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A propos de remaniement ministériel...
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EDITORIAL

Le remaniement ministériel est finalement plus vaste que pressenti. François Baroin remplace donc Christine Lagarde et les centristes font une entrée remarquée au gouvernement.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Si Nicolas Sarkozy s’est révélé bon gestionnaire de crise, il n’a fait pas montre du même talent pour la composition de ses équipes gouvernementales, et plus précisément pour les remaniements (ils sont légion), qui jalonnent l’histoire de son quinquennat.

Sa volonté d’ouverture politique à gauche a fait place à une double obsession : réaliser des «prises de guerre» et diviser les camps de ses concurrents ou adversaires potentiels de sa propre majorité. Des préoccupations logiques, mais risquées lorsqu’elles deviennent pratiquement le seul moteur de sa démarche. Le retentissement de la petite phrase de Patrick Devedjian : « Je suis pour aller très loin dans l’ouverture…très loin, y compris jusqu’aux sarkozystes », en a dit long sur l’état d’esprit des fidèles de Nicolas Sarkozy, au lendemain de son élection. Brice Hortefeux, son plus vieil ami politique rattrapé de justesse lors de la formation du premier gouvernement. Il en a été écarté depuis. Thierry Mariani, un des rares députés estampillés «sarkozyste» tenu à l’écart jusqu’à novembre 2010… Il n’y en avait alors que pour les Kouchner, Amara, Dati, Besson. L’opinion était tenue en haleine avec la possible arrivée de Claude Allègre, l’ex-ministre de l’Education Nationale de Lionel Jospin. Les proches de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin étaient considérés comme des pestiférés.

En 2007, la novice Christine Lagarde, avec ses propos frappés au sceau du bon sens libéral sur le coût du travail, s’était mis une partie de la majorité à dos. Elle provoquait l’exaspération du Chef de l’Etat qui voulait la «virer » à l’été 2008. Mais la crise financière de l’automne a provoqué un retournement de situation. Fine mouche, la nouvelle directrice générale du FMI, a su se rendre indispensable avec un talent que les vieux briscards de la manœuvre politicienne ne soupçonnaient pas, et devant lequel ils s’inclinent aujourd’hui avec humilité et respect.

Au début du quinquennat, François Fillon, lui, pouvait s’estimer heureux d’être là où il était et l’Élysée le traitait avec une condescendance teintée de mépris. D’ailleurs, laissait on entendre, il n’est à Matignon que pour une durée limitée : Nicolas Sarkozy nommera un nouveau Premier Ministre à mi-mandat. Et ce qui se murmurait alors dans les conversations politiques est devenu un sujet d’intense spéculation pendant six mois, puisque l’échéance a été annoncée par Nicolas Sarkozy en personne au printemps 2010. Il a fallu attendra la mi-novembre pour apprendre que François Fillon restera à Matignon et que celui dont on citait le nom du bout des lèvres, est devenu «cher François» au fil des jours. Quant à Jean-Louis Borloo, un temps favori pour sa succession, il a claqué la porte du gouvernement, refusé le Quai d’Orsay, ce qui a précipité le retour d’Alain Juppé.

Le retour de l’ancien Premier Ministre de Jacques Chirac est venu grossir les rangs des chiraquiens dont le retour a été amorcé avec la nomination de François Baroin au lendemain de l’échec de la droite aux régionales. Mais un autre bastion politique est en voie de constitution sous la houlette de Jean Louis Borloo et Hervé Morin ; les deux anciens ministres rêvent tous deux de reconstituer l’UDF du temps où elle faisait jeu égal avec le RPR. Jean-Louis Borloo veut être candidat à l’élection présidentielleet représenter une alternative pour contrer le FN. Nicolas Sarkozy, affaibli dans les sondages brandit la menace d’un 21 avril à l’envers et s’emploie à affaiblir son camp, en faisant entrer des élus centristes dans l’équipe gouvernementale : François Sauvadet (président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée), dont la promotion a pour but d'éviter la formation d'un nouveau groupe centriste élargi à l'automne ; et le radical Jean Leonetti, opposé à une candidature Borloo à la présidentielle. L’entreprise se complique à moins d’un an de la présidentielle où le bénéfice de l’obtention d’un maroquin ministériel devient très relatif . Les scènes de menaces et crises de nerfs de François Baroin et Bruno Le Maire, les deux prétendants à la succession de Christine Lagarde, amplement relayées par des « sources » anonymes, ont ajouté du piment au suspens sur le nom du successeur et montré qu’un départ du gouvernement, ce n’est pas un simple jeu de chaises musicales .

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