RN, LFI et quelques autres : combien de candidatures douteuses en France (et pourquoi) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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De nombreux candidats interrogent, tant leur profil est préoccupant.
De nombreux candidats interrogent, tant leur profil est préoccupant.
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Élections législatives

De La France insoumise au Rassemblement national, de nombreux candidats interrogent, tant leur profil est préoccupant.

Fabrice d'Andrea

Fabrice d'Andrea

Fabrice d’Andrea est républicain universaliste, hostile à tous les extrémistes politiques ou religieux. Fabrice d’Andrea écrit dans Franc-Tireur et est Cofondateur d’On vous voit.

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Atlantico : Le premier tour des élections législatives anticipées approche à grand-pas. Depuis le début de la campagne (et déjà avant), certains candidats de La France Insoumise se sont illustrés par leur antisémitisme. D'aucuns, comme Danièle Obono, n'hésitent pas à qualifier le Hamas de "mouvement de résistance". Quelles sont, selon vous, les candidatures les plus douteuses à la France Insoumise ?

Fabrice d’Andrea : La liste est malheureusement longue. 

Y figure bien sûr Daniele Obono, aux sympathies indigénistes, hostile à la loi de 2004 sur le port de signes religieux à l’école, qui n’a pas pleuré Charlie Hebdo après les attentats mais a défendu Dieudonné. Celle qu’on surnomme  «Camaradobono » a jugé irresponsable d’exprimer du dégoût au sujet des attentats du 7 octobre perpétrés par le Hamas, organisation qu’elle considère comme un mouvement de résistance.

Font également partie de cette liste des députés sortants, qui se sont tristement illustrés par leurs multiples dérapages sur les réseaux sociaux, comme David Guiraud, Thomas Portes, Louis Boyard, Alma Dufour, Aymeric Caron, Rachel Keke ou encore Ersilia Soudais. Cette dernière soutient de BDS (Boycott désinvestissement et sanctions) un mouvement de boycott d’Israël accusé d’avoir des liens avec le Hamas. N’oublions pas qu’après l'attaque de l'Iran sur l'Etat hébreu, la députée insoumise a également renvoyé dos à dos le régime des mollahs et Israël, les considérant tous deux comme des théocraties…

Mais sont apparus cette année de nouveaux candidats au profil préoccupant, comme Raphaël Arnaut, fondateur de la jeune garde antifasciste, connu pour ses méthodes violentes et fiché S. 

Tout comme Amal Bentoussi, fondatrice du collectif « Urgence notre police assassine », inscrite au fichier des attentes à la sécurité publique, dont le modérateur avait publié sur sa page Facebook « on ne peut pas en vouloir à un croyant d’être homophobe si sa religion l’est ». 

Ou encore Aly Diouara, candidat investi à la place de Raquel Garrido, écartée pour avoir osé critiquer Jean-Luc Mélenchon, qui a taxé Raphaël Glucksmann d’être « le candidat sioniste de la droite libérale de gôche (sic) »

Relevons enfin la candidature de Philippe Poutou, du Nouveau Parti Anticapitaliste, mouvement qui a poussé le plus loin la complaisance avec l’islamisme et s’est illustré après le pogrom du 7 octobre commis par le Hamas par un communiqué enflammé témoignant de « son soutien aux PalestinienNEs et aux moyens de luttes qu’ils et elles ont choisi pour résister. »

Tout cela traduit une ligne de plus en plus gauchisante, qui flirte avec l’antisémitisme, s’en prend à la république et ses valeurs (l’universalisme, la laïcité, etc.), encourage la violence et donne des leçons de démocratie à la terre entière alors que LFI est un mouvement totalement verrouillé par Jean-Luc Mélenchon, qui n’occupe pourtant plus aucune fonction officielle dans le parti. 

Le Nouveau Front Populaire n'a pas investi que des candidats issus de LFI. Certains à gauche, ont-ils aussi fait le jeu de l'antisémitisme résiduel ? Qui sont-ils ?

