Rythmes scolaires : Ne touchez pas aux vacances d'été !<!-- --> | Atlantico.fr
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Un rapport sur les rythmes scolaires envisage notamment de réduire les sacro-saintes vacances d’été.
Un rapport sur les rythmes scolaires envisage notamment de réduire les sacro-saintes vacances d’été.
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Têtes blondes

Un rapport sur les rythmes scolaires remis lundi envisage, entre autres, de raccourcir les deux mois de vacances d'été. Une hypothèse qui n'enthousiasme pas forcément les enseignants et les Français, très attachés à ce rare moment de pause.

Jean-Didier Urbain

Jean-Didier Urbain

Jean-Didier Urbain est sociologue, spécialiste du temps libre, des vacances et des voyages.

Il est l'auteur de Le voyage était presque parfait (Payot, 2008) et L'envie du monde (Breal, 2011)

 

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Atlantico : Un rapport sur les rythmes scolaires envisage notamment de réduire les sacro-saintes vacances d’été. Est-ce que les Français y sont vraiment favorables ?

Il y a évidemment énormément de réticences. Beaucoup datent de l'époque de la mise en place des zones A, B et C, qui reste une plaie non cicatrisée dans la mesure où il y a des découpages dans le temps qui ne sont pas adaptés à une certaine réalité sociale, familiale ou amicale. Une des principales craintes vient des familles, qui ont peur de ne plus réussir à se voir à cause de nouveaux zonages.

J'enseigne à l'université, mais j'ai aussi beaucoup de contacts avec le collège ou le lycée, qui voient d'un mauvais œil les changements de calendrier décidés par les administrateurs qui entourent un ministre qui n'a jamais enseigné de sa vie. Ils ne savent pas ce que c'est que d'avoir une classe de 30 ou 40 élèves quand il commence à faire chaud. A moins d'offrir des salles climatisées à tous les collèges et lycées de France, ce qui serait contradictoire avec les objectifs d'économie d'énergie et de lutte contre le réchauffement climatique…

Il faut plus d'un rapport pour réformer un calendrier scolaire qui a aussi ses qualités.

Justement, quelles sont ses qualités ?

Je ne comprends pas pourquoi ce bloc de deux mois de vacances serait mauvais. J'ai du mal à le comprendre à titre personnel, car ces deux mois ont toujours représenté des moments de bonheur exceptionnels, mais même à titre collectif et institutionnel, il n'y a rien de mauvais dans le fait d'avoir deux mois à soi par an.

Un argument est que la période de deux mois d'interruption est préjudiciable pour les enfants de milieux défavorisés, laissés à eux-mêmes pendant deux mois.

Dans ce cas, il faut avoir une politique sociale à la hauteur de ces ambitions. Il faut aider ceux-là, mais sans faire trinquer les autres. L'école n'est pas une garderie. Les enseignants en ont marre d'être pris pour autre chose que ce qu'ils sont.

Je suis d'accord sur le fait qu'il y a des emplois du temps délirants en temps. Les cours qui traînent jusqu'à 16 ou 17h sont une aberration. On donne trop d'heures à des petits, à la fois en temps de présence et en travail à la maison. Automatiquement, cela fait décrocher les élèves des classes défavorisées.

Mais la solution n'est pas de dilater l'année indéfiniment, sous prétexte que les voisins le font. Les résultats scolaires de l'Allemagne ou de la Finlande ne me paraissent pas meilleurs que ceux de le France.

On s'achemine vers une société où l'on aura que des trêves et jamais des pauses. On sera toujours suspendu entre deux périodes de scolarisation, pris dans une dynamique perpétuelle. C'est exténuant pour l'individu et usant pour l'être. Et ce n'est pas ainsi que l'on arrive à de bons résultats.

Il faudrait faire des matinées plus longues, car les élèves sont biologiquement plus forts le matin. Il faudrait rompre avec la tradition du repas de midi. On peut gagner une heure et manger plus tard, après avoir eu quatre heures extrêmement efficaces.

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