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Rentrée universitaire : petits conseils aux papa-mamans poules dont les enfants entament des études supérieures
©Reuters

Hélicos

Le passage vers les études supérieures suppose de trouver un équilibre entre ses habitudes d'encadrement scolaire et la nécessité de laisser son enfant entrer dans sa vie d'adulte.

Florence  Millot

Florence Millot

Psychologue pour enfants.

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Le passage à l'université entraînant un départ du cocon familial peut être difficile pour les jeunes adultes, mais également pour les parents. Quelle est la meilleure attitude à adopter pour se préparer à cette transition, notamment dans le cas des parents "hélicoptères" et de leurs enfants ?

  1. Florence Millot : La transition va dépendre du lien que l'on va avoir avec l'enfant. Plus le parent va être proche de l'enfant, plus il a encore une représentation d'enfant de ce jeune adulte. Et donc la transition sera d'autant plus difficile pour le parent, car il n'aura pas encore pris conscience qu'il n'aura plus vraiment à répondre à ses fonctions de parent d'un point de vue psychologique. 

Au delà de ça, cette situation provoque aussi une remise en question du couple parental. Pour la première fois le couple se retrouve sans enfant, seul, et c'est aussi une transition importante à passer. Ce qui fait que certains se raccrochent à l'enfant pour ne pas qu'il parte vraiment. Au moins mentalement. 
L'autre paramètre important, c'est le caractère de l'enfant. Certains, même avant 18 ans, même avant leurs études universitaires ont déjà envie de partir. Ils sont prêts pour ça. D'autres ne sont pas tout à fait prêts à partir du cocon, faute de transition au préalable. Ce sont généralement de jeunes adultes qui ont toujours été suivis, guidés, sur leurs choix, leurs amitiés, leurs vêtements, l'argent... De fait ils ont fait peur de ne pas être tout à fait au point pour faire à manger, gérer l'administratif, ou même être stable dans leurs études. Parfois ils n'ont même pas du tout envie de partir tellement ils s'y sentent bien. 
Il est important que le parent comprenne qu'au moment où l'enfant part que lui aussi va pouvoir évoluer dans son rôle. L'autonomie du jeune adulte n'amenuise pas le lien d'amour avec le parent. C'est la grande crainte des "parents hélicoptères". Avec l'éloignement, on se sent inutile, on a peur d'être moins aimé. Alors que non, c'est simplement le rôle qui change. On passe d'une relation d'adulte à adulte. L'important pour assurer une bonne transition, c'est de montrer qu'on est toujours là en cas de pépin. Que la porte est toujours grande ouverte. 
On peut aussi établir un "contrat", du type un appel par semaine pour faire le point sans être trop intrusif. Cela permet de garder le lien tout en lui montrant qu'on a confiance en lui. 
Autre point important. Le parent doit en profiter pour faire quelque chose qui lui fasse plaisir. Une activité sociale, associative, profiter de son couple, découvrir de nouvelles choses pour combler le manque de l'enfant par quelque chose de positif et qui donne confiance en soi. Surtout les parents hélicoptères. C'est essentiel pour garder un équilibre. 

Quels sont les principaux risques d'une transition mal préparée à ce changement radical ?

C'est assez difficile d'évaluer les risques en amont car l'enfant ne se connait pas encore bien lui même. Un enfant timide et renfermé pour lequel on va plus s'inquiéter, peut, par le biais d'une rencontre positive, se métamorphoser et s'épanouir très rapidement. Pour les parents, le risque est de s'accrocher à l'enfant par peur du manque. Des frictions avec l'enfant peuvent survenir car ce dernier va avoir envie de voler de ses propres ailes. 

Face à cette situation, beaucoup de parents ont tendance à vouloir toujours materner leurs enfants. A trop vouloir bien faire trop longtemps, les "parents hélicoptères" ne nuisent-ils pas à leur équilibre? A l'inverse, une rupture totale est-elle recommandable?

Les parents hélicoptères, les plus protecteurs, les plus proches de leur enfant, ne sont pas ceux qui leur ont donné le plus confiance en eux paradoxalement. Ils ont tendance à trop en faire à leur place. Le processus essai-erreur-échec, permet de se relever et de bâtir la confiance en soi. Un enfant surprotégé, guidé pour chaque choix, risque de ne pas avoir tous les codes pour s'épanouir à la faculté. Il aura tendance à faire preuve de passivité et attendra qu'on lui apporte la solution plutôt que d'être acteur. Ce n'est pas forcément un échec pour le parent, mais la difficulté de la transition en sortira accrue. Elle dépendra aussi des rencontres que fera l'enfant. Si elles sont positives, il pourra vite s'adapter par mimétisme, et acquérir les codes. Avec de mauvaises rencontres, il risque de se laisser aller et de s'éloigner des études. Ce n'est pas forcément définitif, mais pour qu'il se remette sur de bons rails il faudra que le parent le rassure sur ses compétences  et reconnaisse qu'il a été trop protecteur.
Il n'y a pas de raison de procéder à une rupture radicale. Il existe un cas où cela peut d'avérer nécessaire, c'est quand l'enfant n'arrive absolument pas à se détacher. Un enfant qui n'a pas la notion de travail, qui va avoir tendance à se renfermer, à toujours vouloir jouer aux jeux vidéos par exemple. Là, cela peut être une solution pour le forcer à prendre sa vie en main. Tout en lui donnant les moyens organisationnels et financiers pour se lancer seul. 

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