On pense bien sûr à Gérard Filoche, exclu du PS à l’unanimité pour un tweet aux forts relents antisémites publiés en 2017. Ce post reprenait un photomontage dans lequel on voit Emmanuel Macron affublé d’un brassard nazi, dans lequel la croix gammée a été remplacée par le symbole du dollar, avec dans l’ombre Patrick Drahi, Jacob Rothschild et Jacques Attali, en fond le drapeau américain et israélien, et le slogan « En marche vers le chaos mondial ». Le tout accompagné du message : « Un sale type, les Français vont le savoir tous ensemble bientôt ». Gérard Filoche a certes rapidement supprimé ce tweet et s’est excusé. Mais il s’est défendu maladroitement en prétendant qu’une image associant Macron et l’argent était totalement banale, mais qu’il s’était rendu compte après coup que ce montage et sa source (à savoir tout de même le site d’extrême-droite Egalité et Réconciliation !) étaient mauvais. Poursuivi en justice, il a été relaxé. 

Que dire, par ailleurs, du Rassemblement national dont certains des membres semblent être nostalgiques de Vichy ? Quid, par exemple, de Joseph Martin d'abord écarté puis réinvesti ensuite ?

Le profil de certains candidats RN témoignent du fait que la dédiabolisation de ce parti est une stratégie de communication et ne reflète pas la réalité. Derrière la façade d’un parti qui cherche à se donne une image de responsabilité et de respectabilité, affleure très souvent des représentants aux convictions nettement moins présentables (racisme, antisémitisme, homophobie, nostalgie de Vichy, mais aussi soutien sans faille à Poutine)

Martine Billaud, candidate RN dans les Côtes d’Armor, a ainsi été épinglée pour des publications en faveur du Maréchal Pétain ou saluant la mémoire d’un prêtre collaborationniste. 

De nombreux responsables du parti qui ont affiché clairement leur proximité et leur soutien à Poutine ont été investis comme candidats. 

C’est notamment le cas de Pierre Gentillet, candidat dans le Cher, poulain du poutinolâtre Thierry Mariani, et président du Cercle Pouchkine, qui œuvre au rapprochement de la Russie et de la France. Ou encore de Jean-Lin Lacapelle, candidat dans le Loiret, qui a été « observateur » électoral du référendum controversé de 2020 en Crimée et des élections parlementaires russes de 2021. 

Le cas de Joseph Martin est quant à lui rocambolesque. Le journal Libération a révélé un tweet qu’il a publié en 2018 indiquant « Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah ». Il a été aussitôt exclu par le RN. Mais il s’est défendu de tout antisémitisme, arguant que son tweet visait la mort du négationniste Robert Faurisson, survenu la veille, et qu’il pensait imputable à une fuite de gaz. Le candidat a indiqué à Libération qu’il parlait de « venger les victimes de la Shoah ». Le RN, après avoir fait intervenir sa commission des conflits, l’a réinvesti. Quand bien même ce candidat serait de bonne foi, force est de constater que le RN est habitué à devoir se séparer de représentants au discours raciste et antisémite. Il n’a manifestement pas réussi à s’en débarrasser car il en apparaît à chaque élection. 

Quels sont, d'une façon générale, les plus gros travers des candidats à cette élection ? Trouve-t-on des "brebis galeuses" dans chaque formation politique ?

Les partis ont manifestement été pris de court par cette dissolution, qui ne leur a laissé que peu de temps pour s’organiser. Chacun d’entre eux comprend un ou plusieurs candidats à la députation au profil problématique. 

Par exemple Gilles Bourdouleix, candidat LR soutenu par Éric Ciotti a déclaré en 2014 à propos des gens du voyage « Hitler n'en a peut-être pas tué assez ». D’abord condamné pour cette prise de position, il a été blanchi au motif que ces propos ont été tenus « dans des circonstances exclusives de toute volonté de les rendre publics »…

Ce phénomène de « brebis galeuses » donne le sentiment d’une dégradation globale du niveau des candidats. Il n’est malheureusement pas nouveau. En 2022, l’élection de Louis Boyard avait déjà marqué un tournant. Assumant lui-même d’être un étudiant médiocre, reconnaissant avoir vendu de la drogue pour financer ses études, sa principale « qualité » est d’avoir été chroniqueur dans l’émission controversée « Touche pas à mon poste » de Cyril Hannouna…

Cette chute de niveau ne peut que nourrir le populisme et la désaffection des français pour la démocratie représentative. Pour le plus grand bénéfice du RN, que rien ne semble atteindre, ni la fragilité de son programme, ni ses multiples revirements sur l’Europe, la question des retraites, l’Ukraine et encore moins l’inexpérience de ses dirigeants.

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