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Retour de la croissance : des moteurs spécifiquement français relativement au reste de la zone euro
©JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

2021

L'économiste Patrick Artus nous aide à décrypter cette croissance que nous avons attendue depuis de nombreuses semaines.

Patrick Artus

Patrick Artus

Patrick Artus est économiste.

Il est spécialisé en économie internationale et en politique monétaire.

Il est directeur de la Recherche et des Études de Natixis

Patrick Artus est le co-auteur, avec Isabelle Gravet, de La crise de l'euro: Comprendre les causes - En sortir par de nouvelles institutions (Armand Colin, 2012)

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Atlantico : Vous avez étudié les facteurs de reprise de la croissance dans les quatre plus grandes économies de la zone euro (Allemagne, Espagne, France, Italie). Quelles sont les observations les plus importantes à mentionner ?

Patrick Artus : Le premier facteur ayant un effet extrêmement positif sur la croissance est la reprise du commerce mondial. Il va probablement progresser de 11% cette année, ce qui est un record historique. Tout le monde en profite car les économies sont ouvertes. Il y a donc cette très forte reprise du commerce, même si les exportations ne sont pas encore tout à fait au niveau d’avant crise. En moyenne, les exportations représentent 28% du PIB en Europe.

Ensuite, l’autre chose à noter est que la consommation reste prudente. Les taux d’épargne restent encore supérieurs au niveau d’avant la crise. Les consommateurs continuent d’épargner trop et on est loin d’une situation où ils dépenseraient l’épargne forcée de la crise. Il y a encore beaucoup d’épargne de précaution.

Troisièmement, il y a un pays qui est au-dessus des autres concernant l’investissement des entreprises, c’est la France. On y constate une reprise nettement plus forte que dans les autres pays. C’est intéressant et cela correspond aux données que l’on a sur l’amélioration de la situation financière des entreprises, qui est même meilleure qu’avant la crise.

Avons-nous des explications à cette réussite des entreprises françaises ?

Elles bénéficient de leur bonne situation financière. Les taux de marge des entreprises sont plus élevés qu’avant la crise, la dette nette est plus basse qu’avant la crise, etc. Donc il y a à la fois des marges bénéficiaires extrêmement élevées et une structure de bilan des entreprises qui s’est améliorée. Dans un environnement de taux d’intérêts bas, la situation est propice à l’investissement.

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La France est-elle donc le pays qui s’en sort le mieux dans cette reprise ? 

La réponse est oui et c’est un peu une surprise pour tout le monde. La France est le pays qui a la reprise la plus vive pour l’instant. Il y a des raisons qui sont un peu accidentelles. D’abord, l’Allemagne a moins souffert donc rebondit moins, l’Espagne et l’Italie demeurent très pénalisés par le tourisme, plus que nous. D’autre part, l’industrie automobile est très fortement pénalisée par les problèmes de matières premières et l’incertitude des consommateurs. Or l’Espagne et l’Allemagne ont une très forte exposition à cette industrie, contrairement à la France qui souffre moins.

Si les ménages continuent de trop épargner, cela veut-il dire que la croissance pourrait-être plus importante encore ?

La question centrale pour l’avenir est : que vont faire les ménages de cette épargne ? Pour l’instant ils achètent un peu d’actions et ils ne consomment pas mais surtout ils achètent des logements. Or on ne produit pas plus de logements neufs donc ils achètent des logements anciens ce qui entraîne une forte hausse des prix de l’immobilier. Il y a une très forte demande alimentée par l’épargne des ménages. Le problème, c’est que cela ne crée pas de PIB et fait monter les prix de l’immobilier.

Peut-on croire que la reprise de la croissance va être pérenne ? 

Les menaces sont connues, même si elles n’apparaissent pas encore dans les chiffres. C’est d’abord le prix de l’énergie qui va créer un prélèvement important sur le pouvoir d’achat. Et ensuite, cela va être le passage à des politiques budgétaires moins expansionnistes pour réduire les déficits publics, surtout aux Etats-Unis. La troisième crainte vient du ralentissement chinois lié à la crise de la promotion immobilière et à la faiblesse de l’investissement des entreprises. La fin de l’année et le début de 2022 seront certainement moins dynamiques.

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