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Rugby :  une Coupe du monde à dormir debout
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Ovalium

Coup d'envoi de la coupe du monde de rugby ce vendredi matin en Nouvelle-Zélande. La France ne fait pas figure de favorite dans cette fête du sport qui risque de passer inaperçue. La faute au décalage horaire ? Oui, mais pas seulement...

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux est journaliste sportif et auteur de L'argent dans le sport (2005, Flammarion). Il anime le blog sportmood.fr.

 

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On est toujours à l’autre bout de quelque chose. Cette Coupe du monde de rugby se joue aux antipodes de la précédente, en France, avec le risque évident d’une attraction limitée. D’ici, ce Mondial va vraisemblablement nous paraître petit, voire mesquin. Tout va nous pousser aux excuses plus ou moins bonnes pour ne pas profiter d’un spectacle qui pourrait pourtant s’avérer formidable.

On n’aurait pu imaginer pires horaires que ces matches diffusés entre trois heures du matin et midi. Nos médias ne s’y sont pas trompés en n’investissant pas le dixième de temps ou de d’espace qu’ils avaient consacré pour la Coupe du monde organisée dans l’hexagone il y a quatre ans. Audiences et impact potentiellement trop faibles, « business is business ».

Pour le malheur du rugby, qui mériterait cent fois d’atteindre l’universalité de sa figure tutélaire du football, cette septième célébration mondiale devrait être celle des seuls puristes de l’ovalie, assez dingues pour hurler, biscottes et tasse café en bouche ou rasoir en main, devant des cadrages-débordements. Les autres, les supporters d’occasion - ou supportrices, qui avaient illuminé la dernière édition -, attendront 2015 (Angleterre).

Alors la faute aux médias, la faute à l’éloignement ? Non, bien sûr. Jamais un Mondial, excepté le premier peut-être, n’a suscité autant de doutes. A commencer par le pays hôte qui s’enflamme presque génétiquement pour son équipe des All Blacks, incarnation éternelle du jeu, mais qui s’inquiète secrètement des atermoiements de l’entraîneur Graham Henry, des pannes d’inspiration plus fréquentes de ses joueurs et surtout de la répétition incompréhensible de leurs échecs passés dans l’épreuve. Et le peuple néo-zélandais, déjà douloureusement meurtri par le tremblement de terre de Christchurch, se prend à craindre un autre genre de catastrophe, celle de la défaite, sur ses terres, de ses icônes. Et quel adversaire les empêche le plus de dormir ? Nos Bleus pardi, qu’ils affronteront – trop ? – prématurément en phase de poules le 24 septembre et qui les ont humiliés à deux reprises (1999 et 2007) dans la compétition. Des Bleus qui, paradoxalement, pataugent dans leurs crampons depuis des mois.

Et Sébastien Chabal, écarté de l’équipe, des affiches ou des spots… Une star, LA star, qui manque, et tout un engouement médiatique et populaire qui s’évanouit. Trois petits pour cent de Français (contre soixante-dix de plus en 2007 !) croient que les garçons de Marc Lièvremont ont une chance de soulever le trophée Webb-Ellis le 23 octobre…

Tiens, les stars, encore un hic. Elles peinent, elles fatiguent. Le rugby, plus professionnel, plus planétaire et plus usant pour les corps que jamais, les fait avancer sur un fil. Dan Carter, Jonny Wilkinson, Brian O’Driscoll ou Victor Matfield, paient très souvent au monde médical les frais de leurs efforts. D’autres, Quade Cooper, Mike Phillips ou Napolioni Nalaga, y laissent une partie de leurs nerfs ou les perdent complètement.

Le rugby et la Coupe du monde tardent à prendre leur envol et à trouver un développement durable hors de leurs traditionnelles terres de culture. Aucun des vingt pays les plus peuplés du monde ne peut prétendre au titre suprême ou même au plus petit accessit ! Et sans la Chine, ou l’Inde, ou le Brésil, le potentiel financier est forcément limité même si les Etats-Unis ou le Japon, présents au pays du Long Nuage Blanc, tentent une timide percée. La fédération internationale de rugby, l'IRB, se paie donc le luxe d’inviter des nations microscopiques, sous le joug d’une dictature ou qu’elle tient sous perfusion financière (Samoa, Tonga, Fidji, Roumanie…).

Allez, oublions tout ça. C’est parti pour six semaines. De réveils en fanfare…

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