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Une citoyenne avec sa carte électorale lors d'une élection.
Une citoyenne avec sa carte électorale lors d'une élection.
©Fred TANNEAU / AFP

2022 à l’horizon

Les élections régionales et départementales du 20 et 27 juin prochains sont les ultimes scrutins avant l'élection présidentielle de 2022. La campagne électorale des élections régionales est très animée dans les Hauts-de-France avec Xavier Bertrand et Eric Dupond-Moretti ou bien encore en région PACA avec l'incertitude autour de Renaud Muselier face à la liste du Rassemblement National de Thierry Mariani.

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy

Xavier Dupuy est politiologue, spécialiste de l'opinion. Il s'exprime sous pseudonyme.

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Atlantico : Le PACA est dans le feu des projecteurs depuis que Renaud Muselier a lancé sa tragicomédie entre LREM et LR depuis quelques jours. Quel impact cela va-t-il avoir sur l’élection ?

Xavier Dupuy : Les premiers sondages viennent de le montrer. Comme c’était prévu, il y a un déplacement des électeurs de droite vers la liste conduite par Thierry Mariani. Ces électeurs n’ont pas d’autres solutions que de voter pour le Rassemblement National ou de ne pas aller voter du tout. Et n’oublions pas, si une liste LREM est déposée elle sera affaiblie plus que tout.

Dans ces élections « locales » une part du corps électoral s’exprime par rapport au climat national. Le climat n’a pas varié depuis les élections municipales et 32 % des électeurs souhaitent sanctionner le gouvernement alors qu’ils sont seulement 12 % à vouloir exprimer un soutien au gouvernement. On peut penser que parmi ces 32 % il y a des électeurs de droite… alors s'il y a une liste de droite qui peut laisser penser qu’elle n’est pas une liste d’opposition au pouvoir, elle risque de perdre des électeurs.

C’est ce que l’on observe en région PACA. Ces électeurs de droite qui étaient prêts à voter Renaud Muselier sont en train de partir. Ils ne veulent pas être assimilés à une liste qui de près ou de loin soutient le gouvernement. Il y a une partie du corps électoral qui va aller voter à cette élection pour sanctionner le gouvernement.

Des figures médiatiques comme Eric Dupond-Moretti ou Agnès Pannier-Runacher sont allées prêter main forte au candidat LREM dans les Hauts-de-France. Est-ce réellement utile ?

Pour commencer, il faut rappeler qu’à l’exception de Dupond-Moretti, Mme Pannier-Runacher ou Laurent Pietraszewski, ce sont des personnalités très peu connues.

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Dans les Hauts-de-France, la situation n’est pas la même que dans la région PACA. Plusieurs sondages prédisent que LREM n’est pas en position de pouvoir être présent au deuxième tour du scrutin, les estimations lui donnent autour de 10%. Alors si LREM finissait à moins de 10 %, elle naurait aucune influence sur le scrutin au deuxième tour.

En envoyant une personnalité médiatique de LREM telle que Dupond-Moretti, le parti veut pousser son score au-delà des 10 %. Il veut être assuré d’avoir un rôle à jouer entre les deux tours. S'il y arrive l’avocat pourrait alors se retirer au nom du Front Républicain sous l’égide de sa lutte contre le RN et appeler à voter Xavier Bertrand. Le discours qu’on entendra alors c’est que LREM fait passer ses divergences politiques après sa lutte contre le RN.

D’un autre côté, cela va permettre d’affaiblir Xavier Bertrand. Des électeurs de droite pourront dire qu’il a été élu grâce à LREM. Une partie des électeurs de droite ne supportent pas LREM et cela va être très facile pour le parti présidentiel de dire que Xavier Bertrand a été élu grâce à eux.

Comment se fait-il qu’il y ait un tel grand écart de sondages entre les élection nationales et Régionales ? 

