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Résultats des Européennes : l’analyse des motivations du vote des Français
©Reuters

Note Ifop

Ce sondage réalisé par l'Ifop - Fiducial pour I>TELE et Sud radio conduit auprès de près de 3 000 électeurs permet de mieux comprendre les déterminants du vote des Français aux élections européennes.

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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Un niveau de participation semblable aux précédents scrutins

- Le taux de participation en France métropolitaine (4 2 %) oscille entre celui observé lors du précédent scrutin (41,3% en 2009) et celui mesuré lors des élections européennes de 2004 (43,3%) . La sociologie de l’abstention met en relief les déterminants habituels de la participation politique tels que l’ âge et le niveau social. Comme lors des scrutins précédents, c'est donc dans les catégories les plus âgées, les plus ais ées et les plus diplômé es de la population que la participation est la plus forte. A contrario , l’abstention ( 5 8 %) atteint des sommets dans les rangs des jeunes de moins de 25 ans ( 74 %) et dans les catégories populaires ( 65 %) . De même, on note une plus forte démobilisation dans l'électorat de gauche (55%) – notamment chez l es sympathisants du PS ( 57 %) – que des électeurs du centre ou de la droite : 41 % chez les sympathisants Modem, 31 % chez les sympathisants de l’ UDI et 44 % ch ez les sympathisants UMP . C'est toutefois dans les rangs des électeurs n’exprimant aucune sympathie pour un parti politique ( 77 %) que l’abstention atteint les seuils les plus élevés.

- Le principal motif avancé par c es abstentionnistes pour expliquer leur non - participation au scrutin est le ur dés intérêt pour les élections européennes ( 23 %) , loin devant l’intention de manifester leur mécontentement à l’égard de l’Union Européenne ( 15 %) ou de partis politiques ( 16 %). Les autres facteurs explicatifs de l’ abste ntion évoqués par les électeurs ne s’étant pas rendus aux urnes sont le sentiment que leur vote n’aura pas d’impact sur la situation en France (10%) et le manque d’intérêt pour l’Union Européenne ( 8 %) . Enfin, 4 % des abstentionnistes mettent en avant l’absence de différence entre les projets des différents partis.

Un Front national qui renforce son ancrage dans les milieux populaires

- Avec un quart des suffrages exprimés (25%), les liste s du Front National arrivent largement en tête, devant les listes de l’UMP qui captent un e voix sur cinq (20,6%) . Avec 14,2% des voix, les listes conduites par les socialistes arrivent loin derrière, quelques points devant les listes de l’Alternative UDI - Modem (10,4%) et cel les d’Europe Ecologie Les Verts (9,3%). Les listes du Front de Gauche ratissent quant à elles seulement 6% des suffrages.

- L'analyse sociologique du vote montre que les listes du Front National arrive nt en tête dans toutes les tranches d'âge – à l'exception des 6 5 ans et plus – mais aussi dans la plupart des catégories socioprofessionnelles . En effet, a vec le soutien de près d’un ouvrier sur deux (46%) et de plus d’un employé sur trois (36%), le FN renforce son ancrage populaire tout en arrivant p our la première fois en tête dans certains pans de la classe moyenne comme les professions intermédiaires (24% ) . De même, ces listes recueillent le plus de suffrages dans les rangs des inac tifs non retraités (ex : femmes au foyer, étudiants) tout en mainte nant leurs positions parmi l es travailleurs indépendants (28%).

Politiquement, il est intéressant de relever la capacité du Front N ational à capter non seulement l’essentiel de l’électorat de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2012 (86%) mais aussi une proportion non négligeable d’électeurs sar kozistes de 2012 : 14% des électeurs de Nicolas Sarkozy en 2012 déclarent avoir vo té pour une liste du Front national , soit une proportion deux fois plus forte que ce que l’on peut observer dans le reste de l’ électorat (7% chez les électeurs de Jean - Luc Mélenchon, 6% chez ceux de François Hollande ou de François Bayrou).

Enfin, la for mation lepéniste s’impose comme la première force en milieu rural – plus d’un électeur sur quatre (28%) y a voté pour une liste FN – même si, au total, l’ensemble des formations de droite et du centre y rallient plus de suffrages (36%).

Près d’un électeur sur quatre a fait son choix au cours des deux derniers jours

- L’hésitation jusqu’au dernier moment a concerné quant à elle près d’un quart des votants (23%), soit un score comparable à l’élection présidentielle de 2012 (21%). 61% des Français ayant voté aux élections européennes de 2009 déclarent que leur décision était prise longtemps à l’avance, tandis que 16% ont pris leur décision pendant la campagne.

Les segments les moins politisés de la population, à savoir les femmes d e moins de 35 ans (30%) et les personnes ne déclarant être proches d’aucune formation politique (44%), apparaissent comme ceux ayant eu le plus d’hésitations quant au bulletin à glisser dans l’urne le 25 mai 2014. C’est également le cas pour les électorats les plus modérés : un peu moins d’un tiers des personnes ayant voté pour une liste d’Europe Ecologie Les Verts ou pour une liste du MoDem et de l’UDI a hésité jusqu’au dernier moment. A contrario, les électeurs de l’UMP et du Front National apparaissent c omme ceux pour lesquels le vote s’est le plus cristallisé : 81% d’entre eux avaient pris leur décision à l’avance.

- Lorsque l’on interroge plus précisément les interviewés au sujet de leur prise de décision, les tendances observées précédemment se confirment. Ainsi, 23% d’entre eux ont validé leur intention de vote au cours d u week - end du scrutin, dont 16% le jour - même, tandis que la moitié avait consolidé son vote au moins un mois avant l’échéance électorale du 25 mai.

