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Révolution environnementale accidentelle ? Des scientifiques créent par hasard une enzyme capable de dévorer le plastique
©FRED DUFOUR / AFP

Les langoliers

300 millions de tonnes ! C'est la quantité de plastiques que nous produisons chaque année. Et l'on estime qu’entre 8 et 12 millions de ces tonnes finissent dans nos océans. Alors quand des chercheurs américains et britanniques développent par hasard une enzyme capable de détruire du plastique en un temps record, beaucoup crient au miracle ! Pas si vite…

Myriam Maestroni

Myriam Maestroni

Myriam Maestroni est présidente d'Economie d'Energie et de la Fondation E5T. Elle a remporté le Women's Award de La Tribune dans la catégorie "Green Business". Elle a accompli toute sa carrière dans le secteur de l'énergie. Après huit années à la tête de Primagaz France, elle a crée Ede, la société Economie d'énergie. 

Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages majeurs: Intelligence émotionnelle (2008, Maxima), Mutations énergétiques (Gallimard, 2008) ou Comprendre le nouveau monde de l'énergie (Maxima, 2013), Understanding the new energy World 2.0 (Dow éditions). 

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Atlantico : Les scientifiques tentent de décupler les performances de cette enzyme dans l’espoir de pouvoir l’utiliser dans un processus industriel de destruction des plastiques. Selon vous, une enzyme, aussi vorace soit-elle, peut-elle venir à bout des millions de tonnes de plastiques que nous jetons dans les océans chaque année ? La science peut-elle venir à la rescousse des océans ?

Myriam Maestroni : Je dirai que c'est une solution de plus à ajouter à toute une série de solutions expérimentales. Il y a plusieurs initiatives visant à essayer de résorber cette masse de plastique qui pose un problème pour la biodiversité. Cette enzyme pourrait faire partie des solutions. Mais je trouve que c'est encore une avancée trop récente pour crier victoire sans essayer de vérifier s'il n'y a pas de contre-indication ou des risques d'autres natures pour l'ensemble du règne marin.

On va se dire que c'est sans doute une avancée scientifique pour lutter contre ce phénomène. En contrepartie, ce n'est pas non plus la solution miracle. Car la vraie question reste de réduire le plus possible la consommation de plastique et d'accroître la conscience collective sur ce sujet et d'une façon plus générale sur l'ensemble des sujets en lien avec le respect de notre environnement de notre planète.

Ne peut-on pas y voir une fausse bonne solution ? Cette découverte, même accidentelle, ne risque-t-elle pas de nous encourager à continuer de produire toujours plus ?  

Deux problèmes principaux : comment gérer la situation avec ces océans endommagés et comment réduire nos consommations. Je crois que ce sont des problématiques qu'il faut régler de front. Je pense que ce ne serait pas juste de ne pas explorer l'ensemble des perspectives qui peuvent nous débarrasser de ce continent de plastique. Et cette enzyme, comme je le disais, peut en faire partie. Mais il faut aussi prendre le problème à la source et diminuer notre consommation de plastique et augmenter notre conscience. Le danger pourrait être de trouver de solutions trop faciles à des problématiques qui nous engagent et qui engagent nos sociétés.  

Dès lors, comment lutter efficacement contre ce phénomène ? Quelles initiatives sont déjà prises ou sont à l'étude ?

Il y a des solutions de collecte de recyclage et d'autres initiatives expérimentales. Mais on a du mal à trouver de véritables solutions structurelles. Cela dit, je suis toujours d'un optimisme assez important et je me dis "problème identifié à moitié résolu". Aujourd'hui, la question de ce continent de plastique est connue de tous et a été clairement identifiée. Le jour où nous avons pris conscience de la cause des émissions de CO2, nous avons commencé à changer nos comportements. Si je fais une analogie, la situation ici est la même. Le fait que cette découverte de l'enzyme ne passe pas inaperçue met en évidence l'importance que chacun accorde à ce problème. 

Il faut également recycler par des moyens qui portent le moins possible préjudice à notre environnement. Aucune solution n'en exclue une autre. Mieux réguler, mieux recycler et emmètre moins sont autant de pistes qu'il faut continuer à creuser.

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