Réduire vos usages numériques pour l’environnement ? Quand l’ADEME cède à la superstition<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Environnement
Un adolescent joue sur son ordinateur. L'Ademe recommande de réduire les flux de données afin de réduire l’empreinte environnementale du numérique.
Un adolescent joue sur son ordinateur. L'Ademe recommande de réduire les flux de données afin de réduire l’empreinte environnementale du numérique.
©Oli SCARFF / AFP

Efforts pour la planète

L'Ademe recommande de réduire les flux de données pour réduire l’empreinte environnementale des utilisateurs. Alors que les données disponibles montrent au contraire l'inutilité de ce geste.

Pierre Beyssac

Pierre Beyssac

Pierre Beyssac est Porte-parole du Parti Pirate

Voir la bio »

Atlantico : Dans une interview publiée sur le site de l’ADEME, Raphaël Guastavi, chef de service Écoconception et recyclage de l’ADEME, plaide pour « l’innovation frugale et une forme de sobriété numérique » en s’appuyant sur les premiers résultats du rapport sur l'empreinte environnementale du numérique publié par l’ADEME sur les coûts environnementaux du numérique. Le discours de l’ADEME est-il principalement idéologique ?

Pierre Beyssac : Il existe déjà des pistes d'amélioration qui font consensus.

Il y a aussi des écueils récurrents.

Ainsi, l'idée que l'empreinte du numérique peut être limitée par la sobriété des volumes de données est tenace en France, mais fausse : les mesures agrégées disponibles ne montrent pas d'explosion de consommation électrique et au contraire une stagnation relative, malgré la croissance forte des volumes. Les mesures possibles en direct sur les équipements le confirment.

L'Ademe a aussi, par le passé, diffusé des évaluations erronées de l'impact du courrier électronique, qui circulent encore.

Les premiers éléments du rapport Arcep-Ademe semblent porter une vision plus réaliste.

Cependant, la conviction que le volume de données a de l'importance reste populaire ici et là, et on le constate encore dans l'interview que vous citez.

On a pu aussi le voir dans les premiers jets de la loi "empreinte environnementale du numérique" qui sera votée le 2 novembre au
Sénat. Une disposition visant à afficher le CO2 lié au volume de données sur les sites de vidéo a été retirée  par l'assemblée, pour des raisons sans rapport : la mesure posait des problèmes de distorsion de concurrence. Il faut réaffirmer qu'il s'agissait de
toute façon d'une fausse route.

À Lire Aussi

Non, la 5G n’a pas toutes les externalités négatives que lui prête le Haut conseil pour le climat

Vous soulignez dans un tweet que les données connues sur le sujet jusqu’à présent vont plutôt dans le sens inverse. De quelles données disposons-nous sur le sujet des flux de données et de leurs impacts environnementaux ?

On sait, par la mesure de consommation électrique, que celle des équipements réseau et serveurs est essentiellement identique que les équipements soient à vide ou en charge, même s'il peut exister une variation de quelques pourcents.

Les rapports de consommation passée des centres de données (cités par l'Arcep par exemple), ou des infrastructures de réseaux fixes et mobiles, montrent également que la progression des volumes de données ne provoque pas d'explosion concomitante de la consommation énergétique, qui a plutôt tendance à stagner.

Enfin, Netflix -- gros diffuseur de vidéo en ligne -- a produit une évaluation détaillée de ses services, montrant que l'impact de son
réseau de distribution est minime (5 %) par rapport à l'empreinte totale de la société.

Autrement dit, réclamer de la sobriété dans nos échanges de données est une fausse piste qui ne peut provoquer aucune diminution de l'empreinte.

Pour affronter efficacement et lucidement les enjeux liés au numérique et au réchauffement climatique, quelle devrait être la démarche à adopter ?

Ce qui fait aujourd'hui consensus : prolonger la durée de vie de nos équipements personnels ou professionnels, si nécessaire en les faisant réparer. C'est particulièrement vrai en France où, grâce à notre électricité peu carbonée, l'usage n'entre que pour une
proportion très minoritaire dans l'impact CO2.

Ensuite, connaître les ordres de grandeur relatifs des impacts, afin de privilégier les actions les plus utiles et éviter les recommandations contre-productives.

Enfin, des méthodologies d'évaluation plus proches des réalités physiques semblent nécessaires pour mieux modéliser les empreintes afin d'aboutir aux recommandations les plus utiles.

À Lire Aussi

Journée mondiale sans papier : mais qui a dit que le stockage numérique était bon pour l’environnement ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !