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René Goscinny raconte les secrets d'Astérix : ce qu'il y a de vrai dans les aventures du guerrier gaulois
©Flickr / Gianfranco Goria

Bonnes feuilles

Voici l'histoire d'Astérix racontée par son co-créateur, René Goscinny, disparu prématurément en 1977. Rassemblées sous forme d'abécédaire, des centaines de citations composent ce "récit" inédit émanant directement de celui qui, un jour, écrivit pour la première fois sur une feuille de papier le nom "ASTÉRIX". Extrait de "Goscinny raconte les secrets d'Astérix" (éditions du Cherche-Midi), 2/2

René Goscinny

René Goscinny

René Goscinny fut l'un des rédacteurs en chef de Pilote, alors l'un des principaux journaux français de bande dessinée. Créateur d’Astérix, d’Iznogoud et du Petit Nicolas, scénariste de Lucky Luke durant une longue période, il est l’un des auteurs français les plus lus au monde : l’ensemble de son œuvre représente environ 500 millions d’ouvrages vendus.

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Très souvent, et surtout depuis le passage sur les antennes de la télévision française de l’émission : Les Dossiers de l’Antiquité, les lecteurs d’Astérix demandent aux auteurs ce qu’il y a de vrai dans les aventures du petit Gaulois. Contrairement à ce qui se passe pour certains de ces films fantaisistes ayant l’Antiquité pour cadre, les aventures d’Astérix sont bâties sur des bases solidement historiques. Les auteurs, avant d’écrire et de dessiner leurs célèbres albums, consultent bon nombre de doctes ouvrages et de savants historiens. Jules César, lui-même, collabore à son insu à cette bande dessinée. Pour vous en convaincre, nous vous présentons quelques exemples ci-dessous.

Bien entendu, les données de départ sont vraies. En septembre 52 avant Jésus-Christ, Alésia est prise. Vercingétorix dépose ses armes aux pieds de César (et non « sur » les pieds, comme l’ont indiqué les auteurs). En automne de l’année suivante, Uxellodunum dans le Quercy est prise par les armées romaines ; la Gaule est soumise. Il est vrai également que certaines tribus ont refusé d’accepter la civilisation romaine et ont continué un combat sans espoir, car elles ne possédaient pas la potion magique à partir de laquelle la fiction se sépare de la réalité. C’est sur cette base historique qu’a donc pris naissance l’épopée du petit guerrier gaulois ; la fantaisie a fait le reste. Notons que les uniformes des légionnaires et leur équipement sont très proches de la vérité. Mais voyons quelques autres exemples puisés dans les albums déjà publiés.



Il est conforme à la vérité historique, le bon druide Panoramix, avec sa barbe blanche et ses vêtements blancs. Les druides, prêtres et savants, se réunissaient une fois l’an dans le pays des Carnutes, aux environs de Chartres. Ces rassemblements avaient un caractère à la fois politique, judiciaire et religieux. Avec Astérix, ils ont en plus un caractère farfelu.

À l’époque de Jules César, les rues de Rome étaient pour la plupart fort étroites et bordées de boutiques. Elles étaient souvent pavées et des passages étaient prévus pour les piétons désirant traverser.



Les lanista, entrepreneurs de gladiateurs, possédaient des écoles où étaient dressés, par des entraîneurs, esclaves et pauvres hères qui étaient destinés à combattre et à succomber dans l’arène des cirques.



Il y avait à Rome de très nombreux immeubles de rapport, de plusieurs étages. On ne les appelait pas encore HLM (habitations latines mélangées), mais il y avait déjà des appartements séparés et des étages. Les propriétaires, souvent avares et sans scrupules, les construisaient de telle sorte que des écroulements survenaient parfois, faisant de nombreuses victimes.

Comme Astérix et Obélix, les Romains allaient aux bains, et tous les détails contenus dans cet épisode de l’album Astérix gladiateur sont très proches de la vérité. La tour de Pharos, elle, ne s’écroula qu’en 1302. Il est donc normal que la lueur de son phare ait accueilli nos héros. Enfin, Cléopâtre, la reine des reines, offrit en effet des perles dissoutes dans du vinaigre à son invité Marc-Antoine, pour l’impressionner lors d’un banquet somptueux resté célèbre.



Observez l’étrange instrument de musique dans lequel souffle le cavalier ci-dessus. Il est parfaitement exact dans son aspect, comme la plupart des accessoires qui entourent les héros de notre histoire ; cela prouve à quel point le dessinateur doit se documenter graphiquement pour donner une base solide à ses illustrations. Très souvent, dans les aventures d’Astérix, vous avez vu manoeuvrer la légion romaine. Hormis les fuites désordonnées provoquées par la crainte des baffes d’Obélix, ces manoeuvres sont conformes à la vérité. Notamment l’une des plus spectaculaires, la tactique de la tortue (ci-dessous).



S’entourant de leurs boucliers, les légionnaires avançaient à l’abri des projectiles lancés par l’ennemi. C’était, en somme, la première armée blindée. Elle ne l’était pas suffisamment pour nos héros, qui, avec quelques pierres, réussissaient à disperser leurs adversaires (Astérix et Cléopâtre). Et là, il faut bien l’avouer, la réalité est tout autre ; les barbares avaient bien du mal à résister devant la science militaire des armées de César. Nous revenons toujours au même problème : celui de la potion magique du druide.

Cassivellaunos ! Il en a fait couler, de l’encre, celui-là ! Beaucoup de lecteurs ont cherché où se cachait le jeu de mots dans ce nom étrange. Eh bien, non, pas de calembour : Cassivellaunos était le chef suprême des Bretons, dans leur lutte contre César l’envahisseur.



Il n’a pas été facile de décider d’un itinéraire vraisemblable pour le Tour de Gaule, les auteurs ayant tenu à faire figurer des villes qui existaient déjà à l’époque, et qui produisent des spécialités gastronomiques célèbres. Les stations thermales étaient bien connues, et les Gaulois et les Romains, gros mangeurs, y allaient souvent faire des cures pour remettre en état leurs organes digestifs surmenés. Et non, nous ne savons pas où c’est, Alésia.

La plupart des historiens sont cependant d’accord aujourd’hui pour situer Alésia à Alise-Sainte-Reine ; mais on parle aussi d’Alaise en Franche-Comté, et même d’Alès, dans le Gard.

Il est vrai que César était en difficulté en Afrique où il était allé combattre ses ennemis du parti de Pompée, et qu’il était obligé d’enrôler des guerriers étrangers dans ses armées. Quant au camp romain qui figure sur le dessin ci-contre, il a été réalisé par Albert Uderzo avec le plus grand souci du détail vrai. Ce qui va se passer dans ce camp, ça, bien entendu, c’est une tout autre histoire.



Vraies aussi, les hésitations de César avant la bataille décisive de Thapsus qui allait lui donner la victoire. On ne sait pas comment s’est déclenché le combat ; nous, nous savons : c’est grâce à Astérix ! Quoi qu’il en soit, les auteurs tiennent à remercier tous les érudits qui, volontairement ou à leur insu (dans ce cas, ils leur demandent humblement pardon), les ont aidés à mettre un peu de vérité dans leurs petits récits : Jérôme Carcopino, Paul-Marie Duval, Régine Pernoud, Henri-Paul Eydoux, Charles-André Julien, et tant d’autres, sans oublier ce bon vieux Jules.

Pilote Superpocket, octobre 1968.


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