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Retour de maladies disparues : la facture des militants anti-vaccins
©Reuters

Dangers publics

En France, selon les chiffres d'IMS Health, la période 2008-2012 a vu les ventes de vaccins chuter de 12% toutes catégories confondues, et jusqu’à 40% pour la rougeole. A l'origine : une vague de contestation menée par les anti-vaccins, devenus une menace pour la santé publique, car certaines maladies font leur réapparition...

François Bricaire

François Bricaire

François Bricaire est un médecin. Il est chef du service Maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris. Il est professeur à l'Université Paris VI-Pierre et Marie Curie.

 

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Atlantico : Quels sont les vaccins concernés par le refus de vaccination et quels sont les motifs invoqués ? Ce refus peut-il se justifier dans certains cas ?

François Bricaire : Les anti-vaccins sont très minoritaires, mais ils s'expriment suffisamment forts pour que leur message trouble la population et gêne la politique de vaccination. Ce sont souvent les vaccins les plus récents qui sont les plus contestés, comme le vaccin Hépatite B, l'anti HPV contre le cancer du col de l'utérus, etc. Alors que les plus anciens sont en général mieux acceptés (diphtérie, tétanos par exemple), même si on commence à voir quelques contestations sur la justification de la vaccination antitétanique. 

La première raison est qu'il y a un certain nombre de maladies que l'on ne voit plus, donc les gens considèrent qu'elles n'existent plus : comme la diphtérie, le tétanos, la coqueluche ou encore la poliomyélite. Bien sûr c'est faux ! Si on ne vaccine plus contre ces maladies, elles réapparaîtront immédiatement. Deuxième raison : les gens ne réalisent pas les bienfaits de la vaccination. Si on ne voit plus ces maladies en France c'est justement parce qu'il y a des campagnes de vaccinations obligatoires. Mais les vrais anti-vaccins considèrent que c'est mieux d'avoir une protection naturelle. Il y a également une crainte des effets indésirables. C'est un point très difficile à discuter parce qu'il n'y a pas de geste médical qui ne s'accompagne jamais d'effets indésirables. On entend également souvent l'idée que l'industrie pharmaceutique est là pour s'en mettre plein les poches et non pas pour protéger les populations. Et d'autres raisons invoquées concernant l'efficacité de certains vaccins, comme les adjuvants, le problème des conservateurs, ou encore le problème de la vérification de la chaîne de fabrication, insuffisante et discutable selon les anti-vaccins.

En dehors de certaines contre indications très précises qui sont devenues extrêmement rares, il n'y a pas de justification à refuser une vaccination. Sauf dans des cas particuliers pour des raisons de sécurité, comme pour les personnes atteintes de sclérose en plaques. 

Il est très important de comprendre qu'une vaccination est bien sûr une protection individuelle, mais c'est surtout un acte altruiste, dans la mesure où la population doit être protégée. C'est une question de santé publique.

Cette fronde concerne-t-elle certains vaccins obligatoires ? Comment peut-on se soustraire à cette obligation ?

Les vaccins obligatoires (diphtérie, tétanos, poliomyélite) sont moins contestés maintenant. Sauf pour le tétanos de plus en plus remis en cause, parce qu'on ne le voit plus en France, ce qui est dangereux. S'ils sont obligatoires, on ne peut s'y soustraire, normalement... 

A-t-on constaté la réapparition de certaines maladies ces dernières années en raison de l'abandon de certains vaccins ? Lesquelles ?

Effectivement. C'était le cas en Angleterre car la vaccination anti-coqueluche avait été relâchée. Même chose pour la diphtérie en ex URSS lorsqu'il y a eu un relâchement pour des raisons stratégiques et financières de la vaccination. Et plus récemment pour la France, l'insuffisance de vaccination de la rougeole a facilité l'épidémie de cette maladie en Europe.

Dans le cas de l'anti HPV, nous risquons de voir dans le futur les conséquences de sa forte contestation. Pourtant c'est un bon vaccin fait avec des moyens modernes. On ne peut pas le mesurer à courte terme, surtout dans le cas d'un cancer, mais il est sûr qu'on verra d'avantage de cancer du col de l'utérus dans le futur. 

La situation reste-t-elle malgré tout sous contrôle des autorités sanitaires ?

Le ministère de la Santé et le Conseil de santé publique essaient de faire en sorte, avec la prudence nécessaire dans cet atmosphère, de proposer quand même des campagnes de vaccination. Dans un premier temps il s'agit de rassurer pour réaméliorer des campagnes, comme le HPV. Dans le cas de la grippe, elle n'a pas été relancé à cause de l'échec de vaccination de 2009, mais elle reviendra. De même pour la rougeole. Tout ce qui paraît dans le calendrier vaccinal a pour but de motiver le corps médical et la population.

Propos recueillis par Marie Deghetto

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