Recomposition de la droite post présidentielle : la grande illusion ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron s'entretient Valérie Pécresse lors de sa visite aux Mureaux, le 20 février 2018.
Emmanuel Macron s'entretient Valérie Pécresse lors de sa visite aux Mureaux, le 20 février 2018.
©LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

Vitrification du paysage politique

Si les équipes d’Eric Zemmour comme d’autres discrets « stratèges » à droite fantasment -ou s’inquiètent- sur une recomposition post présidentielle 2022, les enjeux mis en évidence par la guerre en Ukraine comme le calendrier électoral (pas d’élections majeure avant 2026) pourraient en réalité aboutir à un paysage vitrifié

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Il y a quelques semaines, lorsqu’il faisait figure de favori pour le deuxième tour de la présidentielle, Eric Zemmour et les siens se voyaient en phare de la Droite, laquelle viendrait se recomposer autour du nouveau parti « Reconquête » . Dans cette hypothèse, le parti dernier né de la Droite de la droite, explosant le Front National et la droite Républicaine, associée à l’UDI et au Nouveau Centre, était promis à la domination du flanc droit de l’Assemblée Nationale post présidentielle. Les Républicains semblaient promis au même sort que le PS en 2017, (passé de quelque 300 à une trentaine de députés). En 2017, le Parti de Nicolas Sarkozy  s’était déchiré quant à l’attitude à adopter le deuxième tour. Le refus de la direction du Parti de se prononcer clairement en faveur d’Emmanuel Macron, puis la ligne identitaire adoptée par la direction du Parti, avaient provoqué le départ d’un certain nombre d’élus et militants, mouvement qui s’est poursuivi jusqu’aux Européennes de 2019, où  l’échec de la liste conduite par FX Bellamy a provoqué la démission de Laurent Wauquiez. (C’est au nom de son désaccord avec cette ligne que Valérie Pécresse avait d’ailleurs quitté le Parti pour fonder sa propre formation «  Libres » , avant d’y revenir à l’occasion de la primaire).

En 2017, des dégâts limités

Mais au lendemain de la présidentielle, malgré la vague « En Marche », les Républicains avaient sauvé les meubles, ne perdant « qu’une » soixantaine de sièges, et se retrouvant finalement à une centaine sur les bancs de l’Assemblée.  Marine Le Pen, forte de des 33% de voix obtenues au 2e tour, elle n’avait réussi à faire entrer que huit députés (dont elle-même), au Palais Bourbon. Quant à la proportionnelle promise par le candidat Macron à son allié François Bayrou, elle n’a pas vu le jour et reste promise…

Qu’en sera-t-il au lendemain de la probable réélection d’Emmanuel Macron ? Si la  reprise en mains du parti par Christian Jacob, puis l’organisation réussie d’une primaire pour désigner le candidat ont  permis de marquer un coup d’arrêt à l’érosion de LR , le surgissement d’Eric Zemmour dans le paysage politique a constitué un nouvel élément perturbateur dans le paysage de la droite. L’ancien journaliste a engrangé des ralliements de Républicains et de frontistes désespérés de Marine Le Pen, promise aux oubliettes .

A l’opposé, les soutiens à Emmanuel Macron se sont multipliés dans les rangs des Républicains, les plus spectaculaires étant ceux des grands élus républicains du Sud de la France , (Renaud Muselier, Christian Estrosi, Hubert Falco), mais aussi celui du président de la Commission des Finances de l’Assemblée, Eric Woerth. Le dernier en date est le député de l’Yonne, Guillaume Larrivé, pourtant grand pourfendeur du chef de l’Etat pendant les premières années du quinquennat , qui invoque «  l’utilité pour la France », dans une interview au Point…

La nouvelle ligne de clivage était : Macron ou Zemmour …L’ancien journaliste a partiellement fondé sa candidature sur l’incapacité de Marine Le Pen d’être élue. Or la guerre en Ukraine est venue bouleverser la donne. L’ancien journaliste est aujourd’hui supplanté et distancé par la patronne du Front National qui a su se montrer beaucoup plus prudente que lui sur le soutien à Vladimir Poutine et l’accueil des réfugiés ukrainiens, et qui fait une campagne de proximité, à l’opposé de celle de son rival. A ce jour la guerre en Ukraine ne divise pas les Républicains qui ne formulent pas de critiques de fond contre la stratégie d’ Emmanuel Macron… Dans l’hypothèse (probable), d’un duel Macron-Le Pen au deuxième tour, le parti pourrait-il se payer le luxe de se déchirer comme en 2017 ? Pour l’heure Valérie Pécresse, donnée 4e dans les sondages, continue d’attendre (ou fait mine de…) le soutien de Nicolas Sarkozy, qui tarde, tarde… Son score au premier tour déterminera-t-il le nombre d’élus à l’Assemblée ? D’après les sondeurs, l’électorat LR, est partagé en trois tiers : le premier est tenté par Emmanuel Macron, le second par Eric Zemmour ou Marine Le Pen, et le troisième reste indéfectiblement LR, sans que l’on sache exactement sur quels critères, car le Parti n’a pas renouvelé son corpus idéologique. Lequel de ces électorats se déplacera le plus aux urnes lorsqu’il s’agira d’élire les députés, les 12 et 19 juin , quarante-neuf jours après le deuxième tour de la présidentielle ? En dehors de la situation internationale et ses conséquences pour la France, d’autres éléments peuvent surgir. A cette heure personne ne sait quelles seront les suites de de la mort d’Yvan Colonna et ses conséquences éventuelles. Et personne ne connait précisément les noms des candidats « Majorité Présidentielle » , car les investitures ne seront publiées qu’au lendemain du deuxième tour. Emmanuel Macron s’inspirera-t-il de François Mitterrand qui avait émis le souhait d’une majorité pas trop massive lorsqu’il a dissous l’assemblée en 1988 ? Il avait été servi au-delà de ses espérances puisqu’il s’était retrouvé avec une majorité relative. Aujourd’hui tel ne semble pas être l’état d’esprit du candidat Macron qui n’a de cesse d’appeler au Rassemblement autour de son projet … À de rares exceptions près, les négociations avec les centristes n’étant pas terminées, les investitures de LR sont connues et les candidats aux législatives sont déjà en campagne… Anxieux des résultats de leur candidate, mais espérant aussi que les électeurs tentés de les délaisser au profit de l’extrême droite , se lasseront des querelles entre « zemmouristes » et frontistes, et reviendront au bercail, permettant ainsi aux Républicains de conserver leurs positions …

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