Recyclage : et si la solution était du côté de super vers mangeurs de plastique ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Zophobas morio - communément appelé le super ver - peut survivre en se nourrissant de polystyrène.
Le Zophobas morio - communément appelé le super ver - peut survivre en se nourrissant de polystyrène.
©DR / Université du Queensland

Atlantico Green

Selon des chercheurs australiens, une espèce de larves d'insectes ayant un goût prononcé pour le plastique pourrait contribuer à révolutionner le recyclage.

Chris Rinke

Chris Rinke

Chris Rinke est maître de conférences au sein de l’Australian Centre for Ecogenomics (ACE), de l’Université du Queensland, en Australie. Ses intérêts de recherche incluent la phylogénie, la taxonomie et l'écologie des bactéries et archées libres et symbiotiques.

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Atlantico : Vous avez découvert que le Zophobas morio - communément appelé le super ver - peut survivre en se nourrissant de polystyrène. Les larves du coléoptère parviennent-elles à digérer le plastique ? Comment expliquer ce phénomène ? De quel type de plastique ou de ses composants sont-elles les plus friandes ?

Chris Rinke : Nous ne savions pas si les "super vers" pouvaient manger du polystyrène lorsque nous avons commencé l'expérience. Cependant, les larves d'insectes ont des pièces buccales très solides, et certaines études ont montré que de petites larves d'insectes comme les vers de cire (1,2 cm) pouvaient endommager et manger des sacs en plastique. Nous avons donc pensé que les super vers, beaucoup plus gros (~5,5 cm), pourraient être capables de manger du polystyrène. Les super vers étaient sceptiques au début, mais après 24h, ils ont commencé à explorer et à manger du polystyrène. Nous ne leur avons pas donné d'autre choix, le groupe polystyrène avait uniquement du polystyrène et rien d'autre comme source de nourriture. Dans le futur, nous explorerons également d'autres types de plastique comme le polyéthylène. 

Comment cette découverte pourrait-elle conduire à des progrès en matière de recyclage ?

Notre objectif est d'exprimer et de caractériser les enzymes de manière très détaillée en laboratoire, afin de comprendre dans quelles conditions (par exemple la température) ces enzymes fonctionnent le mieux. Le processus de recyclage industriel pourrait alors comprendre deux étapes, d'abord le broyage mécanique du polystyrène en petits morceaux, puis l'ajout d'enzymes pour dégrader le polystyrène en composés qui peuvent être utilisés comme source de nourriture par d'autres bactéries. 

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Quel est le rôle des enzymes dans la digestion de ce super-ver ? Pourrait-il être utilisé à d'autres fins dans l'industrie du recyclage et à plus grande échelle ?

D'après ce que nous savons, le ver déchiquette mécaniquement le polystyrène, l'ingère, puis les bactéries présentes dans l'intestin du ver dégradent davantage le plastique. Nous avons trouvé plusieurs enzymes codées associées à la dégradation du polystyrène dans les bactéries intestinales.

Quelles nouvelles opportunités sont ouvertes par votre découverte sur la question du recyclage du plastique ?

Il faudra plusieurs années pour caractériser les enzymes impliquées dans la dégradation du polystyrène, mais une fois que nous aurons trouvé les enzymes les plus efficaces, nous pourrons proposer une solution biologique pour dégrader les déchets plastiques. Ce sera une alternative aux méthodes de recyclage chimique, dont on sait qu'elles impliquent des produits toxiques, et devrait inciter au recyclage du plastique.

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