Remaniement : la périlleuse habileté d’Emmanuel Macron<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron devrait dévoiler son nouveau gouvernement dans les jours à venir. Les derniers ajustements se poursuivent avant le début officiel du second mandat du chef de l'Etat.
Emmanuel Macron devrait dévoiler son nouveau gouvernement dans les jours à venir. Les derniers ajustements se poursuivent avant le début officiel du second mandat du chef de l'Etat.
©PASCAL ROSSIGNOL / POOL / AFP

Nouveau gouvernement

Emmanuel Macron n'aurait toujours pas fini d'établir la composition du futur gouvernement et n'a pas encore désigné le successeur de Jean Castex. Pour ce nouveau quinquennat, seuls quelques ministres devraient conserver leur poste. Emmanuel Macron a rencontré Nicolas Sarkozy ce mardi et les noms de personnalités ayant décliné des postes fuitent de plus en plus dans les médias.

Stéphane Rozès

Stéphane Rozès

Stéphane Rozès est président de Cap, enseignant à Sciences-Po Paris et auteur de "Chaos, essai sur les imaginaires des peuples", entretiens avec Arnaud Benedetti.

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Atlantico : On a appris ce mardi qu’Emmanuel Macron avait vu Nicolas Sarkozy à l’Elysée mais aussi qu’il avait proposé Matignon à Valérie Rabault, cheffe de file du groupe PS à l'Assemblée. Comment analyser sa stratégie ?

Stéphane Rozès : Il convient d’insister sur la singularité du mouvement actuel. Il ne procède pas simplement du fait qu’il faut un nouveau Premier ministre car Jean Castex va démissionner. Il n’est pas nouveau non plus que nous sommes avant la bataille des législatives et que le choix d’un Premier ministre et d’un gouvernement sont les premiers messages adressés au pays dans la perspective des législatives. Ce qui est nouveau, ce sont les conditions de la réélection du président Macron. Les institutions sont stables et solides mais le pays lui est instable. Les conditions de la réélection d’Emmanuel Macron se sont fait beaucoup par défaut. Tout comme le vote pour Marine Le Pen. Le président doit donc être très attentif à la personnalité qui sera son Premier ministre. On peut imaginer qu’il a missionné des gens de confiance pour tester des personnalités. Il a plusieurs fers au feu et il est sans doute dans un grand moment d’interrogation. Ce que nous apprenons, nous, journalistes, politologues, ce sont plutôt des bavures. Elles sont liées à la période de décomposition politique que l’on observe. Normalement, quand des personnalités sont approchées et refusent, elles gardent cela pour elles. La nouveauté est qu’elles le révèlent. Sans doute pensent-elles que cela les valorise d’avoir été approchées.

Valérie Rabault est la cheffe de file du PS à l’Assemblée nationale, elle avait par le passé refusé d’intégrer un gouvernement Valls parce qu’elle le considérait trop à droite. Comment comprendre cette volonté. Nicolas Sarkozy, lui, est une figure tutélaire de LR. Approcher ces personnalités, est-ce que c’est le signe d’une vraie habileté politique, d’une nouvelle méthode ?

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Emmanuel Macron a un problème de fond qui est d’arrimer au travers de la représentation politique le pays à lui. Il est, je pense, assez lucide sur la situation du pays et considère à juste titre qu’entre lui, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, il n’y a plus rien. Il va donc faire des propositions à des socialistes qui ont peut-être émis des critiques mais ne se retrouveraient pas dans Jean-Luc Mélenchon, ou inversement des politiques de droite qui ne se retrouvent pas dans le centre de gravité de Marine Le Pen. Si l’on regarde les ministres ou anciens ministres, nombre d’entre eux avaient été critiques d’Emmanuel Macron. La force d’Emmanuel Macron est institutionnelle et non politique.

La personnalité choisie donnera-t-elle une véritable dynamique au gouvernement ? Ou aller ainsi à droite et à gauche montre qu’il fera du macronisme quel que soit le Premier ministre, au mépris des Français ?

Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est le Macronisme. C’est bien parce que la droite et la gauche ont été incapables de le définir qu’elles disparaissent. Le macronisme est selon moi un en-même-temps qui s’ancre dans le néo-bonapartisme. Il gouverne à la Bonaparte, au mépris des corps intermédiaires, dans un lien qui se veut direct avec les Français, mais au profit d’une politique libérale. L’affichage du Premier ministre n’est en rien une garantie des politiques qui seront menées, peut-être même au contraire. Plus le président sera dans la poursuite et l’accentuation de cette logique néo-libérale, plus il aura besoin de borner sur sa gauche son gouvernement. Cela lui permettra d’empêcher la droite et la gauche de se présenter comme alternative crédible.

Avec le choix du Premier ministre peut-on croire à la nouvelle méthode promise par Macron ?

La dépression française ne tient pas selon moi à des questions de méthode de gouvernement, mais à des questions de fond : le contournement de la souveraineté nationale qui épuise la souveraineté populaire et donc la démocratie, l’éloignement de la nation. Emmanuel Macron essaie peut-être véritablement de faire différemment, mais ça ne résout rien à notre déclin économique, notre délitement social, nos régressions politiques ou notre dépression morale. 

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