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Retraites : pourquoi les syndicats n'aiment pas la CSG
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Ceci explique cela

La (non)-réforme des retraites a donné lieu à un très beau numéro syndical de claquettes sur la CSG. Qui mérite bien un petit décryptage.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Les esprits naïfs ou demi-habiles, comme disait Pascal, ont pu s’étonner du numéro syndical de claquettes sur la CSG, qui est l’impôt le plus juste et le plus protecteur pour les salariés. A la différence des cotisations, la CSG touche en effet autant le capital que les revenus du travail. Assez logiquement, les syndicats auraient donc dû favoriser cet impôt pour renflouer le régime de retraites, comme le suggérait le gouvernement.

Un refus tous azimuts

Pourtant, c’est le contraire qui s’est produit.

Ainsi, Jean-Claude Mailly, pour FO, a déclaré: « Ce qui ne serait pas acceptable, par exemple, c’est que l’on dise : on va prendre en compte la pénibilité et ce sont les salariés qui vont se la payer par une augmentation de la CSG. »

La formule est habile par sa rhétorique, puisqu’elle contient une ellipse qui laisse croire, dans une parfaite démagogie, qu’une augmentation de cotisation n’est pas payée par le salarié.

A la CGT, même discours: « La CSG n’est pas acceptable parce qu’elle va faire baisser le pouvoir d’achat des salariés. La manifestation du 10 aura pour but de faire valoir nos propositions alternatives sur la mise à contribution des produits du capital, » aurait déclaré Eric Aubin, responsable du dossier à la CGT, au Monde.

Là encore, on fait vivre le mythe selon lequel le gouvernement pourrait trouver 20 milliards pour renflouer le régime sans toucher au pouvoir d’achat.

Plus amusant encore, le revirement étonnant de la CFDT. Dans un premier temps, le Monde rapporte les propos de Jean-Louis Malys, responsable du dossier, qui dit: « Nous ne sommes pas demandeurs, mais la CSG a l’avantage d’élargir le financement des retraites en mettant à contribution les revenus du patrimoine« . Argument juste, mais vite contredit par le secrétaire général, Laurent Berger: « Je suis très réservé sur cette hausse pour financer les retraites. Les recettes de la CSG doivent être attribuées en priorité à la santé et à la perte d’autonomie. Pour les retraites, l’augmentation modérée des cotisations des entreprises et des salariés est plus logique. »

Une défense du paritarisme

Cette résistance à un financement du régime de retraites par la CSG a une explication simple: du jour où l’impôt finance les retraites obligatoires, le paritarisme n’a plus sa place dans le système, et les syndicats perdent leurs prérogatives sur le régime.

En effet, ce qui justifie une gouvernance du régime général (CNAV) par les partenaires sociaux, c’est le financement exclusif de celui-ci par les cotisations, ou par des transferts de l’Etat destinés à compenser les pertes de recettes dues aux différentes baisses de cotisations imposées par la loi (notamment pour les bas salaires). Facialement, le régime obligatoire de retraites demeure un régime assis uniquement sur le travail.

S’il devait reposer sur l’impôt, il perdrait cette qualité, et les prérogatives syndicales seraient contestées.

On notera avec amusement que la présidence de la CNAV est aujourd’hui assumée par… FO, qui est le syndicat le plus catégorique sur le maintien d’un financement exclusif par les cotisations.

Le mythe de la cotisation patronale

Pour garder leurs prérogatives, les organisations syndicales préfèrent donc sacrifier un financement universel du régime, plus protecteur du pouvoir d’achat, et préserver un financement exclusif par les cotisations, qui pénalise fortement les salariés.

Pour faire passer la pilule, les syndicats recourent au subterfuge de la cotisation patronale, qui serait payée par l’employeur et épargnerait donc le salarié.

Rappelons, évidemment, que la distinction entre cotisation salarié et cotisation employeur est, dans une large mesure, un leurre. Toute cotisation employeur nouvelle se traduit par une modération salariale destinée à compenser l’augmentation de charge.

En réalité, les syndicats ont bel et bien préféré leur pré carré à la défense du pouvoir d’achat des salariés.

Cet article a préalablement été publié sur le blog d'Eric Verhaeghe.

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