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Quelle est la part des biens que vous possédez qui ont été produits par des esclaves ? L’index des pays qui ont le plus recours au travail contraint
©Reuters

Les chaînes ne sont pas brisées partout

La société d'experts-conseils Verisk Maplecroft a publié le 12 août 2016 un rapport sur l'esclavagisme moderne, le Modern Slavery Index. Ce compte-rendu fait état d'un classement des pays où la pratique de cet esclavage contemporain est la plus probable.

L'esclavagisme est un concept qui nous paraît bien lointain, d'un autre siècle, d'un temps révolu. Mais la disparition des chaînes que les malheureux avaient habitude de porter n'atteste pas pour autant de l'extinction totale et définitive de ces pratiques. Selon l'ONG de lutte contre l'esclavage Walk Free, quelque 45,8 millions de personnes seraient en proie à un esclavage contemporain en 2016. Mais dans quels pays l'esclavagisme est-il le plus présent ? Le cabinet Verisk Maplecroft a publié le 12 août 2016 le Modern Slavery Index, un autre rapport sur le sujet, rapporte le site Quartz.

L'Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient particulièrement exposés

Les 198 pays étudiés ont été classés en quatre catégories selon la probabilité de la pratique de l'esclavage en leur sein : risque extrême, haut risque, moyen et faible risque. La première catégorie rassemble 13% des pays recensés, la deuxième 45%, la troisième 34% et enfin la quatrième 8%. Sur les plus hautes marches de ce triste podium, on retrouve pour la plupart des pays d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient. L'Irak ouvre le bal, avec 1,62% de la population qui se trouverait ainsi en situation d'esclavage moderne, estiment les auteurs du rapport. Le pays est suivi du Pakistan (1,61%), de la Somalie (1,57%), de l'Érythrée (1,43%), du Yémen (1,26%), de la Syrie (1,22%), de la République démocratique du Congo (1,21%), du Soudan (1,07%), du Soudan du Sud (0,77%) et de la Corée du Nord (0,45%). Voilà pour les dix premiers.

Facteurs déclencheurs

Les chercheurs ont conclu que ces situations d'esclavage prennent le plus souvent racine dans le cadre de circuits de production commandés par des multinationales, que l'on retrouve dans 115 des pays étudiés, soit 60% des pays au monde. On peut notamment prendre pour exemple les mines de la République démocratique du Congo, où les "creuseurs" (hommes, femmes et enfants, déplorait Amnesty International en janvier 2016) travaillent dans des conditions innommables pour une bouchée de pain. Tout ça pour trouver du cobalt, un composé essentiel des batteries lithium-ion que requièrent nos smartphones et appareils électriques en tout genre – nous en avions d'ailleurs parlé dans cet article. En Afrique, le constat est frappant : 80% des pays d'Afrique subsaharienne se trouvent dans les deux catégories les plus à risque. En revanche, les pays d'Amérique ou d'Eurasie sont plus épargnés par ce fléau.

Il existe d'autres facteurs de la prolifération de ces pratiques : les auteurs du rapport indiquent là les conflits armés, responsables d'une déstabilisation du pays, d'une forte hausse de la pauvreté et d'une corruption qui finit par gangréner le système. Le rapport pointe également du doigt les pays qui exportent le plus, tels que la Chine (23ème) ou l'Inde (15ème) et donnent lieu à des conditions de travail dégradées au profit de la productivité. Enfin, certains pays véhiculent encore des valeurs renvoyant au concept d'esclavagisme, alors même que celui-ci est interdit par la loi. C'est notamment le cas en Mauritanie, un pays qui, étonnamment, ne paraît pas dans les dix premières places de ce classement (le Global Slavery Index publié par l'ONG Walk Free classait le pays 7ème plus atteint par l'esclave, avec 1,06% de sa population qui y serait réduite). Dans ce pays, où se côtoie une majorité arabe-berbère et une minorité noire (les Haratines), l'esclavage a été officiellement aboli en 2007, après une première loi en 1981 qui n'a pas été suivie d'effets. Ce qui n'empêche ni les classes les plus riches (arabo-berbères pour la plupart) de perpétuer la "tradition" de l'esclavage (43 000 Mauritaniens sont esclaves en 2016) ni le gouvernement de jeter en prison ses plus féroces activistes anti-esclavagistes, tels que Biram Dah Abeid (voir le portrait qui lui est consacré dans les colonnes du Monde), président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (Ira), que vous pouvez entendre dans cette interview accordée sur le plateau de la journaliste Coumba Kane :

Enfin, quelques pays d'Afrique se distinguent pour leur determination à éradiquer toute forme d'esclavagisme. C'est notamment le cas du Botswana ou du Rwanda. Enfin, l'État insulaire de Sao Tomé-et-Principe est le seul pays d'Afrique à paraître dans la quatrième catégorie établie par le rapport, celle comportant les pays les moins menacés par l'esclavage. Toutefois, même la France n'est pas épargnée par l'esclavagisme rampant : comme le précisait Le Figaro dans un article publié le 10 mars 2016, les enfants forcés de mendier dans les rues ou de voler, ou encore les prostituées victimes de proxénètes (81% des infractions constatées en 2013), sont là des esclaves contemporains, qui ne disposent plus, par définition, de leur liberté de choisir. 

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