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Facebook, ou le dangereux mélange vie privée, vie publique ...
Facebook, ou le dangereux mélange vie privée, vie publique ...
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Nouveau "webstern"

Les réseaux sociaux ont révolutionné la communication interne et externe dans l'entreprise. Tout est désormais jeté sur la place publique. Les salariés tiennent l'e-réputation de leur entreprise entre leurs mains. Gare au dérapage ! "Le média humain : dangers et opportunités" (Extrait 1).

Laetitia  Puyfaucher Ludovic Boursin

Laetitia Puyfaucher Ludovic Boursin

Laetitia Puyfaucher dirige actuellement les agences de communication WordAppeal et Pelham.

Ludovic Boursin est directeur Général du site simply-city.com.

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Le « Webstern » s’invite ici au cœur de l’entreprise : ce ne sont plus des internautes anonymes qui sont en cause, mais bien des collaborateurs, et toutes les parties prenantes ont à y perdre : les salariés, leur emploi ; les entreprises, leur réputation. Si, aux États-Unis, le Groupe Facebook « Fired by Facebook » compte déjà 450 membres, Le phénomène n’est pas encore entré dans les mœurs françaises. Pour preuve, la forte couverture médiatique du jugement rendu par le conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt dans l’affaire Alten.

Quand la justice s'en mêle

En jugeant le licenciement des salariés fondé, il donne raison à l’entreprise. Mais ne fait certainement pas de bien à sa réputation, comme l’analyse Geneviève Petit : « Cet épisode va altérer l’imaged’Alten. Cette entreprise ne soupçonnait certainement pas qu’elleallait faire la une des grands journaux nationaux lorsqu’elle adécidé le licenciement de ses salariés. Je crains que cette affaire nelui reste associée très longtemps. Alten arrive au mauvais moment,où tout le monde s’interroge sur la question de la confidentialitédes réseaux sociaux, avec le mauvais rôle, celui de l’employeur quivire ses employés à cause de leur statut Facebook. D’un point devue légal, le jugement est exact. Sur Facebook il n’existe pas devie privée. Le jugement rendu par les prud’hommes d’Alten est trèséducatif, très pédagogique, il va marquer les esprits. Grâce à lui,les entreprises et leurs salariés vont appréhender plus concrètementles dangers potentiels des réseaux sociaux. »

Un anonymat relatif

Cette décision de justice relance la question de la confidentialité sur les réseaux sociaux et, de manière plus générale, de la limite entre vie privée et vie professionnelle. Une problématique résumée par Jean-Emmanuel Ray, professeur à l’école de droit de Paris I Panthéon- Sorbonne, dans une interview accordée à Libération : « Facebookne ressemble à rien d’existant. Jusqu’ici, la situation étaitsimple : un espace public est accessible à tout le monde. Donc, surFacebook, un profil ouvert, sur lequel on peut tomber après unerecherche Google, est public ; et un profil réservé aux amis estprivé. Un profil ouvert aux amis d’amis, c’est moins privé tout enle restant a priori. Mais avec la chasse aux amis sur Facebook – les“amis” ne sont que de vagues connaissances , et l’aspect multiplicateurdes amis d’amis, devenus n’importe qui, l’aspect privédevient discutable » Mathieu Prud’homme renchérit : « Facebookest un service qui peut réserver de bien mauvaises surprises,même pour les plus prudents. On ne compte plus les cas de salariéstrahis par des photos de voyages ou de soirées à l’occasiond’un arrêt maladie. L’internaute averti se sera naturellement abstenude publier les photos compromettantes sur son profil, maissaura-t-il empêcher ses amis de tagguer les photos en l’identifiant,faisant ainsi circuler les photos, y compris parfois sur sonpropre profil. Dans la négative, le salarié sera pris la main dansle sac malgré les précautions prises. » Même combat sur Twitter : même en ayant un compte privé, tout dérapage est à proscrire. Le moindre « retweet » peut le propulser dans le cyberespace et le faire rebondir jusqu’aux yeux de votre employeur, si celui-ci est attentif à son e-réputation. Le pseudonyme utilisé n’est en aucun cas un gage de protection : en cas d’enquête, remonter jusqu’à son détenteur est un jeu d’enfant.

Boire ou tweeter, il faut choisir

Paradoxe : à l’ère où les coachs en personal branding fleurissent pour aider les salariés à valoriser leur image, les règles de prudence élémentaires semblent oubliées sur les réseaux sociaux. On chatte, on tweete, sur n’importe quoi, n’importe quand, n’importe comment et, parfois, dans n’importe quel état. On ne compte plus le nombre de tweets rédigés sous l’emprise de l’alcool. À tel point que la société Webroot vient de mettre au point un logiciel permettant d’évaluer le degré d’éthylisme d’un individu désirant intervenir sur les réseaux sociaux à une heure avancée de la nuit (le « Social Media Sobriety Test »), grâce à une petite batterie de tests apparaissant sur l’écran. Si l’internaute échoue, l’accès aux réseaux sociaux est bloqué pendant plusieurs heures, le temps qu’il reprenne ses esprits. Seul souci : ce dispositif n’existe que sur ordinateur, alors que ce sont les smartphones qui s’avèrent les plus dangereux passé minuit ! Simple gadget ? Peut-être. Mais dans un monde où un tweet peut coûter une carrière, les mesures de précaution relèvent de la protection personnelle.

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Extraits de Médias humains : Dangers et opportunités, de Ludovic Boursin et Laetitia Puyfaucher, Eyrolles (Mai 2011)

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