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Recherche politique de santé publique désespérément : ce consensus mondial superbement ignoré par le gouvernement sur les meilleures stratégies face au Covid
©AFP - PASCAL GUYOT

Vaste étude

Une vaste étude publiée dans Nature et regroupant le travail de 400 experts originaires de 100 pays différents montre que si la vaccination est nécessaire pour faire face au Covid, elle est aussi insuffisante. Malheureusement, la France n’a quasiment rien fait d’autre…

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze est chirurgien à Perpignan.

Passionné par les avancées extraordinaires de sa spécialité depuis un demi siècle, il est resté très attentif aux conditions d'exercice et à l'évolution du système qui conditionnent la qualité des soins.

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Atlantico : Une étude de Nature a mis au jour un consensus mondial de mesures pour s’attaquer à l’épidémie de Covid. Il établit notamment que la vaccination est nécessaire mais insuffisante pour agir. À l’heure où l’on parle de 9e vague, pourtant, le gouvernement français semble se moquer éperdument de ces recommandations. Comment l’expliquer ?

Guy-André Pelouze : La pandémie a mis en évidence non seulement l’impréparation mais surtout l’absence d’organisation de la santé publique en France. Reprenons les mots de l’actuel ministre de la santé, “le système est bon, le fond est bon, mais il faut tout reconstruire”. Évidemment c’est une boutade qui a cependant un mérite, dire la vérité. Quelle est la partie de la phrase qui est vraisemblable?  Certainement pas la vague appréciation qualifiant le système et le fond de “bon”. C’est pour calmer les thuriféraires du système, pour ne pas trop les froisser car ils tiennent tous les leviers. Evidemment c’est le “il faut tout reconstruire” qui est vraisemblable quoique radical. En fait, il est assez proche de l’état de la santé publique en France. Le vrai débat est celui des fondations. Le fond existe, mais ce qui résume la santé des populations c’est le bouleversement des bases des politiques de santé publique depuis le big data. C’est pourquoi le fond aussi est à reconstruire non parce qu’il serait mauvais mais tout simplement parce qu’il est obsolète.

Santé publique, système de soins et assureurs maladie: un déséquilibre préoccupant

C’est le facteur qui différencie les différents pays considérés dans l’étude collaborative en question (https://www.nature.com/articles/s41586-022-05398-2). Nous avons tout misé sur l’hôpital et c’est une erreur.

Il faut rappeler que la santé de la population est assurée d’abord par des solutions technologiques comme l’eau potable, la collecte et le traitement des eaux usées, la production agricole, la distribution de l’énergie (de l’électricité aux énergies fossiles), un accès à internet et aux réseaux mobiles de communication. Les nouveaux défis sont l’alimentation, la pollution, le changement climatique et bien sûr les nouvelles menaces urgentes comme les pandémies, les éruptions volcaniques ou bien les accidents nucléaires. Le financement des activités de santé publique comme d’autres activités régaliennes est basé sur l’impôt. De ce point de vue, la dépense publique et le niveau d’impôts et taxes en France sont compatibles avec la construction et le fonctionnement d’un véritable système de santé publique. Ce pan de l’action régalienne a été progressivement abandonné, réduit et relégué derrière l’accès aux soins curatifs des plus efficaces aux plus inutiles.

À l’opposé le système de soins est un réseau de praticiens soignants (médecins, infirmières, pharmaciens, biologistes, psychologues et d’autres spécialistes) exerçant en ambulatoire ou en établissement de soins qui apportent les solutions les plus adaptées aux maladies chroniques ou aiguës. Il est financé par des cotisations obligatoires sur le travail et aussi par la CSG-CRDS un autre impôt à assiette plus large. Les établissements de soins publics ou privés sont financés par ces impôts, le reste à charge en France est le plus faible de tous les pays de l’OCDE.

Enfin les assureurs assurent le financement de ces dépenses de soins par des primes d’assurance dont le calcul est compliqué, cotisations, impôts et abondement des déficits par le budget de l’état c’est à dire en partie par de la dette publique. En France l’assureur maladie est un monopole d'État dont les déficits sont abondés par l’impôt. Les assureurs en second sont financés par des prélèvements quasi-obligatoires dans les entreprises et par les adhérents pour les autres Français. Au total nous dépensons des montants considérables pour les soins curatifs et palliatifs avec des dépenses inutiles qui avoisinent 30% du montant, une fraude non connue et des dépenses non médicales de plusieurs milliards (dépenses éparpillées en transports, cures, avantages en nature médicaments sans aucun effet avéré mais remboursés). 

En revanche, nos dépenses en santé publique sont très faibles. La santé publique est représentée par une agence de flyers (Santé Publique France) qui n’a pas encore réussi à construire patiemment un site utile à la connaissance précise et actualisée de l’impact des maladies en France. L’évènement était pourtant motivant. Mais là où le bât blesse c’est l’absence totale de relais sur le terrain. Les régions avec tous leurs fonctionnaires n’ont pas pu mettre en place ces relais de santé publique au contact des populations.


Les bases d’une organisation de santé publique au service des populations

Il a un décalage entre l'organisation de la santé publique en France et celle d’autres pays développés. Il est urgent de s’inspirer de ce qui marche au lieu de laisser les hauts fonctionnaires maintenir un statu quo inefficace. 

Le centre de contrôle des maladies

C’est la tour de contrôle des maladies sur le territoire Français. Bâtir un centre de contrôle des maladies est indispensable pour avoir une idée précise des menaces et de l’état de santé de la population. C’est une oeuvre de longue haleine que la France avec sa géographie très étendue ne peut négliger. Or aujourd’hui c’est le flou. Et trois ans après le débute de la pandémie c’est toujours le flou. Plus personne ne s’y trompe, pour savoir ce qui se passe il est plus sûr de regarder ce que publie les sites de l’UE, de l’OCDE ou bien de l’université d’Oxford, ou des chercheurs indépendants comme G. Rozier (https://covidtracker.fr/about/). 

Le big data de la santé

Des données exhaustives, fiables et ouvertes. Cette pandémie a mis en évidence l’indigence d’un État qui bombe le torse pour savoir si nous sommes la Xème puissance industrielle mais qui n’a pas de données fiables sur les maladies, les traitements, la mortalité, manque de machine de séquençage, tout en ayant le plus grand nombre de fonctionnaires par habitant de l’OCDE.

Recherche et innovation en épidémiologie: le réseau hybride universités-entreprises

L’engagement académique universitaire et celui des entreprises se prépare maintenant pour la prochaine urgence sanitaire. Il est presque incroyable que le tissu universitaire fécond se résume à aussi peu d’équipes et de publications. Nous avons l’excellence, il faut l’essaimer non par des oukases mais par la coopération et des contrats de recherche prioritaires (https://edurank.org/medicine/epidemiology/fr/). 

Les équipes sanitaires mobiles au contact des populations

C’est depuis le début le talon d’Achille de la santé publique au quotidien. E. Philippe avait bien compris cette faiblesse et les brigades sanitaires sont nées… dans la loi. Mais curieusement jamais dans la réalité. La raison principale est que cet outil indispensable de toute politique de santé publique doit être conçu, développé et expérimenté en subsidiarité maximale. Il faut donc une loi qui implique un niveau d’autonomie régionale supplémentaire. C’était possible dans le quinquennat précédent ce sera difficile dans l’actuel.



Comment se situe la France selon l’analyse de l’étude Delphi?

Cette collaboration internationale (https://www.nature.com/articles/s41586-022-05398-2) a déterminé sur des bases observationnelles les priorités. Dans le Tableau N°1 les dix commandements sont détaillés.

Ce qui frappe c’est la pertinence du premier commandement. 

“La planification de la préparation et de l'intervention en cas de pandémie doit adopter une approche globale de la société qui inclut de multiples disciplines, secteurs et acteurs (par exemple, les entreprises, la société civile, l'ingénierie, les communautés religieuses, la modélisation mathématique, l'armée, les médias et la psychologie).” Trois remarques:

- nous ne sommes toujours pas prêts à cette implication totale en cas de nouvelle pandémie, aucune planification précise n’a été mise au point sur le plan national. Aucune coordination n’est activable pour rendre plus efficace l’implication des acteurs cités.
- il ne peut y avoir d’approche globale de la société sans subsidiarité maximale, autrement dit l’efficacité est sur le terrain et non pas dans les courriels de la Direction Générale de la Santé ou des ARS

- en considérant les disciplines et les acteurs cités par les auteurs il est facile de constater dans cette nouvelle résurgence du BA.4 et 5 que nous sommes en retard partout, condamnés à rejouer le match de 2020 et 2021 avec les mêmes très mauvais acteurs médiatiques dont la mauvaise foi est avérée. Les entreprises n’ont pas de stratégie claire et encore moins de plan anti-transmission, les administrations sont muettes, les hôpitaux ont abandonné toutes les mesures anti-transmission et peinent à s’y remettre. Nous avançons les yeux bandés comme s' il n’existait dans ce pays aucun département universitaire d’épidémiologie capable de faire tourner un modèle et d’éclairer l’avenir pour avoir quelques repères.

La communication comme seconde recommandation

“Les responsables communautaires, les experts scientifiques et les autorités de santé publique doivent collaborer pour élaborer des messages de santé publique qui instaurent et renforcent la confiance des individus et des communautés et utilisent les moyens d'accès et de communication préférés des différentes populations.”
Au lieu de cela, un silence assourdissant. Les corps académiques ne travaillent pas. Le résultat est là: les Français n’ont plus que l'État et son ministre. Or en matière scientifique la crédibilité des politiques est très entamée par ce qui se passe sur le front de l’énergie. F. Braun a besoin du travail des multiples sociétés d’infectiologie, épidémiologie, virologie, immunologie, de l’Académie d e médecine et d’autres. Et avant tout de leurs travaux étayés, actualisés et publiés dans des journaux scientifiques. Il n’est pas question d’interdire à quiconque de  s’exprimer mais il est capital que les experts s’engagent dans leurs organisations, par des votes sur des recommandations des avis d’alerte et d’autres contributions. C’est ce qui est détaillé dans le Tableau N°1.

Proposition

Détails des actions

Désaccord partiel ou complet (%)

1

Système de santé publique

La planification de la préparation et de l'intervention en cas de pandémie doit adopter une approche globale de la société qui inclut de multiples disciplines, secteurs et acteurs (par exemple, les entreprises, la société civile, l'ingénierie, les communautés religieuses, la modélisation mathématique, l'armée, les médias et la psychologie).

1

2

Communication


Les responsables communautaires, les experts scientifiques et les autorités de santé publique doivent collaborer pour élaborer des messages de santé publique qui instaurent et renforcent la confiance des individus et des communautés et utilisent les moyens d'accès et de communication préférés des différentes populations.

0

3

Prévention

Tous les pays devraient adopter une approche "vaccins plus" qui combine la vaccination contre le COVID-19, des mesures de prévention, des traitements et des incitations financières.

4

4

Inéquité dans la pandémie

La préparation et la réponse à une pandémie doivent tenir compte des inégalités sociales et sanitaires préexistantes.

1

5

Communication

Les autorités de santé publique doivent s'associer à des personnes et des organisations qui jouissent de la confiance de leurs communautés pour fournir des informations précises et accessibles sur la pandémie et favoriser les changements de comportement.

0*

6

Vaccination

Les financements publics, philanthropiques et industriels doivent mettre l'accent sur la mise au point de vaccins offrant une protection durable contre plusieurs variants du SRAS-CoV-2.

1

7

Communication

Les professionnels et les autorités de la santé publique doivent combattre les fausses informations de manière proactive en s'appuyant sur des messages clairs, directs, adaptés à la culture et exempts de jargon scientifique inutile.

1

8

Système de santé publique

Les stratégies de préparation et de réponse devraient adopter des approches pangouvernementales (par exemple, une coordination interministérielle) pour identifier, examiner et traiter la résilience des systèmes de santé.

1

9

Inéquité dans la pandémie


Les organisations mondiales du commerce et de la santé devraient se coordonner avec les pays pour négocier le transfert de technologies permettant aux fabricants des pays à revenu faible et intermédiaire de mettre au point des vaccins, des tests et des thérapeutiques de qualité garantie et abordables.

1

10

Traitements et soins




Promouvoir la collaboration multisectorielle afin d'accélérer le développement de nouvelles thérapies pour tous les stades du COVID-19 (par exemple, la consultation externe, l'hospitalisation et le COVID long).







0*

Tableau N°1: Le consensus de Delphi en dix recommandations classées par priorité. SD+D, the combined percentage of ‘somewhat disagree’ and ‘disagree’ responses. The asterisks indicate that rounding resulted in 0% despite the presence of ≥1 response in the disagreement category. Traduction du tableau N°  de l’article de Nature (https://www.nature.com/articles/s41586-022-05398-2/tables/8).

Que faire ?

Il faut revenir aux données directement mesurées à partir des faits. 

Notre mortalité cumulative de la Covid-19 est élevée. 

L’historique de cette mortalité démontre (Figure N°1) que c’est la phase sporadique de la pandémie qui a été plus mortelle qu’ailleurs. Depuis nous avons réussi à réduire cette mortalité par la vaccination mais sans jamais impacter suffisamment la transmission des nouveaux variants. Certes il y des pays où la situation est pire mais aussi des pays qui ont fait beaucoup mieux par exemple la Norvège, l’Australie, la Corée du sud, la Nouvelle Zélande, le Japon. Ces pays ont des centres de contrôle des maladies, un big data sur la santé des populations fiables et ils ont misé sur les trois moyens, casser la transmission du virus précocement et aussi longtemps que nécessaire, vacciner et traiter avec des antiviraux.


Figure N°1: Mortalités cumulatives de la Covid-19 dans plusieurs pays.



Le vaccin a produit des effets mesurables inédits dans l’histoire

Le vaccin a sauvé des millions de vies. Environ 20 millions sur toute la planète. Le vaccin permet d' éviter des hospitalisations en réanimation et les séquelles des formes graves quand la mort est évitée. Le vaccin a aussi diminué le nombre de Covid-longs. C’est incontestable. Pour comprendre la Figure N°2 je rappelle que le premier vaccin a été injecté le 8 décembre 2020 et que le 8 décembre 2021, 55,9% de la population mondiale avait reçu au moins une dose de vaccin (https://www.thelancet.com/journals/laninf/article/PIIS1473-3099(22)00320-6/fulltext). 



Figure N°2: Le vaccin réduit la mortalité et les formes graves diminuent. Depuis que plus de la moitié de la population mondiale a reçu au moins 1 dose, l'immunité vaccinale est plus efficiente en population réelle. Il le fait par plusieurs actions, amélioration des défenses non spécifiques (interférons), déclenchement d’une réponse immune humorale avec des anticorps neutralisants, déclenchement d’une réponse cellulaire de plus longue portée dans le temps et diminution de la transmission chez les vaccinés.

Figure N°3 : Pourcentage de la population ayant reçu les deux doses du vaccin. La souche sauvage est bien “enregistrée” dans la mémoire immunitaire de 75% des Français. En prenant en compte ceux et celles qui ont eu des formes asymptomatiques de la Covid-19 on arrive probablement aux alentours de 80% ce qui explique la chute de la mortalité. On manque d’analyse récente de l’immunité humorale (anticorps) en population réelle en France et en régions. Une opportunité de contrat de recherche avec les universités et l’industrie pour éclairer l’évolution de la pandémie. 

La vaccination à deux doses a été acceptée par les Français comme dans les autres pays développés. C’est un immense succès des Français face à l’irrationalité et la force du mouvement anti-vax dans l’hexagone. Pour autant deux doses pour un virus comme le Sars-CoV-2 sont insuffisantes avec le temps. Le virus qui se transmet encore beaucoup a fortement muté en fin 2021 et 2022. L’échappement immunitaire est là, il faut actualiser et booster la production d’anticorps neutralisants. Qu’en est-il en décembre 2022?

Figure N°4 : Combien de rappels administrés pour 100 personnes? Depuis le mois de mars 2022 le nombre de boosters (rappels) administrés est quasi nul. Notre immunité vaccinale et naturelle (il ne faut pas négliger le nombre important de personnes qui ont attrapé le virus) est ancienne, c'est-à-dire moins adaptée aux BA 4 et 5 et surtout au BQ 1.1. 

L’année 2022 a été comme un long blanc en matière de vaccination. Pourquoi? Encore une fois les entreprises de big pharma ont délivré en temps un produit de qualité, un vaccin bivalent comme booster (rappel). Ce booster adapté à l’évolution de la protéine spike a été très mal expliqué voire pas du tout. L’HAS a fait ce que nous chérissons la complexité, les recommandations qui en les lisant donnent mal à la tête. Notre production scientifique est faible. Les anti-vax reconvertis en “docteur la sagesse” sont revenus avec leur leit motiv de l’échec: “il ne faut vacciner que les personnes fragiles”. Il y aura donc une résurgence forte, transmise par ceux qui n’ont pas attrapé l’Omicron, n’ont pas été vaccinés, n’ont pas eu de rappel ou tout à la fois. Ces personnes sont principalement les Français de moins de 50 ans (cf infra).

Anticiper plus fort et plus vite

Le constat trois ans après le début de la Covid-19 c’est que le gouvernement n’a en réalité tiré que peu de leçons de cette pandémie. Tout d’abord le champ de l’opposition politique étant largement fourni d’antivax déclarés ou agissant sous fausse bannière il a beau jeu de considérer qu’il a bien agi et réussi la vaccination. Et c’est en partie vrai, après le cafouillage de 2020 le déploiement de la vaccination (en France Pfizer et Moderna) associé au pass sanitaire a accéléré l’efficacité de l’immunité vaccinale et sauvé des vies. On peut simplement regretter que le pass n’ait pas été mis en place dès le début mars 2021. Mais quand il s’agit d’anticiper, la question est plutôt: comment ferions-nous mieux si une autre pandémie se déclarait?


Agir dans le monde réel

En revanche le gouvernement a loupé l’occasion pédagogique de cette pandémie pour rééquilibrer notre système de santé avec les indispensables que sont le centre de contrôle des maladies (CDC), le big data ouvert du système de soins, l'implication massive des universités et la création des équipes sanitaires mobiles en région. Pour cela il aurait fallu profondément réformer l'agence de flyers qu’est SPF, réaffecter des moyens financiers éparpillés dans des agences peu efficientes pour créer le CDC, bâtir le big data du système de soins sans obéir aux oukases de la sécu, offrir des contrats de recherche aux universités et déléguer aux régions les ESM. En réalité, le gouvernement n'en a plus les moyens, il n'a plus la main sur les leviers. Le système sécu est figé, irréformable et résistant à toute tentative de changement. Or il recèle des dizaines de milliards de dépenses disponibles pour être réallouées. Paralysé dans ses intentions par le en même temps, dépourvu de majorité E. Macron a écarté toute réforme dans ce domaine.

Boucher les trous de la raquette vaccinale

Pour la résurgence actuelle qui est le fait de mutants de l’Omicron il faut reprendre de manière intelligente les modes comportementaux anti-transmission et compléter la vaccination après les deux doses (Figure N°5). 35 % des Français n’ont pas reçu de booster. Combien sont des personnes à risque? Les plus de 80 ans car sans équipe sanitaire mobile dédiée, aller leur proposer le vaccin quand ils ne sont pas en institution est une opération impossible. Très certainement les immunodéficients dans toutes les classes d'âge dont on estime sans aucune statistique disponible qu’à peine la moitié on fait le booster. Boucher ces trous depuis l’avenue de Ségur est vain, admonester les Français dans des émissions de talk-show est insupportable, nous avons les moyens sur le terrain mais aucune organisation n’est en place. Dans les administrations publiques c'est le retour du: résister à tout changement, chacun son silo et que les “vieux” se débrouillent. Or nous savons (encore une bourde aux conséquences graves de certains "spécialistes" autoproclamés Français) qu'il est préférable pour tout un chacun DE NE PAS ATTRAPPER la Covid-19, qu’il vaut mieux et de loin faire une immunité vaccinale. Nous savons qu’il est moins dangereux ne pas RÉATTRAPER la Covid-19 au fil des variants, qu’il vaut mieux faire une immunité vaccinale grâce à un booster.Cela évite les formes graves et la principale la mort, cela diminue voire supprime le risque de Covid-long.

Figure N°5: Ce graphe met bien en évidence que les plus de 80 ans doivent être sollicités physiquement pour leur proposer la vaccination et par ailleurs il est nécessaire de réduire la transmission puisqu’elle est plus importante chez les non vaccinés n'ayant pas eu la Covid-19 qui sont très nombreux avant 50 ans. Enfin depuis le printemps dernier peu d’évolution, le système de soins échoue en santé publique ce qui est classique mais aussi dans le traitement de la Covid-19 par des antiviraux. 

Antiviral 

Pourquoi certains médecins continuent à prescrire des antibiotiques (et même du Zithromax®) à tout va mais pas de Paxlovid®? Même à la sécu on s’étonne des très faibles prescriptions de Paxlovid®. C’est devenu un sujet inquiétant car il y a des patients qui éviteraient les soins critiques s' ils étaient traités, nous parlons là suivant les modèles de plusieurs milliers de Français. Les explications sont plurielles mais en résumé, faites un test PCR multiple, un ECBC et ne prenez pas de manière prophylactique des antibiotiques. Si la PCR démontre une infection à la Covid-19, traitez par le Paxlovid® les patients à risque. Attention, le profilage du risque dans la Covid-19 n’est pas une spécialité au faciès, à la date de naissance ou bien selon les critères d’un présentateur télé. Il y a des données et elles sont solides (https://atlantico.fr/article/decryptage/traitements-anti-covid---derniers-rates-de-la-gestion-de-la-pandemie-espoir-malades-formes-graves-vaccin-crise-sanitaire-pfizer-paxlovid-guy-andre-pelouze). Les solutions sont là, elles fonctionnent plutôt bien, demandent du discernement donc discutez-en avec votre médecin.

Transmission

C’est le grand qui pro quo qui continue. Trois ans déjà, il faut rappeler que le virus ne circule pas motu proprio, il est transmis par un humain infecté. Cette transmission se fait d’humain à humain par l’air inspiré. Mais vous pouvez vous laver les mains (https://www.theatlantic.com/health/archive/2022/10/covid-pandemic-airborne-virus-transmission-hand-washing/671831/).  

Le Sars-CoV-2 sauvage est un virus très transmissible 

Ses variants le sont plus. Il convient d’agir très tôt et très fort sur la transmission. Comme les transports en commun exception faite de l’avion sont des nids de transmission chacun a la possibilité de se protéger 

  • par le port d’un masque FFP2 bien ajusté (70% d’efficacité pendant 4-6 heures, 40% pour le masque chirurgical)

  • en s’éloignant ou en fermant les bouches de la ventilation non filtrée des trains, des bus et même des voitures si vous êtes avec des inconnus et en aérant malgré le froid lors des arrêts

  • En choisissant un autre mode de transport

Les vecteurs humains les plus redoutables de cette transmission sont les personnes qui ont de nombreux contacts sociaux, sont asymptomatiques quand elles sont infectées et vivent avec des personnes à risque. Il n’est pas facile de résoudre cette équation mais c’est possible. Quoiqu’il en soit un minimum d’observance à l’échelle de la population produit des effets démultipliés et sauve des vies.
Les salles d’attente sont les autres nids de transmission. Il est terriblement décevant de constater l’échec pédagogique comportemental dans ce domaine. Porter un masque dans une salle d’attente pendant une pandémie aurait pu devenir un consensus social, après tout c’est un des endroits les plus contaminants surtout si c’est la salle des urgences d’un hôpital. Ce n’est pas le cas. Pire la violence (qui en général résulte de la constatation par les auteurs d’une immense impunité) est devenue régulière quand un agent administratif exige le port du masque de manière appropriée. Le résultat est une démission devant la bêtise.

La responsabilité des transporteurs de personne doit être engagée puisque nous sommes hors urgence sanitaire

Dans ce contexte, les transporteurs de personnes ont au moins une obligation de moyens. Celui qui est positif à la Covid-19 et qui monte dans un train, un métro, un bus, un bla-bla car sans masque va faire des dégâts… Il est assez simple d’exiger le port du masque pendant le transport dès l’entrée en gare. Au lieu de cela nous avons discutaillé pendant les semaines où les mesures anti-transmission sont très efficaces c'est-à-dire au début d’une résurgence virale pour constater qu’une fois de plus nous sommes en retard. C’est regrettable et nous le savons. Après c’est trop tard. C’est une croissance exponentielle.

Filtrer l’air

C’est un moyen préventif de la transmission mais aussi une possibilité pléiotrope de diminuer l’impact des maladies transmises par l’air inspiré. Contre toute attente, peu de progrès ont été faits dans ce domaine de la transmission. Oui filtrer l'air même par un dispositif aussi rudimentaire qu'un masque non adhérent à la peau est efficace. C'est du bon sens et l’expérimentation l’a prouvé. Mais c’est rapidement insuffisant par exemple dans un open space avec des masques sollicités par les mouvements divers et des présences dépassant 3-4 heures. En revanche il s’agit d’investissements importants et le coût de fonctionnement est aussi élevé car avec des filtres plus puissants le moteur de la ventilation consomme plus. Pourtant dans ce domaine il ne faut pas négliger les gains de productivité liés à la moindre transmission des micro-organismes en général (grippe, Covid-19, autres viroses respiratoires, bactéries comme Haemophilus influenzae) et un air moins chargé en particules. Il est temps d’investir au lieu de tout miser sur le quoi qu’il en coûte en dépenses de fonctionnement (en gros les subventions de perte d’activité). 

Il y a pourtant des solutions. 

Par exemple pour améliorer un système existant (Tableau N°2). Il est possible de le moderniser. Si votre établissement ou votre résidence dispose d'un système de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC), faites-le évaluer par un professionnel expérimenté en CVC pour vous assurer qu'il fonctionne correctement et pour envisager des améliorations réalisables et appropriées (https://covid19.sccgov.org/sites/g/files/exjcpb766/files/Guidance-for-Ventilation-and-Air-Filtration.pdf).  

Les améliorations peuvent augmenter la circulation de l'air extérieur et éliminer la présence d'aérosols par filtration. Envisagez d'améliorer l'efficacité du filtre mécanique de votre système en le dotant de l'efficacité la plus élevée compatible avec le système de traitement de l'air et le support de filtre actuellement installé ; idéalement, l'efficacité du filtre devrait être MERV 13 ou supérieure. Veillez à inspecter régulièrement les systèmes de traitement de l'air et les filtres pour vous assurer qu'ils fonctionnent correctement et que les filtres sont correctement installés, entretenus et qu'ils respectent leur durée de vie. 

Tableau N°2: Ce tableau illustre les différents indices de filtration MERV, de 1 à 20. Voyez à quel point les filtres HEPA sont efficaces (zone ombrée en vert plus foncé) pour capturer efficacement les particules microscopiques en suspension dans l'air afin de garantir un espace intérieur sûr et sain pour les occupants (https://www.iso-aire.com/blog/what-is-a-merv-rating-and-how-does-it-compare-to-hepa).

Envisagez d'adopter ces protocoles supplémentaires de ventilation et de filtration de l'air en fonction de votre système :

- Augmentez le pourcentage d'air extérieur dans le système CVC, en ajustant ou en neutralisant les clapets de recirculation ("économiseurs").

- Essayez de maintenir l'humidité entre 40 et 60 %.

- Faites fonctionner les systèmes de traitement de l'air pendant de plus longues heures, y compris avant et après l'occupation de l'espace.

- Scellez les bords du filtre pour limiter le by-pass.

Dans ce domaine, les professionnels sont souvent peu au courant des possibilités d’amélioration ou de réglage. Les usagers, notamment en résidentiel, se soucient peu de l’entretien des systèmes. Il est urgent que nous puissions progresser dans la filtration de l’air, en particulier pour les nouveaux systèmes à installer. Des études de qualité doivent encore être conduites pour comparer les systèmes et leurs coûts de fonctionnement.

L’opposition aux vaccins, du doute légitime à l’obstination obscurantiste


La France est un pays où l’opposition aux vaccins est élevée. Le 7 ème commandement de l’étude Delphi stipule:

“Les professionnels et les autorités de la santé publique doivent combattre les fausses informations de manière proactive en s'appuyant sur des messages clairs, directs, adaptés à la culture et exempts de jargon scientifique inutile.” La réponse des autorités à l’opposition aux vaccins connaît depuis le début un succès mitigé. De même les innombrables polémiques et procès en manipulation instruits par les milieux conspirationnistes ont été faiblement combattus par les autorités qu’il s’agisse du gouvernement ou des milieux académiques. Pour que ce mouvement d’opposition aux vaccins perdure dans notre pays il faut qu’il se soit affranchi de tout esprit critique. Ensuite il faut qu’il puisse accéder aux médias ou bien en être et répéter sans cesse les mêmes affirmations qui après 3 ans de pandémie sont devenues des mensonges. Enfin il faut, dans l’establishment, des complices qui s’étouffent non par le port du masque mais à l’idée de reconnaître simplement “je me suis lourdement trompé”. C’est le cas sans ignorer d’autres causes. C’est pourquoi il faut répéter quelques évidences.

  1. Pour autant sommes nous maintenant dans une épidémie ni plus ni moins grave que la grippe? Le nombre de morts pour la grippe et pour la Covid sont éloquents. 594 morts de la grippe l'an dernier. 35088 de la Covid-19 cette année à ce jour. 3 épisodes de grippe et neuf de la Covid-19 en trois ans. À l’évidence, non, l’influenza n’est pas le coronavirus et nous le savons depuis 2003. 

  2. L’autre gros mensonge qu’on croyait évacué des cerveaux rationnels c’est "pardonnez moi mais le vaccin peut être dangereux". Encore une fois c'est une affirmation sans preuve car jamais un vaccin n'a été aussi surveillé et aussi analysé dans l’histoire des vaccins. Et le vaccin à ARN messager est le vaccin qui entraîne le MOINS d'effets secondaires graves de tous les vaccins contre la Covid-19. Tout en étant le plus efficace. Les Chinois en font l'expérience, les Indiens aussi, les autres vaccins outre les complications de thrombose sont beaucoup moins efficaces, ils immunisent moins de personnes après deux doses et l'immunité vaccinale dure moins longtemps. Autrement dit, ceux qui prônent les vaccins à l’ancienne comme le jambon ont fait une énorme erreur. Mais certains persistent, et ils ont voix dans les médias. En suivant les recommandations la vaccination par le vaccin ARN messager est sûre, efficace et grevée de rares effets secondaires d’évolution favorable spontanée ou après traitement.

  3. Il est faux d’affirmer, en le répétant, que “le vaccin n’empêche pas la transmission” (https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2788104). Les vaccinés transmettent moins le virus. Car ils sont moins infectés, sont infectés moins gravement et le portent moins longtemps dans ce cas. Ces données sont particulièrement importantes pour les soignants. Pour autant aucune thérapeutique n’est efficace à 100%! N’oublions jamais que les premiers vaccins à ARN messager comme ceux à virus modifié ont été conçus pour éviter la mort ou l’admission en soins critiques. C’est à dire qu’il est possible d’améliorer ces vaccins sur le plan de la transmission, de la durée de l’immunité vaccinale ou bien du spectre de coronavirus détruits par les anticorps neutralisants; c’est ce qui se passe dans les essais cliniques en cours. 

Pour les médecins impliqués dans la lutte contre cette pandémie, l’impression désespérante est bien que presque rien n’a été “appris” dans la population, que presque rien n’a été corrigé dans le système par les politiques et que chaque résurgence (il y aura d’autres variants) commence par la volonté d’une minorité de rejouer le match et de ruiner les progrès réalisés. Revenons à la recommandation princeps de cette étude: embarquer la société dans son ensemble pour diminuer le coût humain de la pandémie est bien le cœur de défense qui nous manque.

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