, contre l'austérité ou encore, pour ceux du nord, contre les aides financières accordées. Depuis le début de la crise de l'euro, aucun gouvernement n'est parvenu à se maintenir au pouvoir après une élection…

Les dernières élections législatives grecques ont ainsi été le théâtre non seulement de la montée de partis extrêmes comme Aube Dorée mais aussi d'une bataille de plusieurs semaines pour parvenir à un accord sur la formation du nouveau gouvernement. En Italie, la déroute obligataire du pays et les risques grandissants de faillite avaient poussé l'ancien Premier ministre Berlusconi vers la sortie. Le président de la République avait alors nommé un professeur d'économie, Mario Monti, à la tête du gouvernement pour un peu plus d'un an.

Italie et Allemagne, les deux élections à surveiller cette année

Or deux élections de poids se profilent cette année : fin février des élections législatives anticipées en Italie et en septembre des élections en Allemagne. Les élections italiennes de février prochain vont avoir lieu dans un contexte particulièrement tendu pour la Botte. En décembre dernier, ses rendements obligataires étaient certes au plus bas depuis deux ans, mais le pays est en récession, le chômage en hausse et la contestation monte. Le président du Conseil, Mario Monti, a annoncé sa démission anticipée, plongeant marchés, investisseurs et Italiens dans l'expectative.

Il avait en effet perdu le soutien du parti de Berlusconi, qui s'est clairement désolidarisé de son action et mise toute sa campagne sur une politique anti-rigueur. Le Cavaliere agite même l'idée de se présenter aux élections. La gauche, menée par Pier Luigi Bersani, pourrait certes les remporter sans pour autant s'assurer une majorité suffisante. Tous les éléments sont réunis pour plonger le pays dans une de ces crises politiques dont il a le secret. Les marchés, eux, ont tranché : ils veulent Mario Monti, qui a su gagner leur cœur (d'argent) par sa politique de rigueur et de réforme. Mais Monti va-t-il se représenter ? Peut-il être désigné par l'alliance des partis centristes ? A suivre de près — d'autant plus que personne n'a envie de voir la troisième économie de la Zone euro, gros émetteur de dettes souveraines devant l'Eternel, replonger dans la crise obligataire.

Autre élection qui risque de faire plonger l'euro : les législatives prévues en Allemagne en septembre ou octobre prochain. Qu'Angela Merkel, qui brigue un troisième mandat, le veuille ou non, ces élections vont servir de test de sa popularité et de baromètre de l'opinion des Allemands sur sa gestion de la crise de la Zone euro. Vont-ils profiter de l'occasion pour sanctionner les récents signes d'évolution de la doxa allemande ? Pour l'instant, le parti de Merkel, la CDU, est en tête des sondages avec 40% d'intentions de vote, talonnée par le centre-gauche de la SPD (30%). Les Verts sont en hausse, avec 13% des intentions de vote. Une alliance Verts-SPD pourrait donc mettre à mal la Chancelière.

L'automne est encore loin, les intentions de vote ont encore le temps d'évoluer mais force est de noter que l'inquiétude monte outre-Rhin. La Grèce souffre de la persistance de la crise européenne, et la Bundesbank anticipe une hausse de seulement 0,4% cette année, autant dire une croissance nulle… La grogne allemande risque de monter dans les mois qui viennent alors que reviendra sur la table la question de la restructuration de la dette grecque. L'économie du pays a de grandes chances d'être en deçà des attentes des prévisionnistes et surtout des estimations fixées par la Zone euro, le FMI et la BCE. Les créanciers européens de la Grèce devraient alors être obligés d'accepter une nouvelle restructuration de sa dette.

Pour dire les choses plus clairement : l'argent prêté par les Etats européens pourrait ne jamais être totalement remboursé. Et cet argent, c'est au final celui des contribuables. Jusqu'à présent, Angela Merkel s'était strictement refusé à envisager une telle possibilité…
L'avenir nous dira si une position est soutenable en cas d'aggravation de la situation économique grecque. Et quel sera l'avis des contribuables allemands qui ont déjà manifesté leur impatience envers la multiplication des aides aux pays en difficulté de la zone.

En cas de défaite aux élections, la politique de compromis et d'apaisement menée par Angela Merkel serait remise en cause. De quoi inquiéter les marchés à l'affût de la moindre faiblesse européenne.

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