Les scores des trois principaux acteurs de ces élections européennes apparaissent à nouveau comme les plus consolidés en amont du scrutin, ce qui sous - entend que les dynamiques observées sur le long terme pour le Front National, l’UMP et le Parti Socialist e n’ont pas été bouleversées au cours des dernières semaines de campagne. A contrario, la consolidation des votes en faveur des listes d’Europe Ecologie et de l’Alternative a été plus tardive : respectivement 48% et 53% d e leurs électeurs ont pris leur déc ision dans le courant de la semaine précédant le vote.

- L’approche du scrutin a progressivement renforcé le caractère européen de l’élection. 59% des votants déclarent avoir voté plutôt en fonction d’enjeux européens, contre 41% en fonction d’enjeux nationa ux. La place des enjeux européens est de ce fait devenue prédominante, puisque 60% des personnes ayant l’intention de voter mi - avril 2014 exprimaient leur volonté de nationaliser le scrutin.

Pour autant les clivages partisans opèrent de manière assez nette . Les électeurs des forces les plus opposées à la majorité présidentielle semblent ainsi avoir été davantage influencés par des enjeux nationaux au moment de voter. 66% des électeurs du Front National, 46% des électeurs du Front de Gauche et 42% des électe urs de l’UMP ont pris en compte des logiques nationales avant de voter. Les électeurs du Parti Socialiste, d’Europe Ecologie Les Verts et du MoDem et de l’UDI ont été largement influencé par des enjeux européens (pour respectivement 76%, 79% et 77% d’entre eux).

Un vote sanction à l’égard de la manière dont est dirigée l’Union européenne

- Le vote aux élections européennes n’a pas été principalement motivé par l’idée de sanctionner le gouvernement. 55% des votants n’ont en effet pas tenu compte de leur opinion sur l’action du Président de la République et du Gouvernement. Seuls 36% ont exprimé leur intention de sanctionner la politique de l’exécutif, tandis que 9% ont souhaité apporter leur soutien à la majorité gouvernementale.

Mais l’observation des résultats selon la proximité partisane apporte un autre éclairage. Les électeurs de l’UMP (52%) et surtout du Front National (67%) ont majoritairement exprimé par leur vote leur intention de sanctionner la politique du Président de la République et du g ouvernement. A contrario, les électeurs socialistes ont logiquement adopté une autre position : 60% d’entre eux ont mis de côté leur opinion sur l’action gouvernementale, tandis que 39% d’entre eux ont souhaité l’appuyer.

- En revanche, confortant l’idée se lon laquelle les enjeux européens ont prédominé lors du scrutin, le vote - sanction à l’égard de l’Union européenne a opéré particulièrement lors de ces élections au Parlement européen : 56% des votants ont ainsi exprimé leur désaccord à l’égard de la manièr e dont est dirigée l’Union européenne, tandis que seulement 12% ont adopté la position inverse.

Ce mécontentement à l’égard de l’institution européenne se révèle particulièrement fort parmi les électorats les plus radicaux. 78% des électeurs du Front de G auche et 84% des électeurs du Front National ont ainsi exprimé leur souhait de sanctionner la manière dont l’Union européenne est dirigée.

Un vote cristallisé autour des questions d'emploi et d’économie

- Les enjeux cruciaux de ces élections européennes s’articulent massivement autour de la thématique économique , en particulier auprès des catégories populaires : ainsi, l’emploi et l’activité économique constituent le premier élément « déterminant » du vote pour près de trois quarts des électeurs (73%, jus qu’à 79% chez les employés), devant l’action de l’Europe face à la crise économique (68%), le pouvoir d’achat et le niveau des prix (60%) ainsi que les impôts et les taxes (57%, 70% chez les ouvriers). Dans une moindre mesure, une majorité des électeurs fr ançais considère également la place de la France dans l’Union e uropéenne (56%), l’immigration (53%), le fonctionnement des institutions européennes (51%) et l’insécurité (50%) comme des éléments ayant joué un rôle déterminant dans leur vote à cette élection. Si les déterminants du vote des électeurs des listes du Parti sociali ste se révèlent plutôt proches de ceux de l’ensemble des votants, les autres électorats affichent des particularités qui reflètent une perception différenciée des enjeux de ce scrutin européen.

Les personnes s’étant prononcées en faveur des listes du Front de Gauche, par exemple, font preuve d’un attachement supérieur à la moyenne pour la question européenne : ainsi, 59% d’entre elles déclarent que les négociations autour du traité TAFTA ont joué un rôle déterminant dans leur vote, soit 17 points de plus qu e chez l’ensemble des électeurs. Les électeurs de l’UMP, dans un registre tenant davantage à la place de la France au sein de l’Union e uropéenne (déterminante pour 76% d’entre eux), axent davantage leurs priorités sur l’immigration et l’insécurité (des enj eux déterminants pour 67% et Ifop - Fiducial pour i>TELE, Paris Match et Sud Radio Sondage Jour du Vote : profil des électeurs et clefs du scrutin européen  25 Mai 2014 8 ELECTIONS EUROPEENNES 60%), tout comme les porteurs du vote Front National (respectivement 88% et 82%). Ce dernier, marqué par son électorat populaire, montre logiquement un attachement plus fort vis - à - vis du pouvoir d’achat et du niveau des prix (7 6%) ainsi que des impôts et taxes (75%).

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