Les Régionales sont déjà calamiteuses pour LREM par rapport aux candidatures qui ont été déposées. Pour ces élections départementales LREM est absente dans de nombreux départements et cantons. Elle n’a pas été en mesure de pouvoir présenter des binômes qui pouvaient se maintenir au deuxième tour. Elle a préféré renoncer à présenter des candidats car en terme d’affichage médiatique cela aurait été désastreux.

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Les électeurs ne mélangent pas les élections et cela se constate sur les taux de participation. Il est très difficile de tirer des enseignements d’élections locales par rapport à des élections nationales. Il ne faut pas oublier que jusqu’en 2015 la gauche détenait quasiment la majorité des pouvoirs locaux à l’exception des municipales mais en 2017 on se souvient du résultat. Si Thierry Mariani est élu à la tête de la région PACA ce n’est pas pour cela que Marine Le Pen sera présidente de la République. Il n’y a pas de mécanique.

Alors comment les résultats influeront sur la dynamique de la Présidentielle ?

Il y aura une influence sur des cas particuliers. Si l’on prend le cas de Xavier Bertrand, il s’est déclaré candidat à la Présidentielle en conditionnant sa candidature à sa réélection à la région. Dans le cas où il serait élu sans le soutien d’autres listes avec un score important cela va lui donner un « plus » pour le scrutin de 2022. Ce schéma est valable pour Valérie Pécresse ou Laurent Wauquiez. Les résultats auront une incidence sur les personnalités, mais pas sur les blocs politiques en tant que tel.

Les leaderships à droite se trouvent essentiellement sur des Présidents de région donc en fonction de leurs résultats cela peut avoir un impact dans l’opinion publique.

Concernant Marine Le Pen, si elle gagne des régions, cela peut lui donner une crédibilité supplémentaire pour sa candidature. On s’interroge sur sa capacité à gagner alors si elle gagne une ou deux régions, la population va se dire que le parti est capable de gagner.

Pour LREM, cela ne changera rien. Tout le monde sait que le parti n’a aucune chance de sortir vainqueur. Le parti n’existe pas, il y a Emmanuel Macron d’un côté et la République en Marche de l’autre. Il n’a pas réussi à s’implanter lors des élections municipales, il ne s’implantera pas aux élections départementales. Quant aux régionales, on ne voit pas quelle région elle pourrait gagner. 

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Quels pourraient être alors les surprises du scrutin ?

Les enjeux se situent sur les départements susceptibles de basculer d’un côté ou de l’autre des camps politiques. Maintenant que l’on voit les candidatures dans les différents départements, on peut estimer le nombre de département susceptibles de changer d’étiquette politique. Finalement, il ne sera pas aussi important que cela, il ne devrait pas dépasser la douzaine.

La surprise étant qu’il n’est pas impossible que certains départements deviennent ingouvernables du fait de l’émergence du Rassemblement National comme dans les Pyrénées-Orientales, le Tarn-et-Garonne voire même le Gard. Il est possible qu’ils soient sans majorité claire.

Combien de régions pourraient passer à gauche et à droite ?

Si on prend l’état des forces dans les régions actuelles, la droite est menacée dans la région PACA. Il y a une incertitude sur la région des Pays-de-la-Loire. Concernant la gauche, elle a deux régions sur lesquelles les résultats sont tangents : la région Centre et la région Bourgogne-Franche-Comté. Les autres régions ne devraient pas trop bouger.

Pour les départements, celui de l’Aisne pourrait se retrouver sans majorité, l’Ardèche pourrait passer à droite, les Côtes-d’Armor est un département que la droite peut perdre, le Gard est un département sans majorité où la situation peut perdurer. Dans le 62, la gauche pourrait garder la majorité, mais d’extrême justesse ou alors elle pourrait avoir une majorité relative du fait de la progression du RN. Le 82 pourrait lui aussi connaître une situation sans majorité, le RN pourrait faire sa rentrée au Conseil général avec un canton et le reste des forces politiques pourraient s’éparpiller. Enfin le 94 pourrait basculer de gauche à droite et le 93 est un département tenu par la gauche depuis toujours, mais la majorité pourrait se jouer à un siège près.

Propos reccueillis par Vincent Pons